L'Allemagne paie le plus lourd tribut, avec au moins 156 décès, selon un nouveau bilan de la police dimanche. On déplore au moins 24 morts en Belgique dans ces inondations qui ont également causé des dégâts au Luxembourg ainsi qu'aux Pays-Bas.
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Dans le seul Land allemand de Rhénanie-Palatinat, la police locale a fait état de 110 morts dans un communiqué, contre 98 dans le bilan précédent. "Il est à craindre que d'autres victimes viennent s'ajouter", ont souligné les forces de l'ordre, parlant aussi d'au moins 670 personnes blessées dans cette seule zone.
"Nous devons présumer que nous allons trouver d'autres victimes", a prédit Carolin Weitzl, maire d'Erfstadt, non loin de Cologne, où un énorme glissement de terrain a emporté des terrains et des maisons.
Scènes de désolation
Les habitants qui ont pu se mettre à l'abri mercredi soir, lorsque les inondations ont débuté, regagnent progressivement leur domicile.
Des scènes de désolation les attendent: maisons défoncées, arbres arrachés, voitures retournées, routes et ponts effondrés, réseaux coupés.
Dans toutes les localités sinistrées, pompiers, protection civile, responsables communaux, militaires -certains au volant de chars- ont débuté le colossal travail de déblaiement et nettoyage des amas de débris boueux qui obstruent souvent les rues.
L'ampleur de la catastrophe commence seulement à apparaître. Il faut pomper l'eau, évaluer la solidité des bâtiments endommagés, dont certains devront être abattus, rétablir l'électricité, le gaz, le téléphone, héberger les personnes qui ont tout perdu.
Les perturbations des réseaux de communication, qui rendent de nombreuses personnes injoignables, compliquent tout chiffrage du nombre de disparus.
Si les pluies doivent cesser ce week-end sur les régions les plus touchées, les autorités restent sur le qui-vive. Dans le district de Heinsberg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un barrage sur la rivière Rour, un affluent de la Meuse, s'est rompu vendredi soir, conduisant à l'évacuation de 700 personnes.
Préjudice de plusieurs milliards d'euros
Le gouvernement a indiqué travailler à la mise en place d'un fond d'aides spéciales, alors que le préjudice devrait atteindre plusieurs milliards d'euros.
La solidarité s'organise aussi, avec des appels aux dons lancés dans tout le pays, des collectes locales, des soutiens financiers promis par de grandes entreprises, comme le constructeur automobile Volkswagen.
Les dégâts sont "si importants qu'ils nous occuperont pendant longtemps", a prévenu la dirigeante de Rhénanie-Palatinat, Malu Drayer, tandis que son homologue de Rhénanie du Nord-Westphalie, Armin Laschet, a parlé d'une "catastrophe d'ampleur historique".
Angela Merkel, de retour d'une visite aux Etats-Unis, se rendra dimanche sur les lieux des inondations qui ont dévasté l'ouest de l'Allemagne. La chancelière allemande ira dans le village de Schuld en Rhénanie-Palatinat, qualifié de "martyr" car tout ou presque y a été détruit par les crues.
afp/cab
Polémique et conséquences politiques
Armin Laschet, candidat favori à la succession de la chancelière allemande Angela Merkel, a été contraint samedi de présenter des excuses après avoir été filmé hilare lors d'une visite aux victimes des récentes inondations en Allemagne.
La polémique a pris d'autant plus d'ampleur qu'il est le responsable d'une des deux régions les plus affectées par la catastrophe, la Rhénanie du Nord-Westphalie.
Celui qui est aussi chef de file des chrétien-démocrates (CDU), parti d'Angela Merkel, pour les élections législatives du 26 septembre, a été pris d'hilarité pendant un discours d'hommage, prononcé par le président de la République Franck-Walter Steinmeier.
Situé derrière le chef de l'Etat, on le voit sur les images rire pendant près de 30 secondes, avec six personnes l'accompagnant.
Face à la polémique, Armin Laschet s'est excusé samedi soir sur Twitter: "Je regrette l'impression qu'a donnée une conversation. C'était inapproprié et j'en suis désolé", a-t-il déclaré.
Le parti conservateur CDU reste toujours en tête des intentions de vote pour les élections législatives, qui doivent nommer un successeur à Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005.
Les conservateurs sont à 30%, devant la candidate des Verts, Annalena Baerbock à 20%, et Olaf Scholz, candidat SPD (social démocrate) à 15%, selon un sondage publié en début de semaine par la chaîne ZDF.
La CDU est donnée favorite par les sondages mais la catastrophe naturelle des derniers jours a d'ores et déjà relancé le débat sur la lutte contre le changement climatique porté par les Verts, ses principaux rivaux en vue du scrutin.