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Le méga-barrage éthiopien contesté est prêt à produire de l'électricité

Image satellite du Grand Barrage de la Renaissance, prise en 2020. [AFP - Maxar Technologies]
Le méga-barrage éthiopien contesté est prêt à produire de l'électricité / Le Journal horaire / 33 sec. / le 19 juillet 2021
Le Grand Barrage de la Renaissance, source de discorde entre l'Ethiopie et ses voisins, est prêt à produire de l'électricité. Un responsable éthiopien l'a annoncé lundi, après le succès de la seconde phase de remplissage.

"Le premier remplissage a été effectué l'an dernier, le deuxième est aujourd'hui achevé et sera formellement annoncé aujourd'hui ou demain", a assuré à l'AFP ce responsable sous couvert d'anonymat. La quantité d'eau stockée dans le barrage est désormais suffisante pour assurer la production d'énergie, a-t-il ajouté.

En juillet 2020, l'Ethiopie avait annoncé avoir rempli son objectif de stocker 4,9 milliards de m3 d'eau et prévu une seconde phase à 13,5 milliards de m3.

Il y a désormais assez d'eau pour mettre en opération les deux premières des treize turbines du barrage, a ajouté le responsable éthiopien sans avancer de date précise pour le début de la production d'électricité.

Vives préoccupations au Soudan et en Egypte

Le Grand Barrage de la Renaissance (Gerd), d'une contenance totale de 74 milliards de m3 d'eau, a été construit depuis 2011 dans le nord-ouest du pays, près de la frontière avec le Soudan, sur le Nil bleu qui rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil.

Avec une capacité de production d'électricité de 5000 mégawatts, revue à la baisse par rapport aux 6500 initiaux, ce méga-barrage devrait devenir l'une des plus grandes retenues hydroélectriques d'Afrique.

Mais depuis le lancement du projet, il constitue une pomme de discorde entre l'Ethiopie, qui le juge indispensable au développement de ses infrastructures énergétiques, et le Soudan et l'Egypte, situés en aval et tous deux tributaires du Nil pour leurs ressources hydrauliques.

Diplomatie impuissante

Des discussions entamées sous l'égide de l'Union africaine (UA) n'ont pas permis aux trois pays de parvenir à un accord tripartite sur le remplissage du barrage et sur les modalités d'opérations des retenues d'eau.

Le Caire et Khartoum avaient demandé à Addis Abeba de surseoir au remplissage du barrage dans l'attente de la conclusion d'un accord.

Le Conseil de sécurité des Nations unies s'était saisi de l'affaire le 8 juillet pour négocier un accord, mais l'Ethiopie a diplomatiquement repoussé cette initiative en jugeant "regrettable de constater que l'avancement des négociations a été freiné et politisé".

afp/oang

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"Facteur d'unité" pour l'Ethiopie

L'achèvement du barrage est aussi une priorité politique pour le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, après des mois de guerre au Tigré, selon Costantinos Berhutesfa Costantinos, enseignant à l'université d'Addis Abeba.

"Il s'agit d'un facteur d'unité pour les Ethiopiens au milieu de tous ces conflits ethniques et il est donc important pour le pays et ses dirigeants d'achever le barrage conformément au calendrier prévu", selon lui.

>> Lire : La situation "effroyable" au Tigré sera discutée par l'UE lors de son sommet