Lors de consultations parlementaires contraignantes menées par le président Michel Aoun, Najib Mikati, 65 ans, a reçu l'appui de 72 parlementaires, tandis que 42 députés se sont abstenus de le nommer.
Sa désignation intervient après la récusation le 15 juillet de Saad Hariri, après neuf mois d'un bras de fer avec Michel Aoun sur la formation d'un gouvernement. Avant lui, Moustapha Adib, nommé après l'explosion au port de Beyrouth en août 2020, avait également échoué à former un gouvernement en raison des marchandages.
Saad Hariri et son groupe parlementaire ont approuvé la désignation de Najib Mikati, qui a également reçu l'aval du mouvement chiite armé Hezbollah, un allié de Michel Aoun et une force politique incontournable dans le pays.
Promesse d'un gouvernement d'ici un mois
Najib Mikati a déjà présidé deux cabinets en 2005 et 2011. Il devrait proposer une liste de ministres qui soit acceptée par les grands ténors d'une classe dirigeante inchangée depuis des décennies et accusée de corruption et d'incompétence par une grande partie de la population.
Najib Mikati a promis avant sa désignation de former un nouveau gouvernement dans un délai d'un mois, selon les médias locaux. Mais tout porte à croire que cela pourrait prendre bien plus de temps, alors que le pays est en proie à une crise classée parmi les pires dans le monde depuis 1850 par la Banque mondiale.
"Rien ne garantit que les éléments nécessaires à la formation d'un gouvernement soient réunis", a souligné le quotidien Al-Akhbar, citant des défis relatifs à la distribution des postes et des portefeuilles.
Une cote de popularité en berne
Najib Mikati possède une fortune estimée à 2,7 milliards de dollars selon le magazine Forbes. Il est perçu dans son pays comme l'un des symboles d'un pouvoir accusé de népotisme et ayant survécu à un soulèvement populaire inédit fin 2019.
Soupçonné en 2019 d'enrichissement illicite, Najib Mikati a une faible cote de popularité, y compris dans sa ville natale de Tripoli (nord). Dimanche soir, des dizaines de personnes ont manifesté devant sa résidence de Beyrouth, l'accusant de corruption et de népotisme.
Mais les chefs de partis le perçoivent comme un candidat consensuel capable de dénouer le blocage ayant entravé jusqu'ici la formation d'un gouvernement crédible susceptible de débloquer une aide internationale cruciale.
La communauté internationale, menée par la France -ancienne puissance mandataire-, s'était engagée en faveur d'une aide de plusieurs milliards de dollars, conditionnée à la mise en place d'un gouvernement capable de lutter contre la corruption.
afp/ther