"La situation actuelle est due à la brusque décision" de Washington, a déclaré Ashraf Ghani lors d'un discours au Parlement afghan, sur fond d'offensive tous azimuts des talibans.
Après avoir conquis de vastes zones rurales au cours des trois derniers mois à la faveur du retrait définitif des troupes étrangères, les insurgés ont resserré ces derniers jours leur étau sur trois grandes villes du pays (lire encadré).
Négociation avec les talibans pointée du doigt
Evoquant un processus de paix "importé", le chef de l'Etat a également accusé Washington d'avoir poussé à "la destruction de la République" et à la "légitimation" des talibans en négociant directement avec eux. Ces pourparlers, à Doha, avaient abouti début 2020 à un accord prévoyant le départ des troupes étrangères d'Afghanistan.
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Dans son discours, le président a affirmé avoir préparé un plan sur six mois visant à endiguer l'avancée des talibans, sans toutefois donner de détails. Un porte-parole des talibans a qualifié sur Twitter les propos d'Ashraf Ghani d'"absurdités".
Conquêtes territoriales minimisées
Les forces afghanes n'ont jusqu'ici opposé qu'une faible résistance à l'avancée des talibans et ne contrôlent plus pour l'essentiel que les principaux grands axes et les capitales provinciales.
Le gouvernement de Kaboul a jusqu'ici minimisé la valeur stratégique des conquêtes territoriales rurales des talibans. Mais la prise d'une ou plusieurs capitales provinciales pourraient porter un coup très dur à sa capacité à inverser la tendance sur le champ de bataille.
afp/oang
Les combats gagnent des villes
Les combats entre talibans et forces afghanes, jusqu'ici limités aux zones rurales, ont gagné trois grandes villes d'Afghanistan.
A Lashkar Gah, capitale de la province méridionale du Helmand, talibans et forces afghanes s'affrontent "rue par rue", a raconté par téléphone à l'AFP Badshah Khan, un habitant. "Chaque minute, l'aviation bombarde la ville.
A Hérat, "la situation sécuritaire empire chaque jour", déplore Agha Reza, un commerçant de la grande ville de l'ouest du pays, forte de 600'000 habitants, "assiégée par les talibans" et qui, craint-il, pourrait bien tomber entre leurs mains.
A Kandahar, grande ville du sud et berceau du mouvement taliban, s'entassent des milliers d'habitants des faubourgs, où les talibans harcèlent les forces afghanes depuis plusieurs semaines.
Washington prévoit d'accueillir des milliers de réfugiés supplémentaires
Les Etats-Unis, déjà engagés dans une course contre la montre pour évacuer des milliers d'interprètes afghans ayant travaillé pour l'armée américaine avant son retrait d'Afghanistan, ont annoncé lundi qu'ils allaient accueillir des milliers de réfugiés afghans supplémentaires en raison du regain du conflit.
"A la lumière de la hausse de la violence de la part des talibans, le gouvernement américain travaille pour fournir à certains Afghans, y compris ceux qui ont travaillé avec les Etats-Unis, l'opportunité de bénéficier des programmes de relocalisation pour réfugiés aux Etats-Unis", a déclaré le département d'Etat américain dans un communiqué.