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Des équipes spécialisées pour lutter contre les féminicides en France

A Bordeaux, des passants se recueillent devant le domicile de la victime, Sandra. P, tuee par son ex-compagnon le 7 juin 2021. [AFP - Stephane Duprat et Hans Lucas]
La France veut mieux lutter contre les féminicides en améliorant la prise en charge des plaintes dans les commissariats / La Matinale / 1 min. / le 3 août 2021
Le gouvernement français a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre les féminicides. Les derniers chiffres révélés lundi montrent que 18% des victimes en 2020 avaient déjà porté plainte.

La prise en charge dans les commissariats sera améliorée, promet le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Désormais, chaque commissariat ou brigade de gendarmerie devra se doter d’une ou d'un agent spécialisé dans les violences conjugales. Les plaintes devront faire l’objet d’un traitement prioritaire.

Un féminicide particulièrement atroce est devenu le symbole du dysfonctionnement dans l'accueil des victimes. Chahinez, 31 ans, brulée vive par son mari le 4 juin dernier, avait porté plainte auparavant. Une enquête interne a révélé que le policier qui l’avait prise en charge avait lui-même été condamné pour violences conjugales et attendait de passer en conseil de discipline.

Féminicides en baisse mais nombre de violences très élevé

Selon les chiffres de 2020, dans 18% des cas de féminicides, les victimes avaient, comme Chahinez, porté plainte, sans qu'un suivi approprié ne soit forcément mis en place. Si le chiffre de 102 féminicides est le plus bas depuis 15 ans en France, le nombre d'interventions pour violences intrafamiliales reste très élevé: 400'000 par an, soit 45 chaque heure. Gérald Darmanin note que les violences intrafamiliales "sont en train de devenir le premier motif d'intervention des policiers et gendarmes".

Une réorganisation au sein de la police

Pour assurer un meilleur suivi de ces situations, le ministre met l'accent sur la consigne donnée aux policiers et gendarmes de faire "un signalement au procureur". L'objectif est de transformer "100% des constatations (...) en plainte ou signalement". Les mains courantes sont en outre proscrites "définitivement".

Dès la fin août, un responsable national sera nommé auprès du Directeur général de la police nationale (DGPN), du Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) et du préfet de police "sur le modèle de ce qui existe en matière de terrorisme et de drogue".

En ce qui concerne les armes à feu, le ministre souhaite que le fichier des personnes mises en cause pour violences intraconjugales soit connecté à ceux des possesseurs d'armes et d'interdits de port, et que les forces de l'ordre les consultent "systématiquement". En effet, un tiers des femmes sont tuées par arme à feu en France. "Cela permettra de vérifier si quelqu'un qui est mis en cause pour de tels faits de violences est détenteur d'une arme et donc de la lui retirer, sans même le témoignage de sa conjointe", explique Gérald Darmanin.

Alexandre Habay/aps

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