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Le Kenya recense sa faune sauvage sur tout son territoire, une première

Des impalas dans le Lewa Wildlife Conservancy qui font partie des animaux recensés par le Kenya Wildlife Service, le 17 juillet 2021. [AFP - Tony Karumba]
Une première, le Kenya recense sa faune sauvage sur tout son territoire / Le Journal horaire / 23 sec. / le 5 août 2021
Le Kenya, connu pour ses parcs et ses safaris, mène actuellement par avion le premier recensement national de ses animaux. Les informations collectées permettront de construire une stratégie sur le long terme pour préserver la faune.

Des décennies de braconnage, l'extension de l'habitat humain ainsi que le réchauffement climatique ont durement touché la population mondiale d'animaux sauvages et le Kenya ne fait pas exception. L'éléphant d'Afrique a, par exemple, vu sa population chuter d'au moins 60% en 50 ans, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cet exercice, qui a démarré en mai, concerne plus de 50 parcs ou réserves nationales, ainsi que de nombreuses "conservancies", des zones sauvages gérées par des privés ou des communautés locales.

Nécessité d'une vision plus globale

Les pilotes du Kenya Wildlife Service (KWS, l'agence de protection de la faune) qui s'apprêtent à décoller d'Isiolo sont en première ligne d'une bataille aux enjeux immenses. "Les éléphants sont l'animal clé, mais lorsque vous parvenez à localiser [toute autre] espèce en danger, cela vous donne le sentiment que le recensement est sur la bonne voie", explique à l'AFP le pilote Chris Cheruiyot. Appareil photo et dictaphone autour du cou, ce dernier passera les prochaines heures à compter girafes somali, zèbres de Grévy et autres oryx.

La plupart des données concernant la faune sauvage au Kenya proviennent d'ONG locales ou internationales et ne fournissent qu'une vision parcellaire. De plus, former les recenseurs est souvent très long et très cher. Ce premier recensement kényan est donc crucial car les informations collectées permettront notamment de construire une stratégie sur le long terme pour préserver la faune.

Des animaux sauvages en conflit avec les humains

Le processus permet également de mieux comprendre les comportements des animaux. Dans un hôtel d'Isiolo, une équipe écoute attentivement les enregistrements effectués sur les dictaphones, qui retracent ces informations. Fred Omengo, scientifique à KWS, souligne que la plupart des animaux sont ainsi vus près de points d'eau proches d'habitations humaines, signe que les êtres humains grignotent les espaces sauvages. Ces données sont "très inquiétantes" pour ce scientifique.

"Les animaux domestiques et sauvages sont en compétition pour le peu [de nourriture] qui est disponible. Dans la plupart des cas, les animaux domestiques auront le dernier mot", explique l'expert. De plus, cette proximité favorise les conflits humains-animaux. Près de 500 personnes ont été attaquées ou tuées par des animaux sauvages entre 2014 et 2017, indique un rapport de décembre 2019 de KWS.

Nous avons empiété sur des zones où nous ne sommes jamais allés avant (...). Cela signifie que dans 10 ans, nous n'aurons probablement plus de faune sauvage en dehors des zones protégées

Robert Obrein, un responsable de Kenya Wildlife Service (KWS)

Une menace qui ne devrait que croître, affirment les experts. "Tous les corridors de la faune sauvage ont été fermés par les humains et maintenant, les éléphants vont vouloir de l'eau, savoir où elle se trouve, mais ne pas pouvoir y aller", affirme Robert Obrein, un responsable de KWS pour la région d'Isiolo.

"Nous avons empiété sur des zones où nous ne sommes jamais allés avant, et les chiffres augmentent. Cela signifie que dans 10 ans, nous n'aurons probablement plus de faune sauvage en dehors des zones protégées."

afp/aps

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