"L'offensive militaire des talibans est en contradiction directe avec leur engagement à un règlement négocié du conflit et au processus de paix de Doha", indique un communiqué conjoint du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell et du commissaire européen chargé de la gestion des crises Janez Lenarcic.
L'UE a condamné en particulier l'attaque menée récemment contre les bureaux de la Mission de l'ONU (Unama) dans la province de Herat, l'offensive à Lashkar Gah qui a causé la mort d'au moins 40 civils et l'attentat qui a visé mardi le ministre afghan de la Défense Bismillah Mohammadi, faisant huit morts.
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"Cette violence insensée inflige d'immenses souffrances aux citoyens afghans et accroît le nombre de personnes déplacées dans le pays, à la recherche de sécurité et d'un abri", poursuit le texte.
Violations des droits humains
Le communiqué souligne aussi que les zones contrôlées par les talibans sont le théâtre de violations des droits humains "telles que des exécutions arbitraires et extrajudiciaires de civils, des flagellations publiques de femmes, ainsi que la destruction d'infrastructures".
"Certains de ces actes pourraient constituer des crimes de guerre et devront faire l'objet d'une enquête. Les combattants ou commandants talibans responsables devront rendre des comptes", conclut le texte.
Nouvelles attaques annoncées
Les talibans ont annoncé mercredi qu'ils allaient lancer de nouvelles attaques contre des responsables du gouvernement afghan, tout en continuant de combattre pour le contrôle de plusieurs grandes villes assiégées.
Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux et de postes-frontières clés lors d'une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d'ici le 31 août.
afp/jfe
La Suisse maintient ses rapatriements
L'Afghanistan a demandé début juillet à la Suisse de reporter de trois mois les rapatriements de requérants d'asile déboutés en raison de l'avancée des talibans et du Covid-19.
La Suisse maintient toutefois ses renvois vers ce pays, a annoncé jeudi le Secrétariat d'État aux migrations (SEM). La demande de l'Afghanistan de surseoir aux renvois jusqu'en octobre a également été envoyée aux Etats membres de l'UE et à d'autres pays européens.
Pas de restrictions d'entrée
Le SEM constate toutefois que les autorités afghanes n'ont pas imposé de restrictions générales à l'entrée sur leur territoire. Les ressortissants afghans peuvent donc continuer à rentrer volontairement, conclut Berne. Les personnes qui n'ont plus de statut de séjour régulier en Suisse et qui doivent quitter le pays peuvent continuer à se conformer à cette obligation et quitter la Suisse de manière autonome.
"Le SEM est conscient de la situation tendue en Afghanistan", précise-t-il. Aussi, l'exécution d'un renvoi forcé n'est donc actuellement "raisonnable que dans des circonstances individuelles particulièrement favorables". En outre, les rapatriements ne sont raisonnables que vers les trois villes contrôlées par le gouvernement, à savoir Kaboul, Herat et Mazar-i-Sharif.
Le SEM n'a pas prévu de rapatriements vers l'Afghanistan dans les semaines à venir. Selon lui, la dernière expulsion vers le pays a eu lieu en 2019 (6 renvois), soit avant la pandémie de coronavirus. Auparavant, la Suisse a procédé à 11 renvois forcés en 2017 et aucun en 2018.