Les talibans ont pénétré vendredi à Zaranj, capitale de la province de Nimroz, dans le sud-ouest de l'Afghanistan, sans rencontrer "aucune résistance", a déclaré à l'AFP Roh Gul Khairzad, la gouverneure adjointe de la province.
Petite ville située à la frontière avec l'Iran, Zaranj vaut surtout pour son importance économique et sa prise permet aux insurgés de contrôler une nouvelle partie des frontières afghanes.
Samedi, les talibans ont pris la ville de Sherberghan (nord-ouest), dans la province de Jawzjan.
Il s'agit pour les talibans de victoires très symboliques qui pourraient avoir un effet psychologique dévastateur pour l'armée afghane, dont le moral est déjà au plus bas.
Offensive éclair
Les talibans avaient déjà mis la main sur plusieurs postes-frontières clés, avec l'Iran, le Tadjikistan, le Turkménistan et le Pakistan, qui sont une source vitale de revenus, tirés des droits de douane, pour ce pays enclavé.
Le président tadjik Emomali Rakhmon a affirmé vendredi qu'ils contrôlaient la totalité de la frontière entre l'Afghanistan et le Tadjikistan, soit près de 1300 km, lors d'un sommet réunissant les chefs d'Etat des cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.
Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux lors d'une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d'ici le 31 août.
Le Royaume-Uni inquiet
Après avoir rencontré une faible résistance dans les campagnes, ils dirigent depuis quelques jours leurs offensives sur les grandes villes, encerclant plusieurs capitales provinciales.
Le Royaume-Uni a appelé vendredi tous ses ressortissants à quitter immédiatement l'Afghanistan au vu d'une "situation sécuritaire qui empire".
"Il est conseillé à tous les ressortissants britanniques en Afghanistan de partir dès maintenant via des moyens (de transport) commerciaux", a indiqué le ministère britannique des Affaires étrangères sur son site internet, déconseillant tout voyage en Afghanistan et prévenant qu'il n'était en mesure de fournir qu'une assistance "extrêmement limitée".
afp/gma
Enjeu de stabilité pour la Chine
Alors que les talibans progressent en Afghanistan depuis l'annonce du retrait des Etats-Unis, le retrait des ultimes forces étrangères fin août suscite l’intérêt d’une autre grande puissance, la Chine. Celle-ci avance déjà ses pions. Mercredi, le numéro deux des talibans Abdul Ghani Baradar a été accueilli avec les honneurs à Tianjin par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Pour Thierry Kellner, enseignant au département de Science politique de l'Université Libre de Bruxelles et spécialiste de la politique étrangère chinoise, cette rencontre indique que la Chine s'inquiète de la situation en Afghanistan. La Chine est intéressée par la protection de ses frontières, et donc par la stabilité de l'ensemble de l'Asie centrale, et notamment le Pakistan", où elle a de grands intérêts économiques, explique-t-il samedi dans Forum.
En outre, la Chine considère qu'elle est visée par le djihadisme international, en lien notamment avec sa communauté musulmane ouïghoure. Ainsi, le calcul fait par Pékin, estime Thierry Kellner, "c'est qu'en se rapprochant des talibans, la Chine pourrait obtenir un engagement pour que le territoire afghan ne serve pas de base arrière ou de refuge au djihadisme international, et particulièrement à des mouvements djihadistes ouïghours".