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L'Angleterre manque de chauffeurs, les rayons de supermarchés se vident

Des rayons de supermarché sont quasiment vides à Londres. [AFP - Justin Tallis]
Reportage à Londres où les rayons de supermarchés sont presque vides / Le 12h30 / 1 min. / le 7 août 2021
Entre l'exode d'Européens avec le Brexit et le choc de la pandémie de Covid-19, le Royaume-Uni fait face à une pénurie inédite de chauffeurs routiers, menaçant pour de longs mois les livraisons, y compris dans les supermarchés.

L'association de transporteurs RHA (Road Haulage Association) estime le besoin actuel à environ 100'000 chauffeurs de camions. La profession compte au total près de 300'000 conducteurs, qu'ils soient Britanniques ou étrangers.

Signe des tensions, le géant danois du transport de produits laitiers Arla, qui fournit les grandes chaînes de supermarchés britanniques, a choisi de réduire ses livraisons. Il évoquait auprès de la BBC récemment une véritable "crise" qui prive certains consommateurs de lait frais.

"Nous sommes résignés à avoir des manques dans les rayons", prévenait cette semaine dans le quotidien The Guardian Shane Brennan, patron de la fédération des entreprises de la chaîne du froid.

Cas contact

"Il n'y a pas encore de pénuries dans les magasins mais nous n'en sommes pas très loin", tempère auprès de l'AFP Alex Veitch, un responsable de l'association des professionnels de la logistique Logistics UK.

Pour expliquer la pénurie de chauffeurs, des facteurs temporaires jouent comme les congés d'été ou la "pingdemic" (jeu de mot entre "notification" et "pandémie") qui contraint des travailleurs à s'isoler car identifiés comme cas contact du virus par l'application du système de santé public.

La crise sanitaire et les confinements ont en outre gelé les tests pour passer le permis poids lourds, ce qui a privé le pays d'au moins 20'000 chauffeurs britanniques, selon Logistics UK.

Sortie de l'UE

Les professionnels avertissent aussi d'un problème plus profond, déclenché par la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Depuis longtemps, le secteur peine à attirer des jeunes, si bien que l'âge moyen des livreurs avant la pandémie était de 50 ans. Le manque de bras était alors "comblé par les Européens", souligne Alex Veitch.

Sur les six premiers mois de 2020, 12'000 chauffeurs européens ont purement et simplement quitté le pays.

afp/gma

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