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Jean Jouzel: "On n'est pas assez rapide par rapport à l'urgence climatique"

Jean Jouzel, paléoclimatologue et ancien vice-président du GIEC (vidéo)
Jean Jouzel, paléoclimatologue et ancien vice-président du GIEC (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 10 août 2021
Invité mardi dans La Matinale, Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du GIEC et membre de l'Académie française des sciences, juge que le monde ne va pas assez vite pour faire face aux conséquences du changement climatique.

Pour Jean Jouzel, le rapport alarmant publié lundi par le GIEC montre qu'il faut atteindre une neutralité carbone vers 2025. "Nous voyons que nous n'en prenons pas le chemin. Il faudrait que les émissions diminuent de quelques pour cent chaque année, mais ce n'est pas le cas, elles augmentent", constate le climatologue.

Et cela va encore s'amplifier à la sortie de pandémie due au Covid-19, déplore-t-il.

>> Relire : Le réchauffement climatique s'accélère, alerte le GIEC dans un rapport choc

Des discours loin de la réalité

Plusieurs pays (130 au total) ont affiché l'objectif ambitieux d'atteindre une neutralité carbone. Mais pour l'ancien vice-président du GIEC, il y a "un fossé entre les discours des gouvernements et la réalité. Les émissions continuent à augmenter à l'échelle planétaire. On n'est pas assez rapide par rapport à l'urgence climatique".

"Les pays ne respectent pas leurs engagements, c'est-à-dire qu'ils se fixent des objectifs mais ils ne se mettent pas sur les trajectoires qui permettent de les atteindre", explique Jean Jouzel.

Chacun de nous est concerné. Quand on parle de gaz à effet de serre, il s'agit de se déplacer, de se nourrir ou encore de se loger. C'est donc aussi à la société de changer.

Jean Jouzel, climatologue et ancien vice-président du GIEC

Pour lui, toute la société doit changer. Cela passe évidemment par l'Etat, mais aussi par les individus, les entreprises, le système éducatif, les ONG ou encore les élus locaux et régionaux.

"Chacun de nous est concerné. Quand on parle de gaz à effet de serre, il s'agit de se déplacer, de se nourrir ou encore de se loger. C'est donc aussi à la société de changer."

"Un manque de solidarité internationale"

"Ce qu'il nous manque le plus à l'échelle planétaire, c'est la solidarité internationale, entre les pays, entre les générations, entre les secteurs d'activités", exprime Jean Jouzel. Le premier risque du réchauffement climatique est l'accroissement des inégalités. Dans beaucoup de pays, les conséquences du réchauffement climatique touchent "les couches de la population les plus modestes", explique le climatologue.

Selon lui, la crise climatique montre que "le fonctionnement même de notre société est le problème. Ce n'est pas simplement un problème environnemental, c'est aussi social, économique et culturel".

La tâche paraît colossale, reconnaît Jean Jouzel, mais elle reste techniquement possible selon lui. "Il faut se dire que cette transition est indispensable. Les jeunes d'aujourd'hui ne peuvent pas accepter des degrés de plus. On voit que le degré pris depuis une centaine d'années s'accompagne d'un dérèglement climatique extrêmement dommageable. Imaginez 4 degrés de plus! On ne peut pas jouer avec le feu", termine le climatologue.

>> Quel impact le dernier rapport du Giec aura sur l'économie? Interview dans Tout un monde :

Marie Owens Thomsen, analyste financière. [IHEID]IHEID
Quel impact du dernier rapport du GIEC sur l’économie? Interview de Marie Owens Thomsen / Tout un monde / 10 min. / le 10 août 2021

Propos recueillis par Agathe Birden

Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva

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