La population d'Eubée voit "le soleil pour la première fois", mais la situation reste tendue
"Hier (mardi), nous avons vu le soleil pour la première fois depuis des jours", a assuré Yiannis Kontzias, le maire de la ville d'Istiaia, sur l'île d'Eubée, menacée par le brasier pendant des jours. "Je pense que nous pouvons dire que nous sommes en train de prendre lentement le contrôle sur le front des incendies" d'Eubée, a-t-il déclaré à la télévision publique ERT.
La situation est toutefois loin d'être maîtrisée sur l'ensemble de l'île, comme dans le village de Gouves, où se trouve l'envoyé spécial de la RTS Benjamin Luis. Il a fait état d'une reprise des feux mercredi dans l'après-midi.
La péninsule du Péloponnèse en proie aux flammes
Le Péloponnèse (au sud de la Grèce) a également rejoint la liste des régions ravagées par des incendies. Selon Christos Lambropoulos, gouverneur adjoint de la région d'Arcadie en partie embrasée, les secours concentrent leurs efforts pour éviter que le feu n'atteigne le mont Ménale, surmonté d'une épaisse forêt.
Dans la région de Gortynie, une vingtaine de villages ont été évacués devant l'avancée des flammes. Près de 580 pompiers bataillent jour et nuit contre le feu, équipés de 181 véhicules. Devant l'ampleur de la catastrophe qui a débuté le 27 juillet, de nombreux pays, notamment européens, ont envoyé plus de 1200 renforts, des véhicules et du matériel.
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"L'écosystème dans son intégralité est détruit"
Ces violents incendies ont entraîné la mort de trois personnes et la fuite de milliers d'habitants de plusieurs régions. Au total, 90'000 hectares ont brûlé depuis le 29 juillet, selon le Système européen d'information sur les feux de forêts (EFFIS). En seulement huit jours, 586 feux ont été dénombrés en Grèce, attisés par la pire canicule en trois décennies dans un pays méditerranéen pourtant coutumier des fortes chaleurs estivales, selon le vice-ministre de la Protection civile Nikos Hardalias.
Le bilan environnemental est catastrophique. A Eubée, "l'écosystème dans son intégralité est détruit", s'est alarmé un responsable de la Croix-Rouge, Dimitris Haliotis. Le colonel Frédéric Gosse, l'un des pompiers français venus en aide, déplore le "cocktail maudit" qui a provoqué ces incendies: "Des températures bien supérieures à 40 degrés, plusieurs mois sans pluie et des vents violents".
Les experts relient sans équivoque cette vague caniculaire au changement climatique. Un rapport préliminaire de l'ONU qualifie le pourtour méditerranéen de "point chaud du changement climatique". Face à cette "catastrophe naturelle aux proportions sans précédent", le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a annoncé le déblocage d'aides de 500 millions d'euros.
afp/aps
Les flammes attisent la colère de la population grecque
Des responsables politiques et des habitants se sentent abandonnés à leur sort et leur colère ne cesse de croître. Des voix s'élèvent pour demander la démission de hauts fonctionnaires responsables des secours qui, en juin, assuraient encore que le pays était bien préparé à un tel fléau. Kyriakos Mitsotakis a même demandé pardon aux Grecs pour les "possibles erreurs" commises alors que s'est engagé un vaste mouvement de solidarité de la population avec la collecte de vêtements et l'envoi de vivres aux victimes.
Outre la destruction de centaines d'habitations et un coup dur aux forêts grecques, l'économie d'Eubée est sinistrée. "Nous avons perdu le mois d'août, qui aurait soutenu les gens pour l'année à venir", s'est alarmé le maire de la ville d'Istiaia Yiannis Kontzias.
Le président de la fédération locale des hôteliers Theodoros Roumeliotis a déploré une chute vertigineuse de 90% des réservations dans la station balnéaire d'Aidipsos, qui fait d'ordinaire le plein en cette période. Dans un secteur déjà lourdement affecté par la pandémie de Covid-19, "c'est une perte colossale", a-t-il ajouté.