Le gouvernement Biden a "livré, comme c'était prévisible, un pays entier aux terroristes", a tonné vendredi le chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy.
Même s'il reconnaît à demi-mot que le retrait avait été lancé par l'ancien président américain Donald Trump après vingt ans de guerre, ce dernier accuse le démocrate d'avoir précipité la crise en "bâclant" cette opération.
La veille, son homologue au Sénat Mitch McConnell avait aussi fustigé un "désastre prévisible", en l'appelant à soutenir l'armée afghane face aux talibans avec, en premier lieu, un appui aérien. L'ex-président républicain s'est lui fendu d'un communiqué vendredi pour dénoncer "un chaos tragique".
Les critiques pleuvent
Signe de l'ampleur de la crise, les critiques pleuvent aussi du côté de médias généralistes d'ordinaire plus bienveillants avec Joe Biden, même si les voix les plus féroces viennent du côté républicain. "La probabilité que les talibans prennent complètement le contrôle et dirigent le pays en entier est très improbable": sur CNN, les images de cette déclaration présidentielle datant du début juillet tournent en boucle.
"Les vies afghanes détruites ou perdues resteront inscrites dans l'héritage" politique du démocrate, a asséné le Washington Post dans un éditorial jeudi.
Andrew Wilder, un expert sur l'Afghanistan membre du centre de réflexion "US Institute of Peace", confiait à des journalistes vendredi avoir été, comme beaucoup, "surpris par la vitesse à laquelle la situation a changé" dans ce pays. Il a déploré un retrait qui ne serait ni "structuré ou responsable".
"Il est difficile de ne pas conclure que ce n'est pas le retrait américain, mais plutôt la façon dont nous nous sommes retirés, qui a joué un rôle crucial dans tout cela."
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Un décision de Donald Trump
C'est sous Donald Trump que les Etats-Unis avaient, le 29 février 2020, signé un accord avec les talibans dans lequel Washington s'engageait à retirer l'ensemble des forces américaines d'Afghanistan avant le 1er mai 2021. En avril, Joe Biden avait confirmé le retrait militaire total, en repoussant initialement la date au 11 septembre, puis au 31 août.
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Connu pour son empathie, le républicain montre sur ce volet une distance remarquée. Mardi, il avait affirmé ne pas regretter sa décision, en rappelant le coût de cette longue guerre: plus de 1000 milliards de dollars en vingt ans et près de 2500 militaires américains morts.
Les Afghans "doivent avoir la volonté de se battre" pour eux-mêmes, avait-il martelé. Celui qui dit garder avec lui en permanence une feuille où est inscrit le nombre de militaires américains morts en Afghanistan et en Irak aime aussi à rappeler qu'il est le "premier président depuis 40 ans à savoir ce que c'est d'avoir un enfant qui sert en zone de guerre". Son fils Beau Biden, décédé d'un cancer en 2015, avait été envoyé en Irak.
afp/lan
L'ambassade américaine à Kaboul commence à détruire des documents
Alors que les talibans poursuivent leur assaut-éclair en Afghanistan, l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul a ordonné la destruction des documents sensibles et des symboles américains. Après la prise de nouvelles villes, les insurgés ne sont qu'à 50 km de la capitale.
Dans une note de service, un responsable de l'ambassade a indiqué vendredi au personnel où se trouvent l'incinérateur de l'ambassade ainsi que les autres équipements de destruction de documents. "Merci d'inclure les articles portant le logo de l'ambassade ou du ministère, les drapeaux américains et les autres articles qui pourraient être utilisés à des fins de propagande", précise la note.
L'Otan soutiendra "autant que possible" le gouvernement afghan
L'Otan soutiendra le gouvernement afghan "autant que possible" et "adaptera" sa présence diplomatique, a annoncé vendredi son secrétaire général, Jens Stoltenberg. Il a fait ces déclarations à l'issue d'une réunion avec les ambassadeurs de l'Alliance à Bruxelles, après la décision de Washington et de Londres d'évacuer l'Afghanistan.
"C'est le Vietnam dans tous ses aspects", a confié le représentant d'un Etat membre de l'Otan, faisant allusion au spectre de la chute de Saïgon en 1975. "La situation est catastrophique", a commenté un autre.
La réunion a été convoquée par Jens Stoltenberg après la décision des Etats-Unis d'évacuer leurs diplomates et leurs autres ressortissants d'Afghanistan. Mais aucune décision n'a été prise. La communication du secrétaire général vise à éviter le sentiment d'un "sauve-qui-peut", a expliqué l'un des participants.