L'Italie commémore ce samedi les 43 victimes du pont Morandi, un viaduc de 1,1 kilomètre qui traversait Gênes et qui s'est soudainement effondré. Ce pont, qui permettait à de nombreux touristes de descendre vers les plages italiennes, a depuis lors été reconstruit, mais le traumatisme demeure très présent.
L'enquête judiciaire a montré de graves défaillances dans l'entretien du pont. Et plus généralement, cette tragédie a mis en lumière le mauvais état des routes, ponts et voies ferrées et un déficit chronique concernant l'entretien du système autoroutier italien.
Plus de 800 chantiers en cours sur le réseau autoroutier
Trois ans après l'accident, des mesures ont finalement été prises pour assurer une meilleure sécurité. La tragédie de Gênes a en quelque sorte réveillé les autorités italiennes. Après plusieurs décennies durant lesquelles on a économisé sur la manutention des infrastructures et la surveillance du réseau, des contrôles ont été systématiquement effectués et des travaux d'entretien ont démarré.
Entre galeries, viaducs et ponts, on recense aujourd'hui environ 800 chantiers en cours sur le réseau autoroutier italien, et notamment en Ligurie, la région autour de Gênes qui abrite des dizaines de ponts autoroutiers.
Des travaux sont en cours sur un nombre considérable de ponts et tunnels, qui étaient considérés comme problématiques. La remise en état complète du système autoroutier pourrait toutefois prendre plusieurs années, mais c'est le prix de la sécurité.
En attendant, les automobilistes doivent se montrer patients, notamment en Ligurie, car les embouteillages sont la règle. Et cela vaut particulièrement pour ce mois d'août, car en raison du Covid, 80% des vacanciers italiens ont décidé de prendre leur voiture pour se déplacer, tout comme de nombreux touristes européens d'ailleurs.
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Début des audiences le 15 octobre
Le volet judiciaire de ce drame va également débuter prochainement. L'audience préliminaire concernant l'éventuel renvoi en justice de 59 personnes visées par l'enquête débutera le 15 octobre prochain. Les audiences devraient se dérouler jusqu'en décembre.
Les 59 personnes mises en cause sont pour la plupart d'entre elles des cadres et des techniciens de deux filiales d'Atlantia, le groupe gestionnaire du viaduc qui, à l'époque, était contrôlé par la famille Benetton. Giovanni Castelluci, l'ancien directeur général d'Atlantia, figure parmi les personnes mises sous enquête ainsi que des fonctionnaires du ministère des Infrastructures.
Les conclusions de l'enquête sur la tragédie, publiées fin avril, sont accablantes pour ces responsables. "Entre l'inauguration en 1967 et l'effondrement - donc 51 ans -, il n'a pas été procédé aux interventions de maintenance minimales pour renforcer les haubans du pilier numéro 9", qui s'est affaissé le jour du drame, ont constaté les magistrats chargés de l'enquête. Et ce alors que de graves lacunes sécuritaires avaient auparavant été constatées.
Les 59 accusés sont ainsi poursuivis pour homicide involontaire, atteinte à la sécurité des transports et divers délits de négligence.
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Sujet radio: Eric Joszef
Adaptation web: Frédéric Boillat