"La remobilisation de nos forces de sécurité et de défense est notre priorité numéro un et d'importantes mesures sont prises à cet effet", a déclaré Ashraf Ghani dans une adresse télévisée à la Nation.
Le chef de l'Etat n'a fait aucune allusion à une possible démission, réclamée par certaines personnes. Mais il a précisé avoir commencé des "consultations" au sein du gouvernement, avec des responsables politiques et les partenaires internationaux, pour trouver "une solution politique dans laquelle la paix et la stabilité" soient préservées.
"Ces consultations avancent rapidement et nous ferons part de leur résultat à nos compatriotes très vite", a-t-il ajouté.
Les talibans à 50 km de la capitale
La situation militaire est critique pour le pouvoir en place. En à peine plus d'une semaine, les talibans ont pris le contrôle de presque tout le nord, l'ouest et le sud de l'Afghanistan et sont arrivés aux portes de Kaboul.
Ils ne sont plus qu'à cinquante kilomètres de la capitale et ne montrent aucun signe de vouloir ralentir leur marche. Samedi, ils ont pris la province de Kunar, dans l'est du pays, et pourraient bientôt approcher de Kaboul par le nord, le sud et l'est.
Après de violents combats, les insurgés se sont aussi emparés samedi de Mazar-i-Sharif, dernière grande ville du nord du pays qui était encore contrôlée par le gouvernement.
Outre Kaboul, Jalalabad (est), Gardez et Khost (sud-est) sont les seules autres grandes villes encore contrôlées par le gouvernement. Kunduz, Hérat et Kandahar sont notamment tombées aux mains des talibans.
Peur dans la capitale
Dans la population de Kaboul, et les dizaines de milliers de personnes qui ont fui leur foyer ces dernières semaines pour se réfugier dans la capitale, la peur prédomine.
Les rues de la capitale étaient normalement animées samedi, mais de longues queues pouvaient aussi être observées à la sortie des banques. Certains hommes ont indiqué avoir commencé de se laisser pousser la barbe, en prévision d'une arrivée prochaine des talibans dans la ville.
Beaucoup de personnes afghanes – les femmes en particulier – habituées à la liberté qu'elles ont connue ces vingt dernières années, craignent un retour au pouvoir des talibans.
Lorsqu'ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001, avant d'être chassés du pouvoir par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, les talibans avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes avaient interdiction de sortir sans un chaperon masculin et de travailler, et les filles d'aller à l'école. Les femmes accusées de crimes comme l'adultère étaient fouettées et lapidées.
Ballet d'hélicoptères à Kaboul
Un ballet d'hélicoptères zébrait samedi le ciel de Kaboul, entre l'aéroport et l'ambassade américaine, un gigantesque complexe situé dans la "zone verte" ultra-fortifiée, au centre de la capitale. Un premier contingent de US Marines est arrivé dans la capitale où il aura pour rôle de sécuriser les évacuations du personnel diplomatique, ainsi que de personnes afghanes ayant travaillé pour les Etats-Unis et craignant des représailles des talibans.
Les Etats-Unis entendent évacuer des "milliers de personnes par jour". Pour cela, le Pentagone va déployer avant la fin du week-end 5000 soldates et soldats à l'aéroport de la capitale.
L'ambassade des Etats-Unis à Kaboul a ordonné à son personnel de détruire documents sensibles et symboles américains qui pourraient être utilisés par les talibans "à des fins de propagande". Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissantes et ressortissants britanniques à partir.
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La Suisse rapatrie ses collaborateurs
Plusieurs pays – Pays-Bas, Finlande, Suède, Italie et Espagne – ont également annoncé vendredi la réduction au strict minimum de leur présence dans le pays, ainsi que des programmes de rapatriement de leur personnel employé afghan.
D'autres Etats, dont la Norvège et le Danemark, ont préféré fermer provisoirement leurs ambassades. La Suisse, qui n'y dispose pas d'ambassade, a annoncé le rapatriement de quelques collaborateurs et collaboratrices helvétiques et d'une quarantaine d'employées et d'employés locaux.
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L'Allemagne va aussi réduire son personnel diplomatique "au minimum absolu": l'armée allemande aidera l'évacuation de son ambassade à Kaboul et de son personnel, a indiqué samedi la ministre de la Défense allemande Annegret Kramp-Karrenbauer.
boi avec afp
Doha appelle les talibans à un cessez-le-feu
Le Qatar a appelé samedi les talibans à un cessez-le-feu et à une désescalade des violences en Afghanistan alors que l'offensive militaire des insurgés entre dans une phase décisive.
Pays du Golfe où les talibans disposent d'un bureau, le Qatar a organisé plusieurs cycles de négociations entre les parties en conflit en Afghanistan au cours des derniers mois, sans avancée significative.
Le chef de la diplomatie qatari, Cheikh Mohammad ben Abdelrahmane Al-Thani, "a exhorté les talibans à une désescalade des violences et à un cessez-le-feu afin de (...) parvenir à un accord politique global, qui garantirait un avenir prospère pour le gouvernement et le peuple afghans", indique samedi le ministère des Affaires étrangères du Qatar dans un communiqué.
Cet appel fait suite à une rencontre à Doha entre le chef de la diplomatie qatari et le n°2 des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar.
Il s'agit de l'appel le plus clair à ce jour de la part de Doha à l'intention des talibans afin qu'ils cessent leur offensive militaire en Afghanistan.