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L'Ouganda suspend l'activité de 54 ONG pour "non conformité" à la loi

Yoweri Musev, président de l'Ouganda, dont le pays est également accusé par l'ONU de soutenir les insurgés congolais. [Carl Court]
L'Ouganda suspend l'activité de 54 ONG pour "non conformité" à la loi / Le Journal horaire / 28 sec. / le 20 août 2021
Le gouvernement ougandais a ordonné ce vendredi la suspension avec "effet immédiat" de 54 ONG dans une mesure perçue comme une volonté de resserrer son emprise sur la société civile.

Ces 54 associations qui exercent dans les domaines politique, sociétal ou environnemental sont accusées de "non conformité" avec la législation selon un communiqué du Bureau des ONG qui dépend du ministère des Affaires internes.

"Elles opéraient sans être enregistrées, avec des permis expirés ou n'ont pas communiqué à plusieurs reprises leurs rapports et comptes annuels", a affirmé le Bureau des ONG. Parmi ces 54 organisations, 15 d'entre elles se voient "suspendues indéfiniment".

Des organisations déçues

L'association Chapter Four fait partie des organisations suspendues indéfiniment. Pour Nicholas Opiyo, son directeur exécutif, la situation est "grave". Il a posté sur Twitter la photo d'un bordereau de réception du Bureau des ONG attestant du dépôt le 11 janvier des rapports annuels pour 2016, 2017, 2018 et 2019. "Nous réfutons toute affirmation de conduite illégale de notre part", a-t-il écrit.

Cette décision est "extrêmement regrettable" pour Charity Ahimbisibwe qui dirige la Coalition des citoyens pour une démocratie électorale (CCEDU) également suspendue. Elle a indiqué que le permis d'exploitation du CCEDU avait expiré, mais qu'elle avait demandé une prolongation.

Cependant, le confinement mis en place contre le coronavirus et "l'obstruction visible de responsables gouvernementaux rendait le renouvellement impossible", a-t-elle expliqué. "En tant qu'organisation respectueuse des lois, nous ne continuerons pas à opérer sans permis", a assuré Charity Ahimbisibwe.

Une situation qui inquiète à l'international

La représentation de l'UE dans le pays a souligné dans un tweet que "la société civile est un partenaire clé qui apporte une contribution vitale au développement de l'Ouganda", disant attendre "avec impatience la résolution de tout problème d'enregistrement des organisations".

La section Afrique de la Commission internationale des juristes s'est, elle, dite "profondément préoccupée" par la suspension de Chapter Four.

Certaines des organisations concernées par cette décision avaient participé à une opération d'observation lors de l'élection présidentielle controversée en janvier. Cette opération avait fait l'objet d'une perquisition par les forces de sécurité et des dirigeants avaient été arrêtés.

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et l'UE, avaient également protesté contre l'arrestation de Nicholas Opiyo un mois avant l'élection. Ce dernier avait été arrêté et inculpé de blanchiment d'argent.

Des rapporteurs spéciaux de l'ONU sur les Droits humains avaient alors dénoncé des "chefs d'accusations fictifs" et des poursuites "semblant uniquement liées au contexte électoral" en Ouganda. Nicholas Opiyo avait été libéré sous caution une semaine plus tard.

afp/aps

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Des élections controversées

Le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, a été réélu pour un sixième mandat au terme d'une campagne violente marquée par le harcèlement et l'arrestation de personnalités de l'opposition, dont le principal opposant et député Bobi Wine, des attaques contre les médias et la mort de dizaines de personnes.

L'opposition a contesté le résultat de cette élection, qualifiée de "mascarade" par Bobi Wine. En novembre 2021, au moins 56 personnes ont été tuées alors qu'elles protestaient contre l'arrestation de Bobi Wine. Selon l'opposition, des centaines de ses partisans ont également disparu ou péri durant la violente répression post-électorale.

Le président Museveni a réprimandé publiquement samedi 14 août les forces de sécurité pour avoir été trop violentes avant et après l'élection.