Yalda est arrivée en Suisse il y a un peu plus d'un an. Depuis la chute de Kaboul, elle essaie de contacter sa famille sur place, ce qui n'est pas une tâche aisée. Via internet, les connexions sont encore possibles, mais les compagnies de télécommunication ferment les unes après les autres, tout comme les banques.
La peur des habitantes et habitants est palpable. Toutes les personnes qui ont accepté de s'exprimer lundi dans La Matinale ont préféré que leur identité ne soit pas divulguée, car elles craignent des représailles de la part des talibans.
"En tant que femme, nous n'osons plus sortir, on reste à la maison (...) si je sors, cela peut être dangereux pour moi. Ma seule option est de ma cacher", témoigne ainsi une habitante de Kaboul.
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"Tout va recommencer"
Plusieurs des femmes contactées confirment ces craintes et affirment ne plus avoir quitté leur maison depuis l'arrivée des talibans en ville. Une autre habitante de la capitale décrit les coups de feu qu'elle entend en bas, dans la rue. Elle travaille pour le gouvernement et a peur pour sa vie. Elle aussi est forcée à se cacher.
"Il y a une énorme différence entre ce que les talibans disent et ce qu'ils font, assure-t-elle. Ils frappent les femmes dans la rue et il y a la crainte qu'aussitôt que les étrangers auront tous quitté Kaboul, la situation empire. La façon dont les gens et les femmes étaient traités dans les années 1990 (ndlr. lors de la première prise de pouvoir des talibans, entre 1996 et 2001), et bien je pense que tout ceci va recommencer", explique-t-elle.
Un sentiment d'abandon
Un autre habitant de Kaboul contacté par la RTS décrit les rues de la ville où de nombreux talibans patrouillent, lourdement armés. Pour lui et pour de nombreux Afghans, c'est un sentiment amer d'abandon de la part de la communauté internationale.
"Les Afghans se sentent trahis. Ils sont déçus, ils pensent que tout ce qui a été réalisé durant ces 20 dernières années ne compte plus. Ils sont en colère", juge-t-il.
Un désespoir généralisé, qui touche bien sûr ceux qui sont restés, mais également ceux qui sont partis, comme Sima Dakkus Rassoul, femme de théâtre née à Kaboul, qui vit en Suisse depuis 60 ans: "C'est un désespoir qui dure depuis longtemps vous savez. L'Afghanistan, c'est 40 ans de guerre", rappelle-t-elle.
Raphaël Grand/ther