L'ensemble de la chaîne logistique alimentaire est particulièrement touché. Le géant américain du fast food McDonald's a ainsi annoncé la semaine dernière qu'il faisait face à une pénurie de milkshakes.
Nando's, une autre chaîne de restauration rapide, a dû fermer cinquante établissements, après avoir été privée de poulet.
>> Lire aussi : Les fast-foods britanniques manquent de poulet et ferment des enseignes
Dans la restauration, l'agriculture, les chaînes d'approvisionnements, les entreprises luttent pour trouver du personnel et elles n'hésitent pas à attirer des employés avec des primes à l'embauche, mais les candidates et candidats demeurent rares. Le géant américain du commerce Amazon, par exemple, offre une prime à l'embauche de 1000 livres (1700 francs) pour les nouvelles recrues dans ses entrepôts au Royaume-Uni.
Les chauffeurs manquent à l'appel
Rien que dans l'industrie du fret, il manque 100'000 chauffeurs de poids lourds. Comme ailleurs en Europe, la pandémie a bouleversé le marché du travail, des problèmes amplifiés par le Brexit. "Depuis le Brexit, beaucoup de ressortissants de l'UE sont partis, explique Catherine Barnard, professeure du droit du travail à l'université de Cambridge, dans La Matinale de lundi. Si certains sont partis, parce qu'ils n'aiment pas le climat d'hostilité à l'égard des migrants, d'autres ont opté pour des pays, tels que l'Allemagne, où les salaires sont plus élevés."
Les camionneurs, eux, ne veulent pas être ennuyés par les barrières douanières imposées par le Brexit, qui "compliquent grandement les trajets", note la professeure du droit du travail.
>> Lire aussi : Le Royaume-Uni manque de chauffeurs, les rayons de supermarchés se vident
Les représentants sectoriels demandent au gouvernement d'amender la législation pour que les chauffeurs-routiers étrangers puissent plus facilement se rendre au Royaume-Uni, avertissant de pénuries de nourriture dans ce pays.
Miser sur le personnel indigène
Quelle part joue le Brexit dans ce marché du travail tendu? Il est difficile de le dire, mais selon les estimations, entre un demi-million et 1,3 millions d'Européens ont quitté le Royaume-Uni depuis 2020. Par ailleurs, les nouvelles recrues boudent le pays depuis qu'il faut un visa pour y entrer.
Le gouvernement espère combler ce vide avec des travailleurs indigènes, mais encore faut-il qu'ils répondent à l'appel. "C'est bien beau de dire qu'il faut former les Britanniques à tous ces emplois, mais ils ne veulent très souvent pas le faire. Travailler dans une usine de transformation de poulet, c'est très pénible!", souligne Catherine Barnard.
Face à cette pénurie, les patrons appellent à assouplir de toute urgence les permis de travail pour les Européens, pour ne pas se retrouver, disent-ils, avec des rayons vides à Noël.
>> L'émission de la RTS Forum consacre lundi son grand débat à la pénurie de personnel dans la restauration en Suisse
Catherine Ilic/vajo avec afp