A Belfast, l'un des seuls établissements qui permet l'IVG en Irlande du Nord est un banal bâtiment en briques du centre-ville. "A l'heure actuelle, seule l'IVG médicamenteuse jusqu'à neuf semaines et six jours de gestation est accessible, déplore Naomi Connor, coresponsable de la principale ONG de défense du droit à l'avortement, lundi dans La Matinale. Si vous devez avoir une IVG chirurgicale ou plus tard dans la grossesse, vous devez encore aller en Angleterre."
Face à un gouvernement local ultra-conservateur, Londres a dû forcer la main. "On pense souvent à l'avortement comme une question de santé, mais il s'agit aussi une question de droits de la femme", estime Elodie Fabre, maître de conférences en sciences politiques à la Belfast University.
Ultimatum à mars 2022
Et d'expliquer: "La santé et la justice sont régionalisées. En ce qui concerne les droits humains, ce sont des accords signés par le gouvernement britannique, qui peut faire pression sur le gouvernement nord-irlandais pour mettre en oeuvre les réformes de l'avortement en Irlande du Nord."
Le secrétaire d'Etat britannique à l'Irlande du Nord a donc sommé le gouvernement régional de mettre en oeuvre les ressources nécessaires d'ici à mars 2022. "Nos politiques ont eu des années, des décennies pour trouver une solution locale et ils n'ont rien fait, souligne Naomi Connor. L'IVG est décriminalisée, mais tant qu'elle n'est pas accessible, alors la justice reproductive n'existe pas."
Les associations espèrent aussi faire interdire les manifestations des anti-IVG devant les cliniques, jugées intimidantes pour les professionnels.
Emeline Vin/vajo