Après avoir passé tout l'après-midi dans les quartiers nord de la ville, gangrenés par la violence liée au trafic de drogue, Emmanuel Macron poursuivra sa visite jeudi en effectuant la rentrée scolaire dans une école, également dans les quartiers nord.
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Accompagné de sept ministres, à huit mois de la présidentielle, le chef de l'Etat a d'abord été accueilli par le maire socialiste Benoît Payan, à l'hôtel de ville pavoisé aux couleurs françaises, européennes et marseillaises (bleu et blanc), mais aussi au son des "Macron démission" lancés par quelques manifestants. "Les attentes sont colossales et légitimes", a insisté Benoît Payan.
L'accueil a été beaucoup plus chaleureux plus tard dans l'après-midi, à la cité Bassens, où le président a osé un long bain de foule, à la rencontre des habitants.
"C'est du logement, de la considération, et c'est des emplois" qu'il faudra pour aider ces quartiers à redresser la tête, a expliqué le président de la République, lors d'un court point-presse improvisé au milieu de la cohue: "Mais je ne veux pas ici faire de fausses promesses", a-t-il insisté, expliquant sur France 3 Provence qu'il était "d'abord là pour écouter".
Mais "la réponse est aussi sécuritaire" et il faut "démanteler les réseaux", a insisté le chef de l'Etat auprès des habitants.
Plus de policiers
Environ deux heures après son arrivée à Bassens, Emmanuel Macron est parti pour le commissariat de la division nord de la ville, dans le même arrondissement (15e), pour évoquer les difficultés de la lutte contre les violences liées au trafic de drogue, après un été marqué par une douzaine de règlements de compte sanglants dans les Bouches-du-Rhône.
"On ne lâchera rien" dans la lutte contre les trafics de stupéfiants, a promis Emmanuel Macron devant les policiers. "Il faut traiter les symptômes (...) parce que les habitants des quartiers demandent le droit de vivre tranquilles et dans la sécurité. Ils ne nous écouteront pas sur tout le reste si nous ne réussissons pas sur la sécurité", a-t-il assuré.
Il a annoncé une accélération de l'arrivée à Marseille des 300 policiers de plus promis par le ministère de l'Intérieur, qui seront tous là en 2022 et non plus 2023. "Il faut aller bien au delà de 300 policiers supplémentaires pour avoir une police efficace", a répondu Yannick Ohanessian, adjoint au maire à la sécurité, présent au commissariat.
Présentation du plan jeudi
Plus tôt dans l'après-midi, le député insoumis des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon, qui a rencontré le chef de l'Etat à la mairie, avait dénoncé le "côté monarchique absolument insupportable" de cette visite "qui équivaut à une lettre au père Noël".
Signe de l'importance qu'Emmanuel Macron veut donner à ce "plan Marseille" qu'il présentera jeudi après-midi, ce déplacement de deux jours et demi est le plus long consacré à une seule ville depuis le début de son quinquennat.
Mais le président a de nouveau réfuté sur France 3 une "mise sous tutelle" de la ville, soucieux de ménager les susceptibilités locales.
La municipalité plaide pour un vaste plan de rénovation de plus de 200 des 472 écoles de la ville, pour 1,2 milliard d'euros, dont l'Etat devrait prendre en charge une partie.
Transports et logements
Le président devrait aussi faire des annonces pour combler le déficit criant de transports à
Marseille, qui ne compte que deux lignes de métro pour ses 870'000 habitants.
Et d'autres investissements sont attendus pour réhabiliter les logements insalubres, près de trois ans après la mort de huit personnes dans l'effondrement d'un immeuble rue d'Aubagne. Marseille compterait 40'000 taudis selon la Fondation Abbé Pierre.
Après un dîner jeudi avec le chef du gouvernement italien Mario Draghi, Emmanuel Macron consacrera la journée de vendredi à l'environnement, avec une sortie en mer dans le Parc national des Calanques et l'ouverture du Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui se tient à Marseille jusqu'au 11 septembre.
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afp/jfe