"La France va organiser dans les prochains mois ce que nous avons fait pour la biodiversité en début d'année, c'est-à-dire un 'One Ocean Summit' qui va consister à mettre les scientifiques, les acteurs économiques, les acteurs régionaux et les Nations unies autour de la table", a déclaré à la presse le chef de l'Etat français, avant son discours devant le Congrès mondial de la nature (UICN), qui s'ouvre dans la deuxième ville de France vendredi.
Ce sommet servira, selon Emmanuel Macron, à "lancer des initiatives en matière de recherche, en matière de juridiction internationale et pour compléter le droit international qui nous permettra de protéger cet espace".
Lors d'une sortie au large des Calanques, le président français a été interpellé dans la matinée sur le fléau des plastiques en mer et de la protection de la biodiversité. De retour sur la terre ferme, le chef de l'Etat a indiqué vouloir multiplier "par 25 les aires maritimes à très forte protection".
Un plan à 1,5 milliard
"Ni grand plan, ni chèque en blanc": Emmanuel Macron a aussi annoncé jeudi des aides pour donner un nouvel élan à Marseille, "plus pauvre que d'autres", mais sans chiffrer l'apport de l'Etat pour rénover les écoles délabrées de la deuxième ville de France.
Au terme de cette visite où il a pu entendre les "attentes colossales", le président a annoncé que l'Etat aiderait à financer des projets de transports, pour désenclaver les quartiers populaires du nord de la ville, les plus déshérités et touchés par la violence découlant du trafic de drogue.
Vous avez entendu beaucoup de discours et beaucoup de chèques. Je veux que ces promesses deviennent des faits.
Il s'est toutefois refusé à toute grande annonce chiffrée. Le montant total des nouvelles aides de l'Etat - 1,5 milliard d'euros, hors rénovation des écoles - a été précisé par la suite par un de ses conseillers.
"Vous avez entendu beaucoup de discours et beaucoup de chèques. Je ne sais pas si nous allons réussir. Je veux que ces promesses deviennent des faits", a plaidé le président.
Quant à la contribution de l'Etat pour aider à rénover 174 écoles insalubres, il a demandé quelques semaines supplémentaires pour la chiffrer. Il a aussi annoncé qu'il reviendrait en octobre et en février pour un premier bilan.
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Transports et police
Parmi les projets que l'Etat aidera, Emmanuel Macron a cité notamment l'automatisation du métro - dans une ville qui ne compte que deux lignes pour 870'000 habitants -, la création de quatre nouvelles lignes de tramways et de cinq lignes de bus à haut niveau de service.
Après deux mois marqués par une hausse des règlements de compte meurtriers, même si leur nombre reste moins élevé que dans les années 1980 ou 2010, il a aussi annoncé une accélération de l'arrivée à Marseille des 300 policiers de plus déjà promis, qui seront là en 2022 et non plus 2023, et le financement de 500 caméras de vidéosurveillance.
Dans son long discours devant le palais du Pharo, interrompu par une averse puis par une coupure du son, Emmanuel Macron a adopté un ton parfois tranchant pour critiquer les problèmes de gouvernance de la Métropole, dirigée par la LR Martine Vassal, ainsi que les dysfonctionnements des services de la mairie, dirigée par la gauche, touchés par l'absentéisme et les grèves.
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Rencontres avec la population
"On ne va pas se substituer à un système qui n'arrive pas à se financer, car on a construit une mécanique qui n'avance plus, par des petits arrangements (...), la deuxième ville de France ne peut pas supporter cette situation", a-t-il lancé.
Les annonces du chef de l'Etat constituent le point d'orgue d'un séjour très médiatisé, où il s'est montré au côté des habitants, des associations, des policiers, des enfants ou encore des médecins.
Mercredi, il avait notamment été accueilli chaleureusement par les habitants d'une cité qui lui ont raconté durant deux heures leurs problèmes de logement, de violences ou de discriminations. Il a aussi promis de ne "rien lâcher" dans la lutte contre le trafic de drogue.
Elus sceptiques
Malgré l'accueil chaleureux, des habitants et élus locaux restaient sceptiques sur le résultat de cette visite, alors que de nombreux plans ont été annoncés depuis des décennies pour Marseille.
A huit mois de la présidentielle, ce déplacement est largement commenté sur la scène politique, l'opposition de droite concentrant ses critiques sur le bilan sécuritaire d'Emmanuel Macron à Marseille, et au-delà au niveau national, tandis que la gauche demande que l'Etat mette plus de moyens dans les services sociaux.
jfe avec agences