Modifié

Les talibans disent contrôler le Panchir, la résistance dément et appelle à résister

En Afghanistan, les talibans annoncent avoir pris le contrôle de la vallée du Panshir.
En Afghanistan, les talibans annoncent avoir pris le contrôle de la vallée du Panshir. / 12h45 / 1 min. / le 6 septembre 2021
Les talibans ont annoncé lundi avoir pris le contrôle "complet" de la vallée du Panchir et donc de tout l'Afghanistan. Mais la résistance dément et appelle à un "soulèvement national".

"Avec cette victoire, notre pays est désormais complètement sorti du marasme de la guerre", a déclaré dans un communiqué le principal porte-parole taliban.

"Des insurgés ont été tués et le reste a fui. La respectable population du Panchir a été sauvée des preneurs d'otages. Nous (lui) assurons que personne ne fera l'objet de discrimination. Ils sont tous nos frères et nous travaillerons ensemble pour un pays et un objectif", a-t-il ajouté.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des talibans dans les bureaux du gouverneur du Panchir et des drapeaux talibans flottant ici et là, sous les clameurs des combattants islamistes.

Jamais tombé en mains ennemies

La vallée du Panchir, enclavée et difficile d'accès, à 80 kilomètres au nord de Kaboul, est le dernier foyer d'opposition armée aux talibans, qui ont pris le pouvoir le 15 août et obtenu le départ des dernières troupes étrangères deux semaines plus tard. Longue de 115 kilomètre, elle est située dans le massif de l'Hindou Kouch.

>> Lire : Les talibans gagnent du terrain dans la vallée du Panchir

Des milices loyales à Ahmad Massoud, fils de feu Ahmad Shah Massoud, dans la vallée du Panchir, au nord de l'Afghanistan, le 26 août 2021. [Keystone/AP photo - Jalaluddin Sekandar]
Des milices loyales à Ahmad Massoud, fils de feu Ahmad Shah Massoud, dans la vallée du Panchir, au nord de l'Afghanistan, le 26 août 2021. [Keystone/AP photo - Jalaluddin Sekandar]

Bastion anti-taliban de longue date, la zone, que le légendaire commandant Ahmed Shah Massoud a contribué à rendre célèbre à la fin des années 1990 avant d'être assassiné par Al-Qaïda en 2001, abrite le Front national de résistance (FNR).

Emmené par Ahmad Massoud, le fils du commandant Massoud, le FNR comprend des membres de milices locales ainsi que d'anciens membres des forces de sécurité afghanes qui sont arrivés dans la vallée lorsque le reste de l'Afghanistan est tombé.

Le Panchir n'était jamais tombé aux mains ennemies, que ce soit sous l'occupation soviétique dans les années 1980 ou sous l'ascension des talibans au pouvoir pour la première fois une décennie plus tard.

"La lutte continuera"

Le FNR avait proposé dans la nuit de dimanche à lundi un cessez-le-feu, après avoir semble-t-il subi de lourdes pertes au cours du week-end. Il avait indiqué avoir "proposé aux talibans de cesser leurs opérations militaires dans le Panchir et de retirer leurs forces. En retour, nous demanderons à nos troupes de s'abstenir de toute action militaire".

Lundi, le FNR a promis sur Twitter qu'il continuerait le combat contre les talibans: "L'affirmation des talibans selon laquelle ils occupent le Panchir est fausse". Il dit retenir des "positions stratégiques" dans la vallée. "La lutte contre les talibans et leurs partenaires continuera", a-t-il ajouté. "Jusqu'à ce que la justice et la liberté prévalent".

Par ailleurs, Ahmad Massoud a appelé à un "soulèvement national" contre les nouveaux maîtres de l'Afghanistan. "Où que vous soyez, dedans ou en dehors (de l'Afghanistan), je vous appelle à lancer un soulèvement national pour la dignité, la liberté et la prospérité de notre pays", a-t-il déclaré dans un message sonore envoyé aux médias.

"Une insurrection sera durement réprimée"

En conférence de presse, le porte-parole des talibans a lancé un avertissement à toutes celles et ceux qui voudraient continuer à résister: "L'Emirat islamique est très susceptible au sujet des insurrections. Quiconque tente de créer une insurrection sera durement réprimé", a-t-il prévenu.

Le porte-parole a aussi appelé les ex-forces armées gouvernementales, qui ont combattu les talibans pendant vingt ans, à intégrer à leurs côtés les nouveaux services de sécurité.

sjaq et les agences

Publié Modifié

L'exécutif taliban se fait attendre

Sur le plan politique, la composition du nouvel exécutif taliban, initialement escomptée en fin de semaine passée, se fait toujours attendre.

Le porte-parole du mouvement a précisé lundi que la formation d'un gouvernement "intérimaire" serait annoncée dans "les prochains jours", une fois de dernières "questions techniques" résolues.

Des analystes estiment que les islamistes ont eux-mêmes été pris de court par la rapidité de leur accession au pouvoir et n'ont pas eu le temps de préparer la suite.

Le mouvement fondé par le mollah Omar a promis de mettre en place un gouvernement "inclusif", s'engageant aussi à respecter les droits des femmes, bafoués lors de son premier passage au pouvoir (1996-2001). Mais ses promesses peinent toujours à convaincre.

Antony Blinken à Doha

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé lundi soir au Qatar, pays devenu l'interlocuteur majeur des talibans, nouveaux maîtres de Kaboul, et la plaque tournante logistique de l'évacuation de tous ceux qui veulent fuir l'Afghanistan.

L'avion du secrétaire d'Etat américain s'est posé à Doha peu après 18h00 locales. Il devait dîner dans la foulée avec l'émir Tamim ben Hamad Al-Thani, accompagné du ministre américain de la Défense Lloyd Austin. C'est le premier voyage dans la région de hauts responsables américains depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août et le départ, dans des conditions dantesques, des derniers Américains présents dans le pays.

Les deux dirigeants s'entretiendront mardi avec les responsables qataris sur le dossier afghan, devenu un enjeu géopolitique majeur et une crise humanitaire potentielle nécessitant la mobilisation de la communauté internationale.

"Nous sommes reconnaissants pour l'étroite collaboration du Qatar concernant l'Afghanistan et son soutien indispensable pour aider le transfert de citoyens américains, du personnel de l'ambassade de Kaboul, d'Afghans menacés et d'autres personnes évacuées d'Afghanistan via le Qatar", a indiqué le département d'Etat américain.

Opération de la Chaîne du Bonheur

La Chaîne du Bonheur a lancé un appel aux dons pour financer les besoins humanitaires en Afghanistan, accentués depuis l'arrivée des talibans. Les dons peuvent être adressés sur le CP 10-15000-6 ou sur www.bonheur.ch.