Ce 11 septembre 2001, le président des Etats-Unis George W. Bush est en visite dans une école primaire de Sarasota, en Floride. Il fait la promotion du programme "No Child Left Behind", qui vise à relever le niveau de qualité de l'enseignement.
Les équipes du président lui avaient parlé d'un petit avion de tourisme qui se serait écrasé contre l'une des tours jumelles de New York. Le président pense alors à une crise cardiaque du pilote. Les minutes s'écoulent. Le petit avion de tourisme est en réalité un avion de ligne. Et puis un deuxième avion percute les tours. Andrew Card a quelques secondes pour agir.
>> Le dossier sur les 20 ans du 11 septembre 2001 : Semaine spéciale 11 septembre
"America is under attack"
"J'ai ouvert la porte de la salle de classe et je suis arrivé derrière le président", raconte Andrew Card Jr. lundi dans Tout un monde. "Il ne m'a pas vu entrer dans la salle. A un moment, la maîtresse demande aux élèves de sortir leur livre afin de lire un texte avec le président. C'est à ce moment que j'ai marché vers le président. Je m'approche et je lui souffle à l'oreille. "Un deuxième avion a frappé la seconde tour. L'Amérique subit une attaque."
"America is under attack". George W. Bush n'esquisse aucune réaction "pour ne pas paniquer les enfants" se souvient Andrew Card. "Pour moi, c'est comme si c'était hier, explique-t-il. Ce qui s'est déroulé ce jour-là, les challenges auxquels nous avons dû faire face, ils nous accompagnent encore aujourd'hui. C'est pour cela qu'il ne faut jamais oublier. Et particulièrement les presque 3000 personnes qui ont péri à cause de ces attaques."
Le retrait américain d'Afghanistan ne symbolise pas la fin d'une époque. Au contraire, nous avons même une plus grande responsabilité, celle de s'assurer que ce qui s'est passé le 11 septembre 2001 ne se reproduise plus jamais
Les 20 ans du 11 septembre 2001 résonnent aussi avec le retrait des troupes américaines d'Afghanistan. "Malheureusement, je ne pense pas que ce retrait va créer une situation où nous n'aurons plus besoin de nous préoccuper des menaces terroristes", estime Andrew Card.
Et d'ajouter: "Il apparaît que les talibans vont devenir la nouvelle puissance émergente en Afghanistan. Ils ont été ceux qui ont accueilli Al Qaïda. Ce retrait américain ne symbolise donc pas la fin d'une époque. Au contraire, nous avons même une plus grande responsabilité, celle de s'assurer que ce qui s'est passé le 11 septembre 2001 ne se reproduise plus jamais."
Fin de l'unité nationale
Le 11 septembre 2001 avait conduit à un moment de patriotisme et d'unité aux Etats-Unis. Vingt ans plus tard, ce sentiment semble être du passé. Andrew Card Jr. s'inquiète de la montée du "tribalisme" aux Etats-Unis "qui a poussé les gens à faire des choses inimaginables".
"Je pense que tous nos dirigeants devraient travailler ensemble pour pousser les gens à participer au processus démocratique, au lieu de les inciter à prendre les armes et à se battre", souligne l'ancien chef du cabinet de George W. Bush. "Je n'aime pas l’état dans lequel se trouve notre démocratie actuellement. Nous devons reprendre cela en main, car il devient difficile pour nous, Américains, d'être cette lumière sur la colline. De dire aux gens: 'Suivez-nous! Nous somme cette grande démocratie!' Actuellement, l'image de notre démocratie est ternie."
Je n'aime pas l’état dans lequel se trouve notre démocratie actuellement
Andrew Card Jr. estime que c'est la démocratie qui "est attaquée". "Je ne dis pas que nous avons besoin d'un déploiement militaire face à ce genre d'attaques qui menacent notre démocratie. Je pense que nous avons besoin d'une réponse démocratique. Que les gens s'impliquent en politique et donnent le meilleur d'eux-mêmes. Nous devons nous assurer que chacun se sente inclus dans ce projet, même lorsque nous avons des opinons contraires."
Raphaël Grand/vajo