Des centaines d'Afghanes et d'Afghans ont défilé dans la matinée dans au moins deux quartiers de Kaboul, dénonçant, outre la situation dans le Panchir, l'ingérence du Pakistan, accusé de vouloir contrôler le pays à travers les talibans dont il est très proche.
Les manifestations ont été rapidement dispersées par les tirs en l'air de talibans déployés sur place. Plusieurs journalistes qui couvraient les manifestations ont indiqué avoir été arrêtés, molestés ou avoir eu leur matériel confisqué par ces combattants.
Parmi les manifestants figuraient nombre de femmes, qui craignent de voir les talibans les exclure de la vie publique comme lors de leur précédent régime, entre 1996 et 2001.
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Des manifestations dans d'autres villes
Des femmes avaient également manifesté la veille à Mazar-i-Sharif (nord) et la semaine dernière à Hérat (ouest). Près d'une centaine de manifestants, en majorité des femmes, se sont rassemblés devant l'ambassade du Pakistan, chantant "Nous ne voulons pas d'un gouvernement soutenu par le Pakistan" et "Pakistan, dégage d'Afghanistan".
La rébellion dans le Panchir, bastion anti-taliban de longue date, est menée par le Front national de résistance (FNR) et son chef Ahmad Massoud, fils du célèbre commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné par Al-Qaïda en 2001.
Le FNR a affirmé retenir des "positions stratégiques" dans la vallée et "continuer" la lutte, et Ahmad Massoud (lire aussi encadré), dont on ne sait s'il s'y trouve encore, a appelé chaque Afghan à "se soulever pour la dignité, la liberté et la prospérité" du pays.
Menaces en cas de rébellion
Après la proclamation de la victoire dans le Panchir, le porte-parole des talibans a lancé lundi un ferme avertissement. "Quiconque tentera de créer une rébellion sera durement réprimé. Nous ne le permettront pas", a-t-il prévenu.
Les talibans, qui s'attaquent au gigantesque chantier de la consolidation de leur pouvoir et de la relance économique, annonceront un gouvernement de transition qui pourra ensuite évoluer, a-t-il précisé.
Ils se sont engagés à former un gouvernement ouvert à d'autre groupes que le leur, dans un pays géographiquement et ethniquement très fragmenté, mais il ne devrait pas inclure de femmes.
afp/vajo
Les talibans n'ont pas pris tout le Panchir, selon le frère du commandant Massoud
Les talibans n'ont pas pris toute la région du Panchir en Afghanistan, a assuré Ahmad Wali Massoud, le frère du défunt commandant Ahmad Shah Massoud, figure de la lutte anti-talibans.
"Les talibans sont venus avec les terroristes pour prendre la route du Panchir. Ceux qui connaissent la géographie du Panchir la connaissent. Ils sont venus pour prendre une route... mais le Panchir a tant de vallées", a déclaré Ahmad Wali Massoud, lors d'un symposium sur l'Afghanistan, organisé par une université suisse et la mission permanente de l'Afghanistan auprès des Nations unies à Genève.
"Donc, ne pensez pas que parce qu'ils ont pris la route, ils ont pris le Panchir", a-t-il insisté, aux côtés de l'écrivain français l'écrivain Bernard Henri-Lévy. Ahmad Wali Massoud a insisté sur le fait que les talibans "n'ont pas pris le Panchir".
"Nous avons encore des milliers de combattants dans la vallée qui peuvent revenir à tout moment", a-t-il dit. "Nous avons été touchés, mais nous ne sommes pas morts, nous sommes toujours vivants". Ahmad Wali Massoud a appelé la communauté internationale à ne pas reconnaître le régime des talibans et à soutenir "la cause du Panchir".
"Nous résistons pour notre droit, pour la liberté, pour la démocratie, pour les droits humains... Ce n'est pas une guerre. Par conséquent, il y a maintenant une opportunité, probablement la dernière opportunité que nous pouvons voir pour combattre réellement le terrorisme en Afghanistan et dans le monde", a-t-il lancé, en appelant à "la résistance".
Opération de la Chaîne du Bonheur
La Chaîne du Bonheur a lancé un appel aux dons pour financer les besoins humanitaires en Afghanistan, accentués depuis l'arrivée des talibans. Les dons peuvent être adressés sur le CP 10-15000-6 ou sur www.bonheur.ch.