"Nous voulons des élections propres, vérifiables, avec le comptage public des voix. Je ne peux pas participer à une farce comme celle que promeut le Tribunal supérieur électoral" (TSE), a dit le président d'extrême droite, face à la foule jaune et verte de ses partisans, massés sur l'avenue Paulista.
En les appelant à des manifestations massives dans tout le pays à l'occasion de la Fête nationale, Jair Bolsonaro voulait faire une démonstration de force, alors qu'il n'a jamais été aussi affaibli en près de trois ans de mandat. Il est donné perdant face à l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva pour l'élection d'octobre 2022, sa cote de popularité est au plus bas et il est fragilisé par de nombreuses enquêtes ouvertes à la demande de la Cour suprême contre lui.
Jair Bolsonaro risque d'être déclaré inéligible en raison de ses attaques répétées contre le système de vote électronique en vigueur au Brésil depuis 1996. Il n'a cessé de dénoncer des fraudes, sans jamais en apporter la preuve.
Prise de parole contre la justice
Arrivé mardi après-midi à Sao Paulo après Brasilia, Jair Bolsonaro a prononcé un discours au ton martial. Il s'en est notamment pris à l'un des juges de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, qui a ordonné l'ouverture d'enquêtes contre lui et son entourage, notamment pour dissémination de fausses informations.
"Soit le chef de ce pouvoir [la Cour suprême] remet [Moraes] à sa place, soit ce pouvoir va subir des conséquences dont personne ne veut", a-t-il déclaré. Des propos clairement menaçants, alors que Jair Bolsonaro avait déjà présenté cette journée de mobilisation comme un "ultimatum" contre la Cour suprême.
"Nous ne voulons pas de rupture. Nous ne voulons pas nous battre avec les autres pouvoirs. Mais nous ne pouvons pas permettre que quiconque mette en péril notre liberté", a-t-il ajouté, sous les applaudissements des manifestants enveloppés dans les drapeaux vert jaune du Brésil.
Le modèle Trump
Pour ses détracteurs, ses critiques sont une stratégie pour pouvoir contester le résultat jusqu'au bout en cas de défaite l'an prochain, à l'image de ce qu'a fait l'ex-président américain Donald Trump, qu'il admire.
Ses partisans, eux, espèrent au contraire que Jair Bolsonaro ira encore plus loin: "Nous sommes ici pour dire que le président et l'armée doivent intervenir. Ce sont les seuls qui protègent notre liberté. À partir de ce 7 septembre, ils peuvent le faire", a confié à l'AFP Valdivino Pereira, un ouvrier métallurgiste défilant à Sao Paulo.
"Ce qui est le plus inquiétant, c'est ces discours du président contre des institutions démocratiques, notamment la Cour suprême, du jamais vu depuis le retour de la démocratie" après la dictature militaire de 1964-1985, déplore le politologue Mauricio Santoro.
afp/ami
Bolsonaro n'a pas obtenu l'effet escompté
Jair Bolsonaro n'a pas obtenu le raz-de-marée souhaité pour la fête nationale, même si le centre de Brasilia et surtout de Sao Paulo (125'000 manifestants) ont été envahis par des foules en jaune et vert.
"En plus de son isolement, le président a montré qu'il était capable de mobiliser une minorité bruyante", a estimé dans le quotidien O Globo Bernardo Mello Franco. Dans les cortèges défilaient un mélange hétéroclite de militants d'extrême droite, de militants pro-armes, d'évangéliques, de motards, de conspirationnistes et d'anti-vaccins.
Le fait que les manifestants n'aient pas été violents et n'aient pas envahi, comme redouté, la Cour suprême ou le Parlement - dans un remake brésilien de l'assaut du Capitole en janvier à Washington - a représenté en soi un soulagement.
Jair Bolsonaro modère ses propos
Le président brésilien Jair Bolsonaro a déclaré jeudi n'avoir jamais voulu attaquer aucune branche du gouvernement.
Dans un communiqué publié jeudi, le président brésilien a expliqué que ses mots, parfois durs, étaient prononcés dans le "feu de l'action" et que tout problèmes avec les juges devaient se résoudre devant les tribunaux.