L'avion transportant les ressortissants étrangers, qui a pris la destination de Doha, était le premier vol passager à partir de la capitale afghane depuis le gigantesque pont aérien organisé par les Américains qui a permis l'évacuation de plus de 120'000 personnes depuis le soudain retour au pouvoir des talibans à la mi août.
Après les formalités de départ à l'aéroport, les passagers ont embarqué dans des bus sur le tarmac de l'aéroport, sous la surveillance de gardes du Qatar, très impliqué dans cette opération. Les bus transportant une trentaine de passagers chacun les ont ensuite déposés au pied de l'avion de Qatar Airways où ils sont montés avant de décoller peu après. Ils seront accueillis dans un centre pour réfugiés afghans à Doha.
"Quelque 113" passagers étaient à bord du Boeing 777, dont des Américains, des Canadiens, des Allemands et des Ukrainiens, a indiqué une source proche de l'opération. Plus tôt, d'autres sources avaient fait état de 200 personnes évacuées.
Les Etats-Unis saluent la coopération des talibans
Les Etats-Unis ont dans la foulée salué la "coopération" des talibans, qui ont rendu possible le départ de citoyens américains et de résidents permanents légaux aux Etats-Unis "sur des vols charters", a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué. "Ils ont fait preuve de flexibilité et ils ont été professionnels dans nos échanges avec eux dans cet effort. C'est un premier pas positif", a-t-elle ajouté.
Interrogée lors d'une conférence de presse, la porte-parole de la présidence a refusé de préciser combien d'Américains étaient à bord de ce vol, expliquant qu'il venait d'atterrir et que Washington ne disposait pas encore de toutes les informations. Le gouvernement estimait avant jeudi qu'il restait une centaine d'Américains encore en Afghanistan souhaitant quitter le pays.
Des remerciements pour le Qatar
Selon la Maison Blanche, qui a remercié le Qatar pour son rôle, les Etats-Unis ont "facilité" le départ de jeudi. "Nous avons travaillé activement", et ce vol "est le résultat" de ces efforts diplomatiques, a-t-elle estimé, alors que le gouvernement du président Joe Biden est accusé de toutes parts d'avoir laissé des Américains à la merci des talibans et de se plier aux conditions des nouveaux maîtres islamistes de Kaboul.
Le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a aussi remercié le Qatar "pour avoir facilité un vol transportant 13 ressortissants britanniques depuis Kaboul". Plus tôt dans la journée, l'envoyé spécial qatari en Afghanistan avait salué "un jour historique pour l'aéroport de Kaboul", affirmant que les vols internationaux reprendraient "progressivement" à partir de la capitale afghane.
agences/boi
Des manifestations annulées après l'interdiction des talibans
Plusieurs manifestations en faveur des libertés ont été annulées jeudi à Kaboul après avoir été interdites par le nouveau gouvernement des talibans, qui tente d'asseoir son pouvoir fondamentaliste sous l'oeil inquiet des Occidentaux.
Ces derniers jours, plusieurs rassemblements de centaines de personnes pour la défense des libertés ont été dispersés par des combattants armés talibans, notamment dans la capitale Kaboul, à Mazar-i-Sharif (nord), Faizabad (nord-est) et Hérat (ouest) où deux personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par balle.
>> Relire : En Afghanistan, les talibans dispersent de nouvelles manifestations à Kaboul
Jeudi matin, on remarquait dans les rues de Kaboul bien plus de combattants talibans armés que les jours précédents, dont des forces spéciales avec leurs treillis militaires, à des coins de rues et sur les barrages contrôlant le trafic sur les grandes artères.
Le Conseil des droits de l'homme se réunira à Genève
L'Afghanistan restera l'une des thématiques centrales au Conseil des droits de l'homme, réuni dès lundi pour un mois à Genève. L'instance onusienne est attendue sur cette question, quelques semaines après une session spéciale dont le résultat a été largement critiqué.
Dès lundi, la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet s'exprimera sur la situation en Afghanistan. Cette discussion avait été demandée par les Etats membres dans leur résolution approuvée au terme d'une session spéciale, quelques jours après l'arrivée des talibans à Kaboul.
Opposition de la Chine et de la Russie
Le Conseil s'était alors dit réuni pour une session spéciale, à la demande des pays musulmans emmenés par le Pakistan. Malgré la demande des Etats européens de l'instance, aucun mécanisme d'investigation sur les violations des droits de l'homme n'avait été lancé, la Chine ou la Russie y étant notamment opposées.
Pire encore, les talibans n'étaient même pas mentionnés dans ce compromis. Mais les Européens s'étaient résolus à ne pas briser le consensus, non sans manifester publiquement leur mécontentement.
Opération de la Chaîne du Bonheur
La Chaîne du Bonheur a lancé un appel aux dons pour financer les besoins humanitaires en Afghanistan, accentués depuis l'arrivée des talibans. Les dons peuvent être adressés sur le CP 10-15000-6 ou sur www.bonheur.ch.