La journée de jeudi était, comme la veille, consacrée uniquement à l'appel des parties civiles. Mais l'attention était braquée sur le principal accusé, Salah Abdeslam, déjà très vindicatif lors du premier jour d'audiences.
Ce dernier a encore pris la parole sans y être invité, dès la reprise de l'audience, alors qu'un débat juridique était en cours sur la recevabilité de certaines parties civiles. Il a tenu à dédouaner certains de ses co-accusés.
"Ils m'ont rendu des services alors qu'ils ne savaient rien du tout" au sujet d'éventuelles responsabilités dans les attentats du 13-Novembre, a clamé Salah Abdeslam, citant trois de ses proches à Bruxelles qui l'avaient aidé lors de sa cavale après les attentats. "Ils n'ont rien fait", a-t-il ajouté avant que son micro ne soit coupé par le président de la cour d'assises spéciale, qui a ensuite suspendu l'audience.
Audience suspendue
Comme la veille, Salah Abdeslam, pourtant muré dans le silence depuis son arrestation en 2016, a cherché à faire passer des messages politiques. "Les victimes qu'il y a eues en Syrie et en Irak, est-ce qu'elles pourront prendre la parole?", a-t-il notamment interpellé la Cour.
"On sort du débat, Monsieur Abdeslam", l'a coupé une première fois le président. "Ne soyez pas égoïste, Monsieur", a rétorqué l'accusé de 31 ans, "il y a d'autres personnes ici qui veulent m'écouter".
"Vous avez eu cinq ans pour vous expliquer, vous n'avez pas souhaité faire de déclarations comme c'est votre droit. J'ai compris maintenant que vous vouliez le faire, et c'est très bien, mais ce n'est pas le moment", s'est agacé Jean-Louis Périès, avant de suspendre l'audience.
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Une attitude "pas étonnante"
Revendiquant son allégeance au groupe Etat islamique, se référant à la religion ou encore se plaignant de ses conditions de détention, le seul survivant des commandos terroristes du 13-Novembre a dessiné sa ligne de conduite dès mercredi. Le politologue Mohamed Sifaoui, appelé à témoigner comme expert, ne s'est pas montré surpris au micro de La Matinale.
Selon lui, dans ce type de procès d'assises qui mettent en cause des terroristes islamistes, "il y a deux attitudes: soit le déni ou le silence, et ceux qui vont utiliser la cour d'assises comme tribune pour faire passer leurs messages".
afp/jop