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Agnès Buzyn, ex-ministre française de la Santé, mise en examen

Agnès Buzyn se rendant à la Cour de justice de la République, le 10 septembre 2021 [AFP - LUCAS BARIOULET]
Agnès Buzyn, ex-ministre française de la Santé, mise en examen: les explications d'Alexandre Habay / Le Journal de 7h / 1 min. / le 11 septembre 2021
L'ex-ministre française de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen vendredi pour "mise en danger de la vie d'autrui" à l'issue de son audition par des magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), qui enquête sur la gestion de l'épidémie de Covid-19.

La mise en cause d'Agnès Buzyn est la première dans ce vaste dossier consacré à la manière - critiquée encore aujourd'hui - dont les autorités françaises ont anticipé puis géré quotidiennement l'épidémie de coronavirus qui a fait au moins 115'000 morts dans le pays.

Le cas de l'ex-ministre de la Santé, qui avait démissionné mi-février 2020 pour briguer la mairie de Paris, a été examiné par la Cour de justice de la République (CJR), la seule habilitée à juger des ministres dans l'exercice de leurs fonctions. Elle a par ailleurs été placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour "abstention volontaire de combattre un sinistre".

"Aujourd'hui c'est une excellente opportunité pour moi de m'expliquer et de rétablir la vérité des faits. Je ne laisserai pas salir l'action du gouvernement, mon action en tant que ministre, alors que nous avons fait tant pour préparer notre pays à une crise sanitaire mondiale qui, je le rappelle, dure encore", a-t-elle déclaré à la nuée de journalistes.

>> Réécouter le sujet du 12h30 sur la convocation de l'ex-ministre par la justice :

Agnès Buzyn se rendant à la Cour de justice de la République, le 10 septembre 2021 [AFP - LUCAS BARIOULET]AFP - LUCAS BARIOULET
L’ancienne ministre Agnès Buzyn convoquée par la justice française pour s’expliquer sur sa gestion de la pandémie / Le 12h30 / 1 min. / le 10 septembre 2021

Autorités pointées du doigt

Au tout début de la pandémie, Agnès Buzyn, hématologue de formation, occupait un rôle central, à la tête du ministère de la Santé depuis mai 2017. Alors que le monde commençait à prendre peur après les informations alarmantes venant de Wuhan, en Chine, elle avait pris la parole à l'Élysée le 24 janvier 2020 pour dire: "les risques de propagation du coronavirus dans la population sont très faibles". Avant de préciser que cette analyse pouvait "évoluer".

Mi-février, elle était remplacée par Olivier Véran. Elle avait ensuite créé un tollé en mars 2020 en confiant à la presse, après sa défaite, qu'il aurait fallu arrêter le processus électoral en raison de la menace de l'épidémie.

"Abstention de combattre un sinistre"

Depuis, plusieurs plaintes - manque d'équipements de protection pour les soignants et pour la population, errements sur la nécessité ou non de porter des masques, etc - ont été déposées à la CJR qui avait ouvert une enquête en juillet 2020 sur l'infraction "d'abstention de combattre un sinistre".

afp/ami

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D'autres responsables politiques concernés

Pas moins de 16’000 plaintes avaient été déposées contre des membres de l’exécutif par des citoyens et des associations. Neuf ont été jugées recevables. L’actuel ministre de la Santé Olivier Véran et l’ex-premier ministre Edouard Philippe sont également sous enquête.

Des perquisitions ont déjà visé les domiciles d'Olivier Véran, d'Edouard Philippe, d'Agnès Buzyn et d'une autre ancienne membre du gouvernement, Sibeth Ndiaye, mais aussi du directeur général de la Santé Jérôme Salomon et de la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne.

D'autres convocations pourraient suivre et viser des membres actuels ou passés de l'exécutif, parmi lesquels Olivier Véran ou Edouard Philippe, et avoir d'importantes conséquences politiques pour la majorité alors qu'Emmanuel Macron pourrait briguer sa réélection au printemps 2022.