Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a notamment rencontré lundi dernier celui qui est le numéro deux du gouvernement taliban, le mollah Abdul Ghani Baradar.
Le chef du bureau politique des talibans et le ministre "de facto" de la santé étaient présents lors de l'entretien. "Il faudra voir comment cela évolue, mais c'était un bon entretien de départ", ajoute Peter Maurer dans un entretien diffusé par Le Matin Dimanche.
Il s'est également rendu dans des capitales provinciales, à Kandahar et à Lashkar Gah, où il a parlé avec d'autres délégations de talibans. "J'ai été plutôt impressionné par leur professionnalisme". Ils avaient une bonne connaissance du secteur de la santé et disaient vouloir trouver la meilleure manière de servir la population, souligne Peter Maurer.
Les employées du CICR au travail
Le président du CICR assure que les femmes employées par l'organisation peuvent pour l'instant continuer à travailler comme avant. "J'ai beaucoup insisté auprès du mollah Baradar pour que nos employées et celles du Croissant-Rouge puissent poursuivre leurs missions. Dans une large mesure, ce principe est respecté".
Selon Peter Maurer, beaucoup d'Afghans lui ont dit être plus en sécurité actuellement qu'il y a deux mois. "La violence et l'insécurité qui duraient depuis de longues années semblent être arrivées à un terme" en Afghanistan. Il relève une certaine ambivalence. "Les gens avec qui je parlais ressentent à la fois de la peur et du soulagement".
Depuis 30 ans sur place
Le CICR possède des bureaux à Kaboul, Kandahar et Lashkar Gah. Il entretient le dialogue avec les talibans "depuis trente ans", précise Peter Maurer. Ses activités portent sur "des domaines cruciaux" pour la population, comme la santé, l'eau potable, les services de protection et l'assistance aux plus vulnérables.
Interrogé dans La Matinale de lundi, Peter Maurer relève encore qu'"on voit combien il était important qu'on soit là et qu'on fasse même une petite différence du jour au lendemain".
Le CICR discute avec les talibans depuis 30 ans: "C'est un mouvement qu'on connaît. On a un certain niveau de confiance mais en même temps on est toujours conscient que l'environnement politique peut tourner. Il faudra voir sur le long terme", a encore relevé le président du CICR, en soulignant que "les talibans ont réussi à rétablir un certain ordre sécuritaire qui est apprécié par une grande partie de la population".
Au micro de la RTS, Peter Maurer a encore rappelé que "trois crises se joignent en Afghanistan, un crise économique d'un pays en guerre depuis 40 ans, avec des destructions, des déplacements de population, une crise politique parce qu'un mouvement non étatique gouverne un pays et qu'il n'est pas encore reconnu pour le moment, une crise humanitaire qu'on voit à chaque coin de ce pays. Il est temps de focaliser son attention sur la population afghane qui est dans une situation misérable", a t-il conclu.
Pour cela, le CICR va demander 150 millions de plus que les 600 millions que prévoit de lever les Nations unies à la conférence internationale d'aide à l'Afghanistan, a encore révélé Peter Maurer.
nr/lan avec l'ats