Ces migrants sont arrivés depuis le Mexique à Del Rio, au Texas, en traversant le fleuve Rio Grande. De moins de 2000 en début de semaine, ils étaient plus de 14'800 samedi, selon les chiffres du maire de cette ville frontalière, Bruno Lozano.
Les images spectaculaires de ces migrants massés sous un pont, dans la chaleur, en attendant que les autorités ne passent leurs cas en revue ont poussé ces derniers jours l'opposition républicaine mais aussi des voix démocrates à exhorter Joe Biden à régler sans attendre la situation.
Rythme des expulsions accéléré
Le président américain est jusqu'ici resté silencieux mais samedi, son ministère de la Sécurité intérieure a annoncé "une nouvelle stratégie complète pour répondre" à ces arrivées massives.
Elle implique notamment d'"accélérer le rythme et augmenter la capacité des vols d'expulsions vers Haïti et d'autres destinations", dans les prochaines 72 heures.
Les ressortissants de ce pays pauvre et instable forment toujours une minorité des arrivées aux Etats-Unis, mais leur nombre augmente depuis plusieurs mois.
Aux troubles politique et à l'insécurité qui agitaient déjà Haïti s'est ajouté en août un séisme meurtrier qui a ravagé le sud-ouest du pays, tuant plus de 2200 habitants.
En 2010 déjà, après un tremblement de terre qui avait fait plus de 200'000 morts, de nombreux Haïtiens avaient quitté leur pays et s'étaient installés en Amérique latine. Mais trouver du travail et renouveler un permis de séjour est devenu compliqué pour des milliers d'entre eux, qui ont mis le cap vers le nord.
Etat d'urgence à Del Rio
Face à l'afflux de migrants, le maire démocrate de Del Rio a décrété un état d'urgence et fermé vendredi le pont à la circulation.
"Aujourd'hui il y a eu un changement important de stratégie", a-t-il salué devant les médias samedi. "La région de Del Rio reçoit beaucoup plus de moyens."
La police américaine des frontières, la CBP, a envoyé 400 agents supplémentaires afin "d'améliorer la surveillance de la zone", selon le ministère de la Sécurité intérieure.
Celui-ci a précisé qu'il menait déjà, avant samedi, "des expulsions ainsi que des vols vers Haïti, le Mexique, l'Equateur et les pays du triangle nord", Honduras, Salvador et Guatemala.
"La grande majorité des migrants continue à être expulsée" immédiatement en vertu d'une règle sanitaire adoptée au début de la pandémie pour limiter la propagation du virus, a précisé la Sécurité intérieure.
Un juge fédéral a toutefois ordonné jeudi au gouvernement de ne plus refouler les familles dans ce cadre, ce qui pourrait compliquer la tâche des autorités, déjà confrontées à des flux migratoires historiques à la frontière avec le Mexique. Vendredi, le gouvernement a fait appel de cette décision.
"Les frontières ne sont pas ouvertes"
L'administration Biden a rappelé "que nos frontières ne sont pas ouvertes et que personne ne devrait faire ce dangereux voyage", a ajouté le ministère, comme en réponse aux critiques des républicains qui accusent le président démocrate d'avoir provoqué une "crise migratoire" en assouplissant les mesures de son prédécesseur Donald Trump.
Plus de 1,3 million de migrants ont été interpellés à la frontière avec le Mexique depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche en janvier, un niveau inédit depuis 20 ans.
>> Lire aussi : Joe Biden fait face à l'afflux des migrants, sa première crise interne
afp/vic