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L'Australie dément avoir caché à la France sa volonté de renoncer à ses sous-marins

La crise des sous-marins entre la France, l'Australie et les États-Unis s'envenime
La crise des sous-marins entre la France, l'Australie et les États-Unis s'envenime / 19h30 / 2 min. / le 19 septembre 2021
Le Premier ministre australien a répliqué dimanche aux accusations de la France selon lesquelles elle aurait caché son intention de rompre son contrat d'achat de sous-marins. Pour lui, les doutes exprimés par l'Australie lors des négociations auraient dû alerter Paris.

La décision australienne d'annuler le contrat d'achat de sous-marins français en faveur de navires américains à propulsion nucléaire a suscité l'indignation de Paris. Dans un geste sans précédent, le président Emmanuel Macron a même rappelé les ambassadeurs de France en Australie et aux Etats-Unis.

>> Lire à ce sujet : Paris rappelle ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie après la crise des sous-marins

"Je pense qu'ils auraient eu toutes les raisons de savoir que nous avions de profondes et graves réserves quant au fait que les capacités du sous-marin de classe Attack ne répondaient pas à nos intérêts stratégiques. Nous avions clairement indiqué que nous prendrions une décision basée sur notre intérêt stratégique national", a déclaré le Premier ministre Scott Morrison lors d'une conférence de presse à Sydney.

"Je ne regrette pas la décision de faire passer l'intérêt national de l'Australie en premier. Je ne le regretterai jamais", a-t-il ajouté, déclarant qu'il aurait été "négligent" d'aller de l'avant contre les conseils des services australiens de renseignement et de la défense.

Autonomie et maintenance problématiques pour l'Australie

Le ministre de la défense Peter Dutton a de son côté insisté sur le fait que Canberra avait été "franche, ouverte et honnête" avec la France sur ses préoccupations concernant l'accord, qui a dépassé le budget et pris des années de retard. Il a précisé avoir personnellement exprimé ces préoccupations à son homologue française Florence Parly.

Les sous-marins à propulsion nucléaire américains finalement choisis ont notamment une plus longue autonomie que les sous-marins à propulsion conventionnelle (diesel-électrique) que l'Australie avait convenu d'acheter à la France.

Selon Peter Dutton, Canberra n'était en outre pas en mesure d'acheter des navires à propulsion nucléaire français en raison des opérations de maintenance qui doivent avoir lieu tous les dix ans et prévoient un rechargement du combustible nucléaire. Ce n'est pas le cas avec les sous-marins américains, ce qui justifie le choix de ces derniers, alors que l'Australie ne dispose d'aucune centrale nucléaire.

56 milliards envolés pour la France

Les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni avaient annoncé mercredi un partenariat stratégique pour contrer la Chine, AUKUS, incluant la fourniture de sous-marins américains à propulsion nucléaire à Canberra.

>> Plus de détails dans notre article : Nouvelle alliance stratégique entre l'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis

Cette annonce a sorti de fait la France du jeu, alors qu'elle avait pourtant signé en 2016 un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) pour la fourniture à l'Australie de 12 sous-marins à propulsion diesel. Cet achat était souvent qualifié de "contrat de siècle" en raison de son ampleur et de sa portée stratégique.

afp/vic

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Une "course aux armements nucléaires", estime la Corée du Nord

La nouvelle alliance américaine dans la région Asie-Pasifique et le récent contrat américain pour des sous-marins avec l'Australie pourraient déclencher une "course aux armements nucléaires" dans la région, a jugé lundi la Corée du Nord.

"Il s'agit d'actes extrêmement indésirables et dangereux qui vont troubler l'équilibre stratégique dans la région Asie-Pacifique et vont déclencher une course à l'armement nucléaire", a indiqué pour sa part l'agence de presse d'Etat nord-coréenne KCNA citant un responsable du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.

"Cela montre que les Etats-Unis sont le principal coupable qui met en danger le système international sur la non-prolifération nucléaire", a-t-on ajouté.

Entretien téléphonique Macron-Biden prévu

Le président américain Joe Biden a demandé un entretien à son homologue français Emmanuel Macron après la rupture du mégacontrat de sous-marins français par l'Australie. "Il y aura un échange téléphonique dans les tout prochains jours", a confirmé dimanche vers midi le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal.

Il y aura de la part d'Emmanuel Macron "une demande de clarification", a poursuivi Gabriel Attal sur la chaîne BFMTV. "On veut des explications" sur ce qui "s'apparente à une rupture de confiance majeure".

Un impact sur les relations de la France avec l'OTAN?

Sans aller jusqu'à évoquer une éventuelle sortie de l'alliance atlantique, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian a jugé que la crise des sous-marins pèserait sur la redéfinition des concepts fondamentaux l'OTAN prévue lors d'un prochain sommet à Madrid.

"Il y aura au prochain sommet de l'OTAN à Madrid l'aboutissement du nouveau concept stratégique. Bien évidemment, ce qui vient de se passer aura à voir avec cette définition", a estimé Jean-Yves Le Drian. L'amiral Rob Bauer, qui préside le comité miliaire de l'Alliance, a toutefois minimisé l'impact de cette affaire, jugeant qu'elle n'affecterait pas la "coopération militaire" au sein de l'OTAN.

Le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price a rappelé de son côté samedi l'importance de la relation franco-américaine. "La France est un partenaire vital et notre plus ancien allié, et nous estimons que notre relation est extrêmement précieuse" a-t-il assuré.

Une rencontre entre ministres de la Défense français et anglais annulée

La France a annulé une rencontre prévue cette semaine entre la ministre de la Défense Florence Parly et son homologue britannique Ben Wallace, après l'annulation par l'Australie d'un contrat de sous-marins français au profit d'un accord de sécurité avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont indiqué deux sources proches du dossier.

Florence Parly a pris personnellement la décision de renoncer à sa réunion bilatérale avec Ben Wallace, ont précisé les sources.

Le ministère français de la Défense n'a pas pu être joint dans l'immédiat pour un commentaire. Le ministère britannique de la Défense n'a pas souhaité commenter.