En France, le "phénomène Zemmour" pourrait rebattre les cartes à droite

Si officiellement il s'agit d'une rentrée littéraire, l'ambiance et les affiches "Zemmour 2022" imprimées par ses soutiens ne laissaient que peu de place au doute vendredi dernier à Toulon (Var).

"C'est la tradition française. Il y a un lien entre le journalisme, la littérature et la politique", clame l'idéologue qui, face à ses partisans réunis au Palais des Congrès, se compare notamment à Chateaubriand ou Tocqueville.

"Sauver la France de sa mort"

Son public était au rendez-vous pour acclamer un discours axé principalement sur le rejet de l'immigration et la défense de la "civilisation française", dans lequel Eric Zemmour agite notamment le spectre du "Grand remplacement", théorie complotiste prisée de l'extrême droite.

Acclamé comme un sauveur, l'essayiste controversé assume par ailleurs une absence totale de propos sur le social ou l'économie. Une opposition notable avec le discours du Rassemblement National incarné par Marine Le Pen, auquel il pourrait offrir une alternative directe.

"Il a expliqué que de toute façon, le jour où vous êtes mort, vous ne faites plus de projets. Là, on est en train d'essayer de sauver la France de sa mort. Le jour où elle sera sauvée, on fera d'autres projets", résume l'une de ses fans au micro de la RTS.

>> Interview de Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l'extrême droite, sur une potentielle candidature Zemmour :

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Une candidature crédible?

Alors qu'il admet cultiver tant que possible l'ambiguïté sur une probable candidature, Eric Zemmour savoure pour l'heure sa gloire médiatique, qui lui permet notamment de vendre son dernier livre, "La France n'a pas dit son dernier mot". Et d'être crédité par de récents sondages d'environ 10% d'intentions de vote à la présidentielle, un chiffre à relativiser toutefois dans la mesure où tous les candidates ou candidats ne sont pas annoncés.

Invitée dans La Matinale à réagir au "phénomène Zemmour" et à la situation de la droite française, la députée Les Républicains (LR) et vice-présidente de l'Assemblée nationale française Annie Genevard estime cependant que l'essayiste ne peut pas être un candidat crédible.

"Moi je crois que la politique exige un minimum d'expérience, particulièrement pour la présidentielle", estime-t-elle. Or si, d'après Annie Genevard, Eric Zemmour est un "polémiste brillant qui met le doigt sur un certain nombre de problèmes qu'il faut traiter", la députée du Doubs dit ne pas entendre chez lui "la capacité à bâtir un projet qui rassemble les Français et qui traite les problèmes".

"Ringardiser" Marine Le Pen

Celle qui est numéro deux de LR estime également qu'une potentielle candidature d'Eric Zemmour ne va pas péjorer son propre parti. "Ce qui est important, c'est que sa candidature contribue à ringardiser celle de Marine Le Pen", déclare-t-elle. "Les Français ont compris qu'elle ne serait jamais présidente, personne n'a oublié le débat humiliant avec Emmanuel Macron en 2017".

"Par conséquent, je pressens qu'Eric Zemmour fera sans doute plus de mal à Marine Le Pen qu'il ne peut en faire aux Républicains", projette ainsi Annie Genevard. Le premier tour de la présidentielle française aura lieu le 10 avril 2022.

>> L'interview complète d'Annie Genevard lundi dans La Matinale :

Reportage radio: Alexandre Habay

Texte web: jop