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Les talibans effacent les femmes de la totalité de leur gouvernement

Le chef de la police talibane du district, Shirullah Badri, se tient devant un drapeau taliban. Kaboul, le 20 septembre 2021. [Keystone/AP photo - Felipe Dana]
Collégiennes et lycéennes vont revenir en cours en Afghanistan / Le Journal horaire / 27 sec. / le 21 septembre 2021
Les talibans ont nommé mardi plusieurs ministres et complété ainsi la formation de leur gouvernement, qui ne comprend aucune femme ministre ni ministère des Femmes, a annoncé leur porte-parole, Zabihullah Mujahid.

Le nouveau régime afghan avait annoncé la première partie de son gouvernement, comprenant de nombreux responsables historiques du mouvement, le 7 septembre dernier, soit trois semaines après leur prise du pouvoir.

Ils ont ainsi réaffirmé leur ligne dure malgré le tollé international qui a suivi la présentation initiale d'un cabinet exclusivement masculin au début du mois.

Ce porte-parole a une nouvelle fois souligné mardi qu'il s'agissait d'une autorité de transition qui allait être renforcée à l'avenir. Lors de cette conférence de presse, il a encore affirmé que ce gouvernement comprenaient des membres de minorités ethniques, comme les Hazaras, et que des femmes pourraient être ajoutées ultérieurement.

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La communauté internationale a prévenu qu'elle jugerait les talibans à l'aune de leurs actes et que la reconnaissance d'un gouvernement dirigé par les talibans serait liée au traitement réservé aux femmes et aux minorités (lire encadré).

Zabihullah Mujahid s'est insurgé contre les conditions internationales de reconnaissance, affirmant qu'il n'y avait aucune raison de la refuser: "Il est de la responsabilité des Nations unies de reconnaître notre gouvernement [et] pour les autres pays, y compris les pays européens, asiatiques et islamiques, d'avoir des relations diplomatiques avec nous", a-t-il déclaré.

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agences/sjaq

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Un rapport d'ONG dénonce une "litanie d'abus" des talibans

Les talibans au pouvoir en Afghanistan "démantèlent de façon systématique les avancées en termes de droits humains obtenues ces 20 dernières années", dénoncent trois ONG dans un rapport publié mardi, listant une série d'exactions et d'abus survenus depuis mi-août.

"Les talibans ont tenté de persuader le monde qu'ils allaient respecter les droits de l'homme, mais les informations du terrain montrent une tout autre réalité", selon le rapport réalisé par Amnesty International, la Fédération internationale pour les droits de l'homme (FIDH) et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT).

Le rapport documente une "litanie" de violations des droits humains: intimidation et répression des femmes, des défenseurs des droits de l'homme, représailles contre les fonctionnaires de l'ancien gouvernement, atteintes à la liberté d'expression.

Basé notamment sur une dizaine de témoignages directs, le rapport couvre la période du 15 août, date de la chute de Kaboul aux mains des talibans, jusqu'au 12 septembre.

Collégiennes et lycéennes vont revenir en cours

Les collégiennes et lycéennes afghanes seront autorisées "aussi vite que possible" à retourner à l'école, a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement taliban, alors que les restrictions ciblant les femmes se sont multipliées ces dernières semaines en Afghanistan.

"Nous finalisons les choses (...) Cela se produira aussi vite que possible", a-t-il assuré concernant le retour des collégiennes et les lycéennes dans leurs établissements scolaires.

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Samedi, les talibans avaient appelé les garçons à retrouver leurs collèges et lycées, mais pas les filles, provoquant l'émoi au sein de la population afghane et de la communauté internationale, qui craint un retour au régime de fer des talibans des années 1990 qui interdisaient notamment aux femmes d'étudier ou d'avoir accès à la vie publique.

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Les cours dans les écoles afghanes avaient été interrompus à la mi-août à la suite du retour au pouvoir des talibans, à la faveur du retrait américain et de l'effondrement du gouvernement pro-occidental.

Le salaire des fonctionnaires

Les talibans ont assez d'argent pour payer les salaires des fonctionnaires afghans, mais ont "besoin de temps", a déclaré Zabihullah Mujahid.

Un mois après le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, de nombreux fonctionnaires se plaignent de ne pas avoir reçu de salaire depuis au moins deux mois.