A la veille de législatives indécises, Angela Merkel s'engage pour la CDU
- Après seize ans à la tête de l'Allemagne, la chancelière Angela Merkel s'apprête à quitter son poste. Mais qui va la remplacer dans un pays qui a profondément changé?
- Trois candidats principaux s'affrontent lors des législatives du 26 septembre. Armin Laschet, ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, se présente sous la bannière de la CDU-CSU, le parti d'Angela Merkel. Il est opposé au vice-chancelier et ministre des Finances, le social-démocrate Olaf Scholz, et à la cheffe de file des écologistes Annalena Baerbock.
- Dans les derniers sondages, la droite, composée de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) alliée au parti bavarois CSU, tourne autour de 20 à 23% des intentions de vote dans les sondages, contre 25 à 26% pour le SPD. Les Verts sont crédités de 15 à 17%.
- Selon le résultat de ces législatives, plusieurs types de coalition pourraient voir le jour et toutes les configurations semblent encore possibles.
Mobilisation pour le sprint final
A la veille du vote, la CDU y croit encore même si le parti est en retard dans les sondages. Le parti emmené par Armin Laschet a reçu un soutien accru d'Angela Merkel, qui avait initialement décidé de rester en retrait de la campagne électorale.
Avant de quitter la politique, la chancelière sortante ne ménage plus sa peine pour soutenir cet héritier désigné, mais mal aimé jusqu'au sein de l'Union conservatrice CDU/CSU.
Angela Merkel est samedi encore aux côtés d'Armin Laschet pour un dernier rassemblement dans le fief de ce dernier, à Aix-la-Chapelle, au coeur de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie dont il est président.
"Il s'agit de votre avenir, de l'avenir de vos enfants et de l'avenir de leurs parents et ce n'est que tous les quatre ans que vous avez l'occasion de décider au niveau fédéral qui doit façonner cet avenir pour vous à Berlin", a lancé la chancelière.
Vendredi, c'est à Munich qu'Angela Merkel était en première ligne lors d'un meeting où elle a exhorté à voter pour le leader de la CDU, garant de cette "stabilité" si chère à la première puissance économique de l'UE.
Du côté des sociaux-démocrates, Olaf Scholz a clamé vendredi qu'il était le visage du "renouveau pour l'Allemagne". Et samedi, lors d'un ultime meeting dans sa circonscription de Potsdam, il a tenté de mobiliser les hésitants en promettant le "changement".
Avec son flegme habituel, qui confine à l'ennui selon ses détracteurs, il a promis une hausse du salaire minimum et a adressé un clin d'oeil appuyé aux nombreux jeunes qui ont manifesté la veille pour le climat et qui ont selon lui le mérite de "mettre le doigt sur la plaie".
Les inondations et le climat au coeur de la campagne
La question climatique a été au centre des débats dans cette campagne. Cet été, l'Allemagne a été endeuillée par de tragiques inondations, qui ont fait plus de 180 morts et des dizaines de milliards de francs de dégâts.
Les sinistrés attendent désormais de l’aide pour financer la reconstruction.
Angela Merkel laisse une empreinte profonde dans les dossier européens
En tant que chancelière, Angela Merkel a vu défiler 4 présidents américains et 4 français, 5 Premiers ministres britanniques, 8 ou 9 Premiers ministres italiens (dont 2 fois Silvio Berlusconi).
Grâce à sa longévité politique et parce qu’elle dirige le plus grand pays du continent , elle a eu une influence décisive sur les dossiers européens.
La "génération Merkel" mobilisée en vue du scrutin
Ils ont moins de 25 ans et aucun souvenir de l’avant, de ce temps lointain où Angela Merkel n’était pas chancelière. Grâce à elle, ils ont grandi dans une économie stable - la première puissance européenne. Pour cette génération Merkel, cette élection, c’est un grand saut dans l’inconnu.
"Si Angela Merkel restait à son poste, ce serait rassurant pour nombre d’entre nous… D’abord parce qu’on la connaît bien et depuis longtemps et puis surtout, parce que ça a plutôt bien fonctionné toutes ces années", exprime Dennis Renkel, apprenti.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Angela Merkel, le chômage des jeunes a baissé de 15,5 à 6%. Pendant la crise migratoire, les moins de 30 ans ont été le plus favorables à l’accueil des réfugiés.
Mais cette génération s’inquiète aussi pour l’avenir de la planète. L'Allemagne dit au revoir au nucléaire, mais la sortie du charbon n’est prévue que pour 2038, et les énergies renouvelables ont pris du retard. Pour ces jeunes qui s’identifient plus à Greta Thunberg qu’à Angela Merkel, le bilan de la chancelière est donc plus mitigé.
Près de 3 millions de primo-votants sont appelés aux urnes cette année. Brenda Geckil, influenceuse, fait partie d’un collectif qui décrypte la politique pour 70'000 abonnés. Selon elle, le départ annoncée d’Angela Merkel a provoqué un sursaut. "Elle ne se présente plus, alors forcément son départ marque une césure et un changement. Beaucoup de jeunes électeurs se disent: c’est maintenant ou jamais, nous devons participer à cette décision, parce qu’il s’agit de notre avenir."
Une jeunesse prête à se mobiliser ce dimanche 26 septembre: selon un sondage de l’institut Forsa, 85% des primo-votants veulent se déplacer aux urnes.
Portrait croisé des quatre candidats
L’issue des élections allemande est plus incertaine que jamais. Il faudra peut-être trois partis et non pas deux comme c’est traditionnellement le cas en Allemagne pour former le futur gouvernement. Les tractations, après le 26 septembre, devraient durer aussi longtemps que la campagne électorale.
Le 19h30 a dressé les portraits croisés d'Armin Laschet, candidat de l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU), d'Annalena Baerbock, la candidate écologiste (Bündnis 90 / Die Grünen), et d'Olaf Scholz, le candidat social-démocrate (SPD).
Prise de température à Constance, fief du centre-gauche
A Constance, petite ville universitaire collée à la Suisse, la campagne pour les élections fédérales allemandes s’affiche partout. Ici, la population vote majoritairement centre-gauche.
Alors forcément, après 16 ans de règne d’Angela Merkel à la tête de l’Allemagne, beaucoup aspirent au changement. Les derniers sondages donnent le candidat du centre-gauche Olaf Scholz gagnant. Le scrutin, lui, s'annonce serré.
Le dernier débat
Marquant la fin de la campagne électorale, un dernier débat télévisé entre les représentants des partis présents au Bundestag s'est tenu jeudi soir. Et il ne devrait pas changer la donne sur cette élection indécise.
Très modéré comme à son habitude, le social-démocrate Olaf Scholz n'a pas commis d'erreur et le conservateur Armin Laschet n'a pas fait d'étincelles. De grands thèmes de fond ont été abordés durant ce débat policé: climat, logement, pauvreté, Europe. Et le mot "migration" n'a été prononcé qu'une seule fois, au détour d'une phrase.
Consensus sur l'Europe
"Quand tout le monde parle, personne ne dit rien", a résumé l'hebdomadaire Der Spiegel au terme des 90 minutes d'échanges. Cet ultime rendez-vous télévisé a toutefois livré des enseignements sur les futures orientations diplomatiques de la première puissance économique européenne, un sujet jusqu'ici peu présent dans la campagne électorale.
Un consensus semble ainsi se former sur la nécessité de renforcer la "souveraineté européenne", des termes utilisés par les deux favoris. Dans un "monde qui comptera bientôt 10 milliards de personnes", il est important de façonner une "Union européenne forte, car sinon nous ne jouerons pas de rôle", a prévenu Olaf Scholz, actuel vice-chancelier.
"Nous avons besoin de plus d'Europe, nous devons parler d'une seule voix, nous devons lancer des projets communs et des projets d'armement afin d'être en mesure d'agir une fois que les Etats-Unis se seront retirés, et c'est une tâche que le prochain gouvernement devra accomplir", a renchéri son adversaire Armin Laschet.
L'écart se resserre
Ce débat est aussi l'occasion de faire le point sur cette campagne: au printemps dernier, le candidat de la CDU Armin Laschet était en tête et tout le monde pensait que c'était joué d'avance pour la chancellerie.
Mais les Verts ont ensuite désigné leur candidate, Annelena Baerbock: cette ancienne championne de trampoline s'est alors propulsée en tête dans les sondages, au point que l'on a pensé la voir atterrir elle aussi dans le fauteuil de chancelière.
Et puis l'outsider, celui à qui personne ne donnait la moindre chance il y a encore deux mois, Olaf Scholz, a pris la tête: celui que son propre parti ne voulait même pas élire au poste de président en 2019 est devenu le favori.
Selon un sondage de ZDF publié jeudi soir, l'écart s'est encore resserré entre les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz, légèrement en tête avec 25%, et les chrétiens-démocrates d'Armin Laschet, crédités, avec 23%, d'un score historiquement bas.
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Qui élit-on dimanche? Les enjeux des élections allemandes
On vote dimanche en Allemagne, mais on ne vote pas pour le chancelier ou la chancelière directement, mais pour le Parlement.
Comme tous les quatre ans, il s’agit de renouveler les députés du Bundestag, la Chambre basse du Parlement et le cœur de la démocratie allemande.
Le Bundestag se réunit au Palais du Reichstag, à Berlin. Il vote les lois, contrôle l’action du gouvernement, et élit le chancelier fédéral.
Element particulier, on ignore combien de députés seront élus, et on ne le saura qu’à l’issue du scrutin.
Accords de coalition nécessaires
Il y a 299 circonscriptions électorales, et chaque citoyen dispose de 2 voix: l’une pour élire un candidat de sa circonscription, l’autre pour voter pour un parti politique de son choix.
Cela donne en théorie 598 députés. Mais des mandats supplémentaires sont accordés aux partis, selon un calcul proportionnel, pour que le Bundestag soit représentatif du vote des électeurs. En 2017, ce sont ainsi 709 députés qui ont été élus. Cette année, ils pourraient être encore plus nombreux.
Ensuite, des accords de coalition sont nécessaires pour former une majorité et désigner le gouvernement. Alors à moins d’une victoire très nette d’un parti, il faudra certainement patienter un peu avant de connaître le nom du futur chancelier… ou chancelière.
La "Silicon Saxony", symbole du rattrapage d’une région de l’Est
Sur une simple colline en banlieue de Dresde se dresse un pôle stratégique pour la région et au-delà: surnommé la "Silicon Saxony" en référence à la Silicon Valley, il s'agit du pôle de compétences en microélectronique de la Saxe. Ici, on fabrique des semi-conducteurs, ou puces électroniques, essentiels pour de nombreux objets de notre quotidien, comme les smartphones, consoles de jeux ou autres voitures. Ce produit de haute technologie est sous la pression d’une très forte demande depuis le début de la pandémie.
Chez GlobalFoundries, un des géants du secteur, l’usine tourne à plein régime. Yvonne Keil y travaille depuis 2004. Elle est également membre du conseil d’administration du réseau "Silicon Saxony". Elle explique le succès de la région par un écosystème tourné vers l’industrie. "A Dresde, nous avons sous la main les fournisseurs de produits chimiques et les autres fournisseurs dont nous avons besoin", explique la responsable de l’approvisionnement global de GlobalFoundries. "Et bien sûr, nous avons les bonnes personnes sur place. Les universités nous fournissent des diplômés spécialisés et la recherche dont nous avons besoin."
A 2 kilomètres de là, Bosch vient de réaliser l’investissement le plus important de son histoire: près d’un milliard d’euros dans un nouveau site de production de semi-conducteurs. Le projet est soutenu par l’Allemagne et l’Union européenne, dans le cadre du programme "Projet important d’intérêt européen commun".
Car le défi pour Bruxelles est désormais de renforcer sa souveraineté technologique face aux concurrents américains et asiatiques. D’ici 2030, l’UE veut produire en valeur au moins 20% des puces électroniques de la planète. Pour la Saxe, une occasion à saisir pour continuer à se profiler comme symbole du redressement d’une région de l’Est. Car cette Allemagne de l’Est n’a pas encore réussi le pari du rattrapage économique vis-à-vis de l’Ouest.
Une élection haute en couleurs
Une séquence mode d'emploi sur la politique allemande, à trois jours des élections fédérales.
Les analystes allemands utilisent en effet souvent de drôles de noms pour nommer les coalitions qui pourraient gouverner le pays. On entend ainsi parler de Jamaica, de Kenya, de feu tricolore...
Explications: la couleur de la CDU (le parti conservateur d'Angela Merkel), c'est le noir. Celle du SPD, parti social démocrate, c'est le rouge. Plus à gauche encore, rouge foncé: Die Linke. Les Verts, forcément vert. Et les Libéraux du FDP, le jaune.
A partir de là, on peut commencer les mélanges: la première coalition qui semble aujourd'hui la plus probable est la "coalition feu tricolore", rouge-jaune-vert, SPD-Libéraux-Verts, parce que selon les sondages, Olaf Scholz arrive en tête (SPD/Rouge), et les Verts devraient faire un bon score, or ce sont deux partenaire assez naturel (qui ont déjà gouverné ensemble). A cela s'ajouteraient les Libéraux (donc jaune).
Le FDP, proche des milieux économiques, n'est pas forcément un partenaire naturel des deux précédents, mais les divergences de programme sont surmontables (surtout s'il s'agit de décarboner l'économie allemande). C'est donc une coalition qui peut fonctionner: feu tricolore.
Jamaïque et Kenya
Deuxième option: la coalition jamaïcaine, en référence au drapeau de la Jamaïque, noir-vert-jaune. Donc: la CDU, les Verts et les libéraux du FDP. Ce serait actuellement l'option la plus vraisemblable pour le candidat conservateur Armin Laschet, même s'il arrive second dimanche. Conservateurs et libéraux ont déjà gouverné ensemble.
L'intérêt des Verts, dans cette constellation, est de pousser sur la sortie du charbon par exemple, donc d'être moteur. En 2017, cette coalition avait failli voir le jour, mais les libéraux avaient rompu les négociations. Là, ils ne pourraient pas se permettre d'être à nouveau à l'origine d'un échec.
Et il y a encore un autre drapeau, celui de la "coalition kenyane", avec le rouge-noir-vert, en fait une grande coalition CDU/SPD avec les Verts, mais les Allemands n'en veulent pas. Donc peu de chance pour ce drapeau.
Il reste encore " rouge-rouge-vert", donc coalition de gauche, (SPD die Linke et les Verts), trois partis qui ont le plus de choses en communs dans leur programme, mais certaines positions de Die Linke en politique étrangère et sécurité (sortie de l'Otan) rendraient les négociations difficiles. Ce serait donc plutôt une carte joker d'Olaf Scholz.
Cette extrême droite qui persiste à l’Est
Un samedi après-midi à la météo capricieuse à Nordhausen, bourgade de Thuringe. Le parti d'extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) y organise une "fête civique", un événement électoral en musique et en discours. Le nouveau thème fort de l’AfD, l’opposition aux mesures sanitaires, est abordé, mais on n’oublie pas l’immigration, la thématique de prédilection du parti, aujourd'hui marginalisée dans la campagne.
Tatiana et Maik font partie des convaincus. Les deux amis écoutent attentivement et se prennent en photo avec les stars du jour. Ces habitants de Nordhausen s'inquiètent des potentiels abus des réfugiés et de leur avenir économique. "Bien sûr, il est normal que les gens qui fuient la mort trouvent refuge ici. Mais il faut que cela soit fait correctement. J'ai beaucoup d’amis étrangers, mon beau-frère est musulman. Mais moi j'ai honte des personnes qui viennent en Allemagne et qui exploitent le système", déclare Tatiana. Tatiana, Maik et bien d’autres insistent: "l'AfD n’est pas raciste, elle est réaliste", entend-on.
A Dresde, capitale de la Saxe, Pegida défile dans les rues de la ville chaque lundi soir. Et chaque lundi soir, les mouvements anti-fascistes organisent leur contre-manifestation. Ici, la résistance est incarnée par Rita Kunert, membre du parti de gauche radicale die Linke. A 60 ans, la Dresdoise gère une agence de voyage le jour et organise des défilés le soir. Elle a entendu les arguments de l’extrême droite à maintes occasions. Elle dénonce un double langage. "Ils prêchent l’eau et boivent le vin. Ils utilisent un langage simple pour intéresser l’électorat, mais ne comptent pas améliorer la vie des gens d’une quelconque manière", estime la militante.
Popularité très locale à l'Est
Et en Thuringe, ils sont de nombreux déçus de la réunification à vouloir voter AfD. Le parti d’extrême droite est donné premier dans les intentions de vote, selon le sondage Insa, suivi de près par les sociaux-démocrates.
Même situation dans la Saxe voisine, berceau du mouvement d’extrême droite Pegida. L'AfD y est créditée de 26% des suffrages, devant les conservateurs et le SPD à 18%.
Mais si dans ces Länder d'ex-Allemagne de l'Est, l'AfD se maintient, la situation est tout autre au niveau national. Le parti est crédité de 10 à 11% des suffrages dans les sondages. Soit moins bien que lors des précédentes élections fédérales en 2017.
L’Allemagne a mal à son système dual
Smartphone, vélo ou abonnement Netflix offerts : dans certains Länder allemands, les entreprises rivalisent de cadeaux pour attirer les candidats et candidates à l’apprentissage.
A Oberjoch, station des Alpes bavaroises qui fait le bonheur des fans de randonnée en ce mois de septembre, Pascal Woerlé a mis en place un système de primes pour les jeunes qui travaillent dans son hôtel. "Les apprentis qui ont une moyenne particulièrement bonne reçoivent un bonus de 440 euros. Avant, nous offrions avant tout des iPad, des fatbikes ou des iPhones aux meilleurs. Mais souvent, les apprentis nous disaient qu’ils avaient déjà un smartphone et qu’ils n’en avaient pas besoin", explique-t-il dans le 19h30.
Car en Bavière, les jeunes manquent cruellement dans les entreprises. Au début du mois, plus de 30'000 postes d’apprentis n’étaient pas encore pourvus, selon les chiffres des autorités.
Un problème qui n’est pas nouveau en Allemagne. Population vieillissante, concurrence des formations universitaires et salaires peu attractifs sont généralement pointés du doigt. Et la crise du coronavirus a encore aggravé le phénomène. Le nombre de nouveaux apprentissages a ainsi baissé de 9,4% en 2020 par rapport à l’année précédente.
"A cause de la crise du Covid, c’était difficile de trouver de bons candidats l’année passée", confirme à Munich Tobias Loreth, responsable de la formation en entreprise chez Johnson Controls. "Nous avons essayé de participer à des événements de recrutement virtuels, mais il manquait le côté relationnel."
Pour soutenir ce système dual en souffrance, le gouvernement allemand a débloqué pour 2021 une enveloppe de 500 millions d’euros destinée aux entreprises. Mais en attendant des réformes sur le long terme, certains secteurs, comme celui de la métallurgie, appellent à offrir de meilleures opportunités à celles et ceux qui ont davantage de mal à entrer sur le marché de l’apprentissage, comme les personnes en situation de handicap et les réfugiés.
Quel impact sur la scène culturelle berlinoise?
Avec son clavier et ses samplers, DJ Quarion, alias le Genevois Yanneck Salvo, établi à Berlin depuis 15 ans, va suivre ces élections attentivement. Pour lui, la fin de l'ère Merkel est aussi une plongée dans l'inconnu, car la Chancelière incarnait également le soutien et la défense des milieux culturels berlinois.
En fin d'émission, DJ Quarion a rejoint ses machines pour interpréter l'un de ses morceaux extrait de son premier album "Shades", publié chez le label Drumpoet.
Vers une Allemagne de gauche ?
À cinq jours des premières élections fédérales allemandes au résultat ouvert depuis 16 ans, l'émission spéciale de Forum se prête au jeu des pronostics avec trois journalistes, Angela Ulrich, de la radio publique berlinoise RBB, Helène Bubrowksi, du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, et Blandine Milcent, correspondante de la RTS en Allemagne.
L'économie allemande, une réussite et ses zones d'ombre
L'Allemagne, malgré la crise l'Euro, la pandémie ou encore les inondations, reste le moteur économique de l'Europe. Pourtant, lorsque Angela Merkel est arrivée au pouvoir en 2005, on disait du pays qu'il était le "cheval malade de l'Europe". Depuis, le chômage a été divisé par deux, la dette a baissé en dessous de 60% du PIB et l'Allemagne est la quatrième puissance économique mondiale.
Mais ces résultats ont été obtenus à travers une grande rigueur budgétaire, qui a un fort impact sur la qualité des infrastructures, mais surtout sur la précarité, qui a fortement augmenté. Aujourd'hui, 16% de la population allemande figure sous le seuil de pauvreté, tandis que cette proportion était de 11% en 2005.
Pour faire un état des lieux de l'économie allemande post-pandémie, Forum accueille mardi soir Mathis Menzel, chef d'une entreprise de moteurs électriques actuellement en plein boom. Pour lui, si Angela Merkel a bénéficié de la continuité des réformes du marché du travail de son prédécesseur Gerhard Schröder, elle a contribué à créer la stabilité pour favoriser l'investissement des entreprises.
Un pays au coeur des affaires européennes
Ces élections fédérales joueront un rôle important dans l'avenir de l'Union européenne, car le poids de l'Allemagne y est considérable, tant en termes politiques que budgétaires. Les orientations allemandes sur des sujets tels que la politique économique, la question migratoire ou encore les enjeux climatiques devraient ainsi contribuer à définir la direction que prendra l'UE ces prochaines années.
Si les candidats de la coalition gouvernementale qui briguent le poste de Chancelier sont tous trois pro-européens, des différences subsistent entre eux sur le rôle qu'a pu jouer l'Allemagne de Merkel durant les dernières années et sur l'orientation future de l'UE.
Tour d'horizon des enjeux continentaux dans l'émission spéciale de Forum avec trois politiciens allemands, le chrétien-démocrate Sebastian Hass (CDU), le social-démocrate Markus Frenzel (SPD) et le sympathisant des Verts Jens Althoff.
Une stabilité à toute épreuve
Depuis 2005, année de l'élection d'Angela Merkel, la vie politique allemande est marquée par la stabilité.
Le fruit d'une politique de "l'extrême-centre", avec en tête la CDU de la chancelière. De quoi sera fait l'avenir politique de l'Allemagne? Quels équilibres pour répondre aux défis de demain?
L'émission Forum ouvre la discussion avec Sebastian Hass, membre de la CDU, Markus Frenzel, représentant du SPD, et Jens Althoff, membre des Verts.
Des relations étroites avec la Suisse
Interrogé dans l'émission Forum mardi, l'ambassadeur de Suisse en Allemagne, Paul Seger, rappelle l'importance des relations entre les deux pays.
"Les relations avec nos partenaires allemands sont toujours extrêmement étroites. Nous avons eu récemment la visite de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Il y a constamment des délégations. Je sens beaucoup de sympathie pour la Suisse", explique le diplomate.
Selon Paul Seger, cela ne changera pas après les élections. "Je suis convaincu que cette stabilité dans nos relations politiques, économiques et culturelles va rester", indique Paul Seger.
"L'importance de l'économie allemande pour la Suisse est absolument cruciale. Les échanges commerciaux s'élèvent à 100 milliards de francs suisses par année", ajoute l'ambassadeur.
Emission spéciale de Forum
Dans cinq jours, les Allemands et les Allemandes choisiront qui va succéder à Angela Merkel. C'est une page qui se tourne dans l'histoire récente de ce pays limitrophe de la Suisse. Forum propose ce mardi une émission spéciale en direct de Berlin, une plongée dans l'Allemagne d'aujourd'hui et de demain.
Claire Demesmay, chercheuse au centre franco-allemand Marc Bloch, est l'invitée fil rouge du programme.
"Quand on est habitué à la stabilité allemande, quand on regarde une chancelière qui est au pouvoir depuis 16 ans, cette élection est en quelque sorte un saut de l'inconnu. Mais cela ne signifie pas forcément l'instabilité, la rupture absolue. Ce pays a un système institutionnel qui favorise la stabilité", déclare-t-elle.
Quelle place pour l'Allemagne dans le monde?
Durant la campagne, la place du pays en Europe et dans le monde a finalement été quasiment absente des débats. Mais comment expliquer un tel vide?
"L'Allemagne, puissance numéro 1 en Europe, ne veut pas assumer son rôle de puissance", explique Gilbert Casassus, professeur au centre d'Etudes européennes à l'Université de Fribourg. "Ne voulant pas assumer son rôle de puissance, le débat autour de la place de l'Allemagne dans le monde a été volontairement mis sur la touche par quasiment tous les partis."
Pour le professeur, les Allemands se "savent forts", mais ne veulent pas montrer leur force vis-à-vis de l'extérieur. "Ce faux-semblant permet de faire preuve de solidarité vis-à-vis des autres, mais aussi de se renforcer par rapport aux autres pays."
Durant les seize ans d'Angela Merkel au pouvoir, l'Allemagne a réussi à surmonter sa propre division entre l'Est et l'Ouest, un beau succès, juge le spécialiste, mais aussi à créer une division entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud, qui restera l'un des aspects négatifs de l'époque Merkel.
Roger de Weck: "faire des pronostics serait véritablement hasardeux"
Pour Roger de Weck, ancien rédacteur en chef de "Die Zeit" et ancien directeur général de la SSR, il serait véritablement "hasardeux" de faire des pronostics quant aux résultats des élections du 26 septembre en Allemagne.
Ce spécialiste de la vie politique allemande estime toutefois que les Verts vont doubler leur nombre de sièges et que la CDU-CSU va de son côté perdre environ un tiers de ses électeurs. Malgré ces estimations, Roger de Weck souligne que les résultats des chrétiens-démocrates et des sociaux-démocrates resteront "dans un mouchoir de poche".
Un recul lié aux thèmes de campagne
Pour le journaliste, la pandémie de coronavirus a renforcé quatre thèmes qui ne font pas partie des thèmes de prédilection des chrétiens-démocrates, ce qui est susceptible d'expliquer leur recul prévisible.
En effet, la pandémie a particulièrement mis en avant la question de l'écologie et du changement climatique, que certains qualifient même de "pandémie au ralenti", la question de la lutte contre les inégalités, accrues encore par la crise du Covid, la question de l'égalité entre les sexes, puisque les femmes ont payé un prix encore plus fort, ainsi que la question de l'anti-racisme, soutenue par le mouvement Black Lives Matter, d'abord aux Etats-Unis puis en Europe.
Un capital de sympathie dilapidé
Comme les thématiques dominantes n'étaient pas au coeur du projet politique de la CDU-CSU, les chrétiens-démocrates ont tenté de faire campagne sur leur "capital-sympathie" issu de la période Merkel, un capital rapidement dilapidé par les erreurs du candidat Armin Laschet.
Pour Roger de Weck, il semble probable que l'Allemagne devra être, pour la première fois, dirigée par une coalition issue de trois partis, ce qui augure d'une période de transition qui se comptera certainement en semaines, voire en mois durant lesquels Angela Merkel se trouvera encore à la tête du pays.
Quand l'Allemagne va devoir couper le cordon avec "Mutti"
Après 16 années de gouvernement, la popularité d'Angela Merkel reste très élevée, de quoi rendre jaloux un certain nombre d'autres dirigeants.
"Angela Merkel est considérée par les électeurs comme une créature qui plane au-dessus des partis, une instance supérieure", explique le psychologue et auteur à succès Stephan Grünewald. "On a l'impression qu'elle surplombe les camps politiques, pure de toute vanité personnelle, sans passion ni hobby, on a l'impression qu'elle n'est là que pour le pays et pour les gens."
Nécessaire de couper le cordon
Mais que va-t-il se passer après Merkel? Pour le psychologue, il va falloir que les Allemands coupent le cordon.
"Cette sollicitude toute maternelle qui disait aux Allemands 'vous n'avez pas besoin de vous occuper de politique car je m'en occupe, vivez votre vie l'esprit tranquille', c'était à la fois une bénédiction, mais en même temps un problème de ces législatures Merkel", décrypte Stephan Grünewald. "Car aujourd'hui nous sommes confrontés à des défis du siècle, le changement climatique, mis en relief par les inondations, ou la crise du coronavirus, dans laquelle nous nous trouvons toujours. Chacun d'entre nous est sollicité. La solution d'avant, qui consistait à tout déléguer à Mutti, qui va bien s'en charger, ne fonctionne plus. Et c'est une chance maintenant pour s'émanciper."
Une transition qui reste dépendante du charbon
Aujourd'hui, un quart de l'électricité du pays est toujours produite à partir de charbon. L'Allemagne dépend également du nucléaire et du gaz naturel.
Les énergies renouvelables progressent, elles représentent déjà plus de la moitié de la production, mais il en faudra bien plus pour compenser l'arrêt du nucléaire l'année prochaine et la fin du charbon d'ici 2038.
L'Allemagne mise dès lors beaucoup sur l'éolien. Le nord du pays est pionnier en la matière, avec des éoliennes installées sur terre et désormais en mer. Malgré tout, l'Etat a décidé de plafonner les investissements en mer, pour éviter de renchérir le coût de l'électricité.
Durant plusieurs années, aucune nouvelle installation ne sera érigée dans les eaux allemandes. L'industrie de production d'éoliennes tourne donc au ralenti et doit même se séparer d'une partie de son personnel.
La transition énergétique, un vrai défi pour l'Allemagne de demain
Il y a un sujet sur lequel les trois candidats à la chancellerie s'entendent: la lutte contre le réchauffement climatique.
L'Allemagne s'est en effet lancé un triple défi: renoncer au nucléaire dès l'année prochaine, mettre un terme à l'exploitation du charbon d'ici 2038, voire 2035 et, d'ici moins de dix ans, réduire les émissions de gaz à effet de serre de presque deux tiers par rapport à 1990.
Le pays s'est donné des moyens - grâce à plusieurs plans d'investissements, de prêts ou encore de subventions - dans des domaines comme celui des énergies alternatives, de l'efficacité énergétique et le développement de nouvelles technologies. Impossible de donner un chiffre concret, parce que le suivi des flux financiers servant aux objectifs climatique n'est pas une obligation légale en Allemagne, mais on évoque des centaines de milliards sur des dizaines d'années.
Un dernier débat favorable à Olaf Scholz
Le social-démocrate Olaf Scholz a consolidé dimanche son statut de favori à la succession d'Angela Merkel. Il s'est imposé lors du dernier grand débat télévisé des trois principaux candidats, à une semaine d'élections législatives mal engagées pour les conservateurs de la chancelière.
Le ministre des Finances et vice-chancelier social-démocrate a été désigné par 42% vainqueur de cette joute en soirée l'opposant au chef de file des conservateurs, Armin Laschet, et à celle des écologistes, Annalena Baerbock, selon un sondage Forsa.
Cet homme de 63 ans, sans grand charisme mais rassurant, avait déjà remporté les deux précédents débats télévisés, se posant en gestionnaire expérimenté et posé.
Avec son profil d'homme sérieux, compétent, un brin austère, Olaf Scholz ne sera pas l'homme de la rupture, estime Jutta Koehn, membre du SPD Hambourg et ancienne secrétaire d’Etat à Berlin pour le land de Rhénanie du Nord-Westphalie.
Droite en difficulté
Armin Laschet, qui n'a plus beaucoup d'atouts en main désormais pour renverser la tendance, n'a convaincu que 27% des sondés. Le Rhénan de 60 ans a échoué à déstabiliser son principal adversaire, et a même semblé parfois perdre le fil sur les thèmes sociaux, lâchant un malheureux "je n'ai pas compris" après une intervention de l'écologiste Annalena Baerbock. Cette dernière n'a recueilli que 25% d'avis favorable.
La droite, composée de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) alliée au parti bavarois CSU, tourne autour de 20 à 22% des intentions de vote dans les sondages, contre 25 à 26% pour le SPD. Les Verts sont crédités de 15 à 17%.
Ce qui semblait impensable il y a encore quelques semaines paraît donc désormais de plus en plus probable: la droite allemande de la chancelière risque de devoir retourner dans l'opposition pour la première fois depuis 2002.
L'Allemagne face à l'inconnu après le départ d'Angela Merkel
C'est un tournant dans l'histoire européenne. Après seize ans au pouvoir, un record de longévité, la chancelière allemande Angela Merkel va tirer sa révérence. Les élections du 26 septembre prochain ouvrent le champ de tous les possibles.
Angela Merkel et le bilan de 16 ans au pouvoir en Allemagne
La chancelière allemande Angela Merkel va se retirer de la scène politique après les élections du 26 septembre prochain. Alors qu'en 2005 tout le monde doutait de ses capacités à durer, elle est aujourd'hui au sommet de sa popularité.
Surnommée "Mutti" par les Allemands et les Allemandes, la figure rassurante du pays s'en va, laissant la population dans l'incertitude.
Retour sur les 16 ans de la chancelière à la tête du gouvernement allemand. Une série proposée dans Tout un monde par Blandine Milcent.