D'après Mohammad Mohaqiq, chef de la communauté hazara actuellement en exil, quelque 800 familles ont été expulsées dans le district de Gizab, qui appartient à la province de l'Oruzgan (centre) et est frontalier avec celle du Daykundi, très peuplée de Hazaras.
"Le gouverneur taliban du district (...) a mentionné que la force militaire pouvait être utilisée si nécessaire, et que si les expulsés voulaient se plaindre, ils pouvaient ensuite aller devant la justice", a-t-il écrit sur Facebook, mettant en garde contre une "catastrophe humanitaire".
Des terres fertiles convoitées
Plusieurs habitants contactés par téléphone par l'AFP ont confirmé l'information, appelant les autorités à les aider. Selon eux, des Pachtounes, l'ethnie dont sont principalement issus les talibans, convoitent leurs terres et se servent des islamistes pour se les approprier.
D'après un ancien du district, les talibans sont arrivés dans des pick-ups et ont ordonné aux Hazaras de quitter des terres qu'ils occupent selon eux illégalement.
Mais ces terres étaient infertiles il y a 40 ans et elles ne sont devenues verdoyantes que grâce au travail des Hazaras, a protesté un autre villageois.
Crainte de redevenir une cible
Les Hazaras, qui représentent entre 10% et 20% des 38 millions d'Afghans, ont été marginalisés par les sunnites pour leur foi majoritairement chiite, dans un pays régulièrement en proie à des divisions religieuses et ethniques.
Des milliers d'entre eux ont été abattus par les talibans lorsque ceux-ci ont pris le contrôle du pays à la fin des années 1990. Ces dernières années, les Hazaras ont péri par centaines lors d'attentats-suicides dans Kaboul, généralement revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique, qui les considère comme des hérétiques.
Nombre de Hazaras craignent de redevenir la cible des nouveaux maîtres du pays, qui ont nommé l'un des leurs au poste de ministre délégué à la Santé dans leur gouvernement intérimaire pour les rassurer.
agences/vajo
L'UE propose la création d'un rapporteur de l'ONU sur l'Afghanistan
L'UE entend faire adopter lors de la session en cours du Conseil des droits de l'homme de l'ONU une résolution établissant la création d'un rapporteur sur l'Afghanistan, selon un document mis en circulation vendredi.
Ces dernières semaines, l'Union européenne et la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet ont réclamé que le Conseil - en session jusqu'au 8 octobre - lance un mécanisme de surveillance des violations des droits humains en Afghanistan. Certains pays, dont le Pakistan, ont toutefois fait part de leurs réticences à la mise en place d'un mécanisme d'enquête.
Devant le Conseil, le nouvel ambassadeur français auprès de l'ONU à Genève, Jérôme Bonnafont, s'est exprimé au nom de 26 Etats membres de l'UE pour exprimer leur attachement "à la paix et à la stabilité en Afghanistan, ainsi qu'au soutien du peuple afghan".
Le rapporteur serait notamment chargé de faire un rapport sur l'évolution de la situation des droits humains dans le pays, de faire des recommandations en vu de leur amélioration et d'aider l'Afghanistan à en assumer ses obligations tout en conseillant la société civile.