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Le Pentagone reconnaît avoir surestimé l'armée afghane

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin. [reuters - Elizabeth Frantz]
Le Pentagone reconnaît avoir surestimé l'armée afghane / Le Journal horaire / 32 sec. / le 28 septembre 2021
Les chefs du Pentagone ont admis mardi des erreurs de jugement. Cela a mené à un "échec stratégique" en Afghanistan, avec la victoire sans coup férir des talibans à l'issue de 20 ans de guerre.

Le chef d'état-major, le général Mark Milley, et le chef du commandement central américain (Centcom), le général Kenneth McKenzie, ont admis publiquement pour la première fois avoir conseillé à Joe Biden de maintenir 2500 soldats en Afghanistan pour éviter un effondrement du régime de Kaboul. Ils se sont expliqués devant les élus du Sénat sur la fin chaotique de cette guerre.

Un avis que le président américain a choisi de ne pas suivre, et qu'il assurait en août n'avoir jamais reçu. "Personne ne m'a dit ça à ma connaissance", affirmait Joe Biden le 19 août sur ABC.

>> Lire aussi : Joe Biden critiqué de toutes parts pour la débâcle en Afghanistan

"Nous n'avons pas réalisé le niveau de corruption"

"Le fait que l'armée afghane, que nous avons formée avec nos partenaires, se soit effondrée - souvent sans tirer une balle - nous a tous pris par surprise", a admis le ministre américain de la Défense Lloyd Austin.

"Nous n'avons pas réalisé le niveau de corruption et l'incompétence de leurs officiers de haut rang, nous n'avons pas mesuré les dommages causés par les changements fréquents et inexpliqués décidés par le président Ashraf Ghani au sein du commandement, nous n'avons pas prévu l'effet boule de neige des accords passés par les talibans avec quatre commandants locaux après l'accord de Doha, ni le fait que l'accord de Doha avait démoralisé l'armée afghane", a-t-il énuméré.

L'administration de Donald Trump a signé le 29 février 2020 à Doha un accord historique avec les talibans qui prévoyait le retrait de tous les soldats étrangers avant le 1er mai 2021, en échange de garanties sécuritaires et de l'ouverture de négociations directes inédites entre les insurgés et les autorités de Kaboul.

>> Réécouter dans Forum l'interview de Jean-Luc Racine, qui revenait sur la portée de l'accord de Doha :

Les représentants américain et taliban lors de la signature du document à Doha, 29.02.2020. [AFP - Karim Jaafar]AFP - Karim Jaafar
Un accord historique signé pour un retrait total des troupes américaines en Afghanistan: interview de Jean-Luc Racine / Forum / 7 min. / le 29 février 2020

"On ne peut pas mesurer le coeur humain"

"C'est un échec stratégique", a commenté le général Mark Milley. "L'ennemi est au pouvoir à Kaboul. Il n'y a pas d'autre façon de décrire les choses". Il a aussi prévenu que le risque d'une reconstitution en Afghanistan d'Al-Qaïda ou du groupe Etat islamique était "une possibilité très réelle".

Au moment où le Pentagone affirme pouvoir poursuivre à distance ses frappes de drone contre Al-Qaïda et l'EI, le général McKenzie a été questionné sur les chances d'éviter une attaque contre des intérêts américains lancée depuis l'Afghanistan par des groupes djihadistes. "Cela reste à voir", a-t-il répondu.

Le général Mark Milley a noté que la décision de retirer d'Afghanistan les conseillers militaires déployés au sein des unités afghanes, il y a trois ans, a contribué à surestimer les capacités de l'armée afghane.

"Nous n'avons pas pu évaluer complètement le moral et la volonté du commandement", a-t-il expliqué. "On peut compter les avions, les camions, les véhicules, les voitures (...) mais on ne peut pas mesurer le coeur humain avec une machine. (...) Il faut être là."

>> Revoir aussi le reportage du 19h30 après l'arrivée des talibans à Kaboul :

Les talibans à l'épreuve du pouvoir. Reportage au coeur de Kaboul.
Les talibans à l'épreuve du pouvoir. Reportage au cœur de Kaboul. / 19h30 / 2 min. / le 2 septembre 2021

ats/ther

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Crédibilité endommagée

Des divergences sont apparues entre le chef d'état-major et le ministre, lorsqu'un élu leur a demandé si la réputation des Etats-Unis avait été "endommagée" par le retrait.

"Je pense que notre crédibilité auprès de nos alliés et partenaires dans le monde, ainsi qu'auprès de nos adversaires, est réexaminée avec beaucoup d'attention", a déclaré le chef d'état-major. "Endommagée est un mot qui peut être employé, oui." "Je pense que notre crédibilité reste solide", a au contraire jugé Lloyd Austin.