En 2016, la jeune candidate du Mouvement 5 étoiles (M5S) avait triomphalement remporté l'élection municipale dans la capitale, obtenant plus de 67% des suffrages. Cinq ans plus tard, son bilan est fortement remis en question, notamment en ce qui concerne la propreté de la ville transformée en dépotoir.
Trois adversaires
Cette année, la candidate du M5S doit faire face à trois outsiders: l'avocat Enrico Michetti (Fratelli d'Italia); l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, et ex-député européen, Roberto Gualtieri (Parti démocrate); et l'entrepreneur Carlo Calenda (Azione), lui aussi ancien ministre du Développement économique et qui siège au Parlement européen depuis 2019.
Candidat officiel de la droite, Enrico Michetti semble tenir la corde dans les derniers sondages, devançant le démocrate Roberto Gualtieri. Mais le favori à la mairie de Rome pourrait pâtir de la candidature de l'indépendant Carlo Calenda, déterminé à prendre des voix au centre-droit, comme le rapporte la presse italienne.
Ce report de voix à droite pourrait faire le jeu de Virginia Raggi. Si la cote de l'actuelle maire est en baisse, la "Reine de Rome" - comme certains se plaisent à l'appeler -, a encore ses partisans, notamment dans les banlieues de la cité qui l'avaient plébiscitée à l'époque.
"Nous avons fait le plus difficile"
"Il faut qu'elle continue à diriger Rome, sinon la ville tombera dans les mains des voleurs", explique Claudio Paradisi. Ce retraité et ancien militant communiste est venu attendre son édile sur une place en béton située au milieu des immeubles populaires du quartier de Casale Nei.
"En tête de ses priorités, elle a mis l'honnêteté, l'honnêteté et l'honnêteté. Rome va mieux depuis qu'elle est aux affaires. Certes, il y a encore beaucoup à faire, mais la ville est redevenue vivable depuis qu'elle est là", analyse-t-il.
Avoir remis les comptes à peu près en ordre et mis fin aux scandales de corruption, c'est l'argumentaire avancé pour la réélection d'une maire qui ne déplace plus les foules comme il y a cinq ans, lorsqu'elle était devenue à la fois la première femme et la personne la plus jeune à occuper ce poste à Rome.
"Nous avons fait la partie la plus difficile du parcours, celle de faire sortir Rome du bourbier dans lequel elle était encastrée, entre absence d'appels d'offre, pots de vin et mafia", argue Virginia Raggi devant la foule.
Un discours qui ne passe plus
Mais dans une partie de l'assistance, le discours des "5 étoiles" ne passe plus. "La première fois, je me suis trompé en la soutenant. Cette fois, je ne vais pas voter. En cinq ans, qu'a-t-elle fait? Elle a oublié les banlieues. Nous sommes tous en colère", explique une Romaine.
Et de continuer: "Les autobus ne fonctionnent pas. Il y a des trottoirs sur lesquels on ne peut même pas marcher. Et puis, ne parlons pas des ordures. Ici, il y a plein de renards et de sangliers."
C'est en meute que les suidés ont récemment débarqué dans les quartiers populaires de la ville, à la recherche d'ordures. A en croire les derniers sondages, ils pourraient bien pousser Virginia Raggi vers la sortie du Capitole.
Eric Joszef
Adaptation web: Jérémie Favre