Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déclaré "persona non grata sept personnes travaillant pour diverses ONG internationales en Ethiopie, pour ingérence dans les affaires internes du pays".
Le communiqué donne sept noms de responsables d'agences onusiennes, parmi lesquelles le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), qui "doivent quitter le territoire dans les 72 heures".
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "choqué", en assurant que "toutes les opérations humanitaires des Nations unies sont guidées par les principes fondamentaux d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance".
Selon des diplomates, une réunion en urgence du Conseil se sécurité de l'ONU se tiendra à huis clos vendredi à la mi-journée sur cette expulsion. Elle a été demandée par l'Irlande, l'Estonie, la France, la Norvège, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, a précisé un diplomate.
Sanctions financières envisagées
Washington a également condamné "avec la plus grande force" cette annonce et affirmé qu'il "n'hésitera pas" à "utiliser tout outil à sa disposition", en rappelant que les autorités américaines avaient la possibilité de prendre des sanctions financières contre les protagonistes du conflit ravageant le nord de l'Ethiopie.
Les autorités éthiopiennes n'ont donné aucune explication sur "l'ingérence" évoquée.
Le nord de l'Ethiopie est en proie aux combats depuis novembre, quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée dans la région du Tigré pour renverser les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des camps militaires fédéraux. Le conflit s'est enlisé durant plusieurs mois, avant que les combattants pro-TPLF reprennent le contrôle de la région fin juin.
"Un coup dur"
L'expulsion de responsables de l'ONU constitue un "coup dur", a estimé le Dr Hayelom Kebede, directeur de recherche de l'hôpital Ayder de Mekele, la capitale du Tigré.
"Maintenant, il n'y aura aucune aide pour les enfants malnutris. (...) Nous allons assister à une augmentation catastrophique du nombre de morts d'enfants dans les prochains jours", a-t-il affirmé.
Ces expulsions font suite à la suspension en juillet pour trois mois des activités de la section néerlandaise de Médecins sans frontières (MSF) et du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), accusées de "diffuser de la désinformation".
Cette décision va affecter "des millions de Tigréens (...) et de nombreux autres Éthiopiens dans le besoin", a déploré Human Rights Watch.
ats/fgn
L'ONU fait état d'une malnutrition "sans précédent" au Tigré
Une malnutrition "sans précédent" touche, après dix mois de guerre, les femmes enceintes et allaitantes dans la région éthiopienne du Tigré, a déclaré jeudi soir l'agence humanitaire de l'ONU, peu après l'annonce de l'expulsion de sept responsables onusiens par Addis Abeba.
Dans un rapport publié en ligne, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) décrit également une malnutrition "alarmante" parmi les enfants, alors que grandit le spectre de la famine.
"Sur plus de 15'000 femmes enceintes et allaitantes suivies sur la période d'étude, plus de 12'000, soit environ 79%, ont été diagnostiquées en malnutrition grave", affirme Ocha.
Le niveau de malnutrition modérée parmi les enfants de moins de cinq ans "dépasse également les niveaux d'urgence fixés à 15%, atteignant environ 18%, tandis que la proportion d'enfants souffrant de malnutrition sévère atteint 2,4%", au-dessus du seuil d'alarme de 2%, souligne le rapport.