"Le sentiment dominant... chez les Philippins, est que je ne suis pas qualifié et que ce serait enfreindre la Constitution" que de se présenter à la vice-présidence, a déclaré Rodrigo Duterte. "Aujourd'hui, j'annonce mon retrait de la politique", a-t-il ajouté.
Rodrigo Duterte, dont les sondages montrent qu'il reste presque aussi populaire que lorsqu'il a remporté la présidentielle en 2016 en promettant notamment de mettre fin aux problèmes de la drogue, n'est pas autorisé par la Constitution à briguer un second mandat.
Fin août, il avait donc annoncé sa candidature à la vice-présidence du pays, entendant ainsi continuer sa "croisade" contre la drogue et les rebelles. Cette nouvelle avait aussitôt été dénoncée par l'opposition qui y a vu un "écran de fumée" et une parade contre d'éventuelles poursuites judiciaires.
Mais un récent sondage, réalisé par PulseAsia Research, a montré que Rodrigo Duterte avait reculé, figurant désormais en deuxième position parmi les vice-présidents préférés. Selon un autre sondage réalisé par Social Weather Stations, 60% des Philippins ne pensent pas que la candidature de l'actuel chef de l'Etat à la vice-présidence est conforme à l'esprit de la Constitution.
Un retrait inattendu
Samedi, Rodrigo Duterte a fait cette déclaration inattendue à l'endroit où il devait enregistrer sa candidature pour la vice-présidence. Il n'a pas précisé à quelle date il entendait quitter la vie politique.
Le président n'a pas indiqué la personne qu'il souhaitait voir lui succéder à la présidence, mais beaucoup spéculent sur la candidature de Sara, la fille de Rodrigo Duterte, qui appartient à un autre parti. Elle est actuellement la mieux placée dans les sondages.
Sous la menace de poursuites pénales
Si Sara Duterte-Carpio était élue à la fonction suprême, elle pourrait contribuer à protéger Rodrigo Duterte de poursuites pénales dans son pays mais également de celles engagées à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI).
Cette dernière a donné en septembre le feu vert pour d'enquêter sur la campagne de lutte contre le trafic de drogue menée par le gouvernement et marquée par des milliers de meurtres commis par les forces de l'ordre.
Sara Duterte-Carpio, qui occupe la fonction de maire de la ville de Davao, dans le sud du pays, un poste occupé par son père avant qu'il ne devienne président, avait affirmé ne pas vouloir se présenter si son père briguait la vice-présidence.
ats/ebz
Début d'un marathon électoral
Le coup d'envoi de la saison électorale a été donné vendredi aux Philippines avec des milliers de candidats pour des postes allant de président à conseiller municipal. Une procédure d'inscription d'une semaine marque le début de sept mois de campagne pour plus de 18'000 postes, mais la pandémie et la misère économique entraînée par les confinements répétés pourraient cette année en atténuer l'atmosphère festive.
Cependant, si la fille du président ne dépose pas sa candidature avant la date limite du 8 octobre, elle a encore jusqu'au 15 novembre pour se lancer dans la course à la présidentielle, comme son père l'a fait en 2015.
Parmi les principaux candidats à la présidence figurent un allié de Rodrigo Duterte, Ferdinand "Bongbong" Marcos, fils et homonyme de l'ancien dictateur du pays, ainsi que l'ex-acteur et maire de Manille Francisco Domagoso, connu sous son pseudonyme Isko Moreno. Le boxeur superstar Manny Pacquiao, qui vient de raccrocher les gants, a pour sa part enregistré vendredi sa candidature à la présidence.