"Il faut continuer à façonner notre pays. On peut se disputer sur la manière précise de le faire à l'avenir, mais nous savons que la solution nous appartient, qu'il nous faut nous écouter les uns les autres et dialoguer", a déclaré Angela Merkel dans un discours à l'occasion de la journée nationale célébrant en Allemagne la réunification allemande de 1990.
"Nous avons des différences, mais aussi des choses en commun. Soyez prêts à rencontrer les autres, soyez curieux des autres (...) et ayez la capacité de supporter les différences. C'est la leçon de 31 ans d'unité allemande", a-t-elle ajouté. Il s'agit des premiers propos tenus par Angela Merkel en rapport avec le résultat des élections et la situation politique de blocage qui en résulte.
Appel à défendre la démocratie
Dans son intervention, l'un de ses derniers grands discours avant sa retraite politique, la chancelière a en outre lancé un vibrant appel à défendre la démocratie face à la polarisation qui menace la société allemande. "Nous prenons parfois les choses trop à la légère quand il s'agit des acquis démocratiques, comme si nous ne devions plus rien faire" pour les défendre, a-t-elle déploré.
"Mais nous assistons dans la période actuelle à un nombre croissant d'attaques", a-t-elle estimé, en citant des agressions contre les minorités religieuses ou ethniques, mais aussi les tentatives "démagogiques pour répandre sans scrupules ni honte la haine et le ressentiment".
Instabilité politique redoutée
Son discours intervient alors que les négociations exploratoires entre partis politiques pour tenter de former un nouveau gouvernement et de la remplacer à la chancellerie débutent dimanche et s'annoncent très ardues. Suite aux élections législatives, il va très probablement falloir une alliance de trois partis aux programmes très différents pour former une majorité, une première depuis les années 1950, ce qui fait craindre davantage d'instabilité politique.
>> Les dernières élections en détail : Les tractations se poursuivent en Allemagne au lendemain des législatives
L'option considérée actuellement comme la plus probable est une coalition entre le parti social-démocrate (SPD) (arrivé de peu en tête lors du scrutin devant les conservateurs de la chancelière, la CDU), les écologistes et le parti libéral FDP (droite). Mais la CDU tente aussi en parallèle de rallier à lui les Verts et le FDP (lire encadré).
ats/vic
Début formel des négociations en vue d'une coalition
Les sociaux-démocrates du SDP et les conservateurs de la CDU ont entammé dimanche des pourparlers séparés pour tenter de bâtir une coalition et conquérir la chancellerie. L'enjeu est de taille pour la première économie européenne, qui garde un souvenir amer des précédentes négociations de coalition en 2017, qui avaient duré des mois et provoqué une paralysie de l'Union européenne.
Olaf Scholz, en pole position pour tenter de former le prochain attelage au pouvoir après sa courte victoire, rencontrera dimanche tour à tour les libéraux du FDP et les Verts, les deux partis faiseurs de chancelier. "Il est clair dans tous les sondages que les gens ne veulent pas que la CDU-CSU fasse partie du prochain gouvernement", a résumé samedi le nouvel homme fort de la social-démocratie allemande dans l'hebdomadaire Der Spiegel.
L'opiniion publique a tranché
Les chrétiens-démocrates de l'impopulaire Armin Laschet mèneront pourtant eux aussi des pourparlers avec les libéraux dimanche, avant de rencontrer les "Grünen" mardi. L'opinion publique semble cependant avoir tranché en faveur du SPD: près de six Allemands sur dix (59%) souhaitent ainsi une coalition "tricolore" entre SPD, Verts et FDP, contre 24% qui lui préféreraient une coalition menée par les conservateurs, selon un sondage pour la chaîne de télévision publique ZDF.
En outre, pour trois quarts des personnes interrogées, Olaf Scholz, expérimenté mais dénué de charisme, doit être le prochain chancelier. Seuls 13% penchent pour Armin Laschet.