L'incident, causé par un problème technique, constitue la panne "la plus importante jamais observée" par le site Down Detector, qui recense les signalements des utilisateurs.
"A l'immense communauté de personnes et entreprises dans le monde qui dépendent de nous: nous sommes désolés. Nous travaillons dur à vous redonner accès à nos applications et services et sommes heureux de vous dire qu'ils reviennent en ligne en ce moment", a tweeté Facebook mardi à 00h30, après sept heures de panne.
Effets en cascade
La gigantesque panne a été causée par un "changement de configuration défectueux" des routeurs qui "coordonnent le trafic entre les serveurs", a expliqué le groupe.
La perturbation technique a eu des "effets en cascade", au point que "de nombreux outils et systèmes que nous utilisons au quotidien en interne ont aussi été affectés, compliquant nos efforts pour diagnostiquer et réparer le problème."
"A un moment ce matin, Facebook a retiré la carte qui permet aux ordinateurs dans le monde de trouver ses différentes adresses en ligne", a résumé l'expert en cybersécurité Brian Krebs sur son blog.
Centralisation problématique du web
Concrètement, cette chute en cascade de tout l'écosystème de Facebook démontre aussi les conséquences de la centralisation croissante d'Internet, à laquelle le géant américain a largement contribué avec sa stratégie de rachats. Une centralisation qui prend des allures de monopole, et qui s'éloigne du rêve des pionniers du web.
Car ces pionniers rêvaient, elles et eux, d'une Toile magique où les savoirs devaient s'échanger, où chacun allait pouvoir s'exprimer et partager sans aucune hiérarchie sociale ou contraintes économiques.
Interrogée mardi dans Forum, Solange Ghernaouti, chercheuse en cybersécurité à l'Université de Lausanne, souligne également les dangers que peuvent représenter cette concentration numérique mais dont les infrastructures dépendent d'enjeux bien matériels.
"On a quand même eu un peu de chance, parce que pour l'instant, on ne se sert d'aucun de ces services de Facebook pour payer dans notre vie quotidienne", rappelle-t-elle. "Imaginez si ça s'était passé en Chine avec des services identiques, alors que les Chinois ont l'habitude de payer via l'équivalent de Facebook et Whatsapp en Chine."
Bonheur des concurrents
Le malheur de Facebook a fait le bonheur de ses concurrents. La messagerie Telegram est passée de la 56e à la 5e place des applications gratuites les plus téléchargées aux Etats-Unis, en un jour, selon le cabinet spécialisé SensorTower.
"Les inscriptions sont en forte hausse sur Signal (bienvenue tout le monde)", a aussi tweeté cette autre messagerie réputée pour son cryptage des données.
La panne régalait aussi les utilisateurs facétieux, qui rivalisaient de sarcasmes sur Twitter. D'autres se plaignaient d'être coupés de leurs contacts, de leur source de revenus ou de leur outil de travail.
En pleine tempête
Cet incident majeur tombe très mal pour la firme de Mark Zuckerberg. Elle traverse l'une des pires crises sur sa réputation depuis deux semaines, à cause des révélations d'une lanceuse d'alerte.
Ancienne ingénieure chef de produit chez Facebook, Frances Haugen a fait fuiter de nombreux documents internes, notamment au Wall Street Journal, et a accusé le groupe de "(choisir) le profit plutôt que la sûreté" de ses utilisateurs, dans un entretien diffusé par la chaîne CBS dimanche.
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Elle doit être interrogée mardi par les élus américains lors d'une audition consacrée à l'impact de Facebook et Instagram sur les enfants et adolescents.