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Au moins 216'000 victimes mineures d'abus sexuels dans l'Eglise de France depuis 1950

Un rapport fait état de 330'000 victimes de prêtres et de laïcs pédophiles
Un rapport fait état de 330'000 victimes de prêtres et de laïcs pédophiles / 19h30 / 2 min. / le 5 octobre 2021
La Commission Sauvé, qui a enquêté sur l'ampleur de la pédocriminalité au sein de l'Eglise catholique de France, a publié mardi ses conclusions accablantes. Elle estime à 216'000 le nombre de victimes mineures de clercs et de religieux depuis 1950.

Si l'on ajoute les personnes agressées par des laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise – enseignants, surveillants, cadres de mouvements de jeunesse – le nombre grimpe à 330'000, a indiqué Jean-Marc Sauvé en dévoilant les conclusions de la Commission indépendante sur les abus dans l'Eglise (Ciase). "Ces résultats sont bien plus que préoccupants, ils sont accablants et ne peuvent en aucun cas rester sans suite", a déclaré Jean-Marc Sauvé.

Une autre donnée avait déjà été révélée dimanche par le président de la Ciase: le nombre de prédateurs, évalué entre "2900 à 3200", hommes – prêtres ou religieux – entre 1950 et 2020, une "estimation minimale".

>> Lire aussi : Quelque 3000 pédocriminels dans l'Eglise catholique française depuis 1950

>> Le commentaire de Sylvie Perrinjaquet, présidente de la CECAR, dans le 19h30 :

Sylvie Perrinjaquet, présidente de la CECAR, revient sur les abus sexuels au sein de l'Église
Sylvie Perrinjaquet, présidente de la CECAR, revient sur les abus sexuels au sein de l'Église / 19h30 / 3 min. / le 5 octobre 2021

Deux ans de travaux

Jean-Marc Sauvé a dévoilé les conclusions de la Ciase. [AFP - Thomas Coex]
Jean-Marc Sauvé a dévoilé les conclusions de la Ciase. [AFP - Thomas Coex]

Résultat de deux ans et demi de travaux, le rapport était remis publiquement mardi matin à Paris à l'épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses, en présence de représentants d'associations de victimes.

"Vous apportez enfin aux victimes une reconnaissance institutionnelle de toute la responsabilité de l'Eglise, ce dont les évêques et le pape n'ont pas été capables à ce jour", a publiquement lancé en préambule François Devaux, cofondateur d'une association de victimes. "Le système est déviant", a-t-il déclaré, en appelant à un concile "Vatican III".

>> Les précisions dans le 12h30 :

Le président de la commission Jean-Marc Sauve, à gauche, remet des exemplaires du rapport à l'évêque catholique Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), lors de la publication du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels commis par des membres de l'Église (Ciase), mardi 5 octobre 2021, à Paris. [Pool via AP/ Keystone - Thomas Coex]Pool via AP/ Keystone - Thomas Coex
Plus de 210'000 victimes de violences sexuelles au sein de l'Église catholique / Le 12h30 / 2 min. / le 5 octobre 2021

Appels à témoigner

La Ciase a fait de la parole des victimes "la matrice de son travail", selon Jean-Marc Sauvé. D'abord avec un appel à témoignages, ouvert dix-sept mois, qui a recueilli 6500 appels ou contacts de victimes ou proches. Puis en procédant à 250 auditions longues ou entretiens de recherche. Elle a aussi effectué une plongée dans de nombreuses archives, de l'Eglise, des ministères de la Justice ou de l'Intérieur, de la presse.

Une fois le diagnostic posé, la Commission a énuméré plusieurs dizaines de propositions dans plusieurs domaines: écoute des victimes, prévention, formation des prêtres et des religieux, droit canonique ou encore transformation de la gouvernance de l'Eglise.

>> Ecouter aussi RTSreligion – L'éprouvante rédaction du rapport Sauvé :

Une femme dans une église catholique de Berne. [Keystone - Alessandro Della Bella]Keystone - Alessandro Della Bella
RTSreligion - L’éprouvante rédaction du rapport Sauvé / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 6 octobre 2021

"Contributions" financières

Elle a aussi préconisé une politique de reconnaissance, puis une réparation financière propre à chaque victime. Les faits sont presque toujours prescrits, les auteurs décédés, rendant un recours à la justice improbable. Les procédures canoniques (le droit de l'Église) sont longues et peu transparentes.

Quelles suites l'Eglise donnera-t-elle au rapport? L'épiscopat a pris des mesures au printemps, promettant non pas des réparations mais un dispositif de "contributions" financières, versées aux victimes à partir de 2022, qui ne fait pas l'unanimité chez ces dernières ni chez les fidèles, lesquels sont appelés à contribuer aux dons.

ats/gma

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Le pape dit son "immense chagrin"

Le pape François a exprimé mardi son "immense chagrin" après la publication du rapport. "Ses pensées se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer. Elles se tournent aussi vers l'Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité (...) elle puisse entreprendre la voie de la rédemption", a déclaré le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, évoquant devant des journalistes la réaction du pape.

"Honte" et "effroi"

Le président de la Conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort, a exprimé "sa honte", "son effroi" et a demandé "pardon" aux victimes de pédocriminalité, mardi après la publication du rapport accablant de la Ciase.

"Mon désir en ce jour est de vous demander pardon, pardon à chacune et chacun", a déclaré Mgr de Moulins-Beaufort devant la presse.

"A travers votre compte rendu, nous avons entendu la voix des personnes victimes, entendu leur nombre. Leur voix nous bouleverse, leur nombre nous accable. Il dépasse ce que nous pouvions supposer", a-t-il encore souligné.