Olaf Scholz, le chef de file des sociaux-démocrates allemands arrivés en tête des élections législatives, a assuré mercredi avoir "un mandat" pour former une coalition gouvernementale avec les Verts et le FDP. "Les citoyens et citoyennes nous ont donné un mandat pour mettre sur pied un gouvernement ensemble", a-t-il déclaré à Berlin.
"Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il est désormais logique de continuer à discuter avec le SPD et le FDP, avec une recherche plus approfondie d'un terrain d'entente", avait expliqué lors d'une conférence de presse la co-présidente des écologistes, Annalena Baerbock.
Les écologistes, troisièmes du scrutin qui tourne la page Angela Merkel en Allemagne, ont ainsi écartés une éventuelle coalition avec les chrétiens-démocrates de la CDU-CSU, arrivés deuxièmes aux élections.
Eviter "un long immobilisme"
"Le pays ne peut pas se permettre un long immobilisme" en attendant la formation d'une coalition, a notamment expliqué la dirigeante écologiste, en référence aux mois de pourparlers qui avaient paralysé l'Allemagne et l'Union européenne à l'issue du précédent scrutin de 2017.
"Les discussions de ces dernières semaines ont montré que les plus grandes intersections en termes de contenu sont concevables dans ce schéma (avec le SPD et le FDP), notamment dans le domaine de la politique sociale", a de son côté expliqué l'autre co-président des Verts, Robert Habeck. "Le biscuit est cependant loin d'être mangé" et l'accord n'est pas ficelé, a-t-il toutefois tempéré.
Ces discussions préliminaires ne signifient pas pour autant que la coalition "feu tricolore", d'après la couleur de chacun des trois partis, sera formée et qu'Olaf Scholz succèdera à la chancellerie dans les prochaines semaines à Angela Merkel.
Plusieurs cartes dans la main du FDP
En effet, si les libéraux ont saisi la main tendue par les écologistes, ils n'ont pas non plus caché ces dernières semaines pencher plutôt pour une alliance avec les conservateurs. Le président du FDP, Christian Lindner, a lui souligné qu'une coalition "jamaïcaine" avec les écologistes et chrétiens-démocrates, en référence également aux couleurs des trois formations, restait "une option viable en termes de contenu".
Les discussions s'annoncent en effet tendues entre des partis que beaucoup oppose, notamment en termes de fiscalité, avec des libéraux opposés aux hausses d'impôts envisagées par le SPD.
La CDU ne baisse pas les bras
La CDU, menée par l'impopulaire Armin Laschet, n'a elle pas renoncé à tenter de former une coalition dite "jamaïcaine" avec écologistes et libéraux.
Ses dirigeants se sont entretenus avec les libéraux dimanche, puis les Verts mardi, pour tenter de les convaincre de bâtir cet attelage, le seul à même de leur permettre de conserver la chancellerie après 16 années d'ère Merkel.
Leurs échanges avec les écologistes ont fuité mardi soir dans la presse, ce qui a ulcéré ces derniers. "La confiance signifie aussi que tout n'est pas publié dans les journaux" immédiatement, a fait valoir mercredi Annalena Baerbock.
CSU moins optimiste
Markus Söder, le chef de la CSU, parti bavarois allié de la CDU, semble lui s'être fait une raison. La décision est "un clair rejet de la coalition jamaïcaine", a-t-il analysé, jugeant que s'ouvrait pour les conservateurs "une période à laquelle il faut nous préparer", une probable cure d'opposition après 16 années d'ère Merkel.
En marge d'un sommet UE-Balkans, la chancelière elle-même a douché les espoirs conservateurs, en relevant que son camp n'avait pas "le meilleur résultat électoral" pour pouvoir prétendre à former une coalition.
L'attelage "Jamaïque" est loin d'être l'option privilégiée par les Allemands. 53% souhaitent une coalition entre SPD, Verts et FDP, et 74% estiment que la CDU-CSU devrait se retirer dans l'opposition, selon un sondage Forsa publié mercredi.
Une coalition à trois partis serait une première en Allemagne depuis 1950, et par définition plus instable que l'alliance de deux formations.
agences/jfe/ami