Lors d'un discours prononcé en clôture du congrès du Parti conservateur à Manchester, le Premier ministre a égrené la liste des succès obtenus selon lui par les Tories et minimisé les problèmes d'approvisionnement en carburant ou en nourriture auxquels le pays est actuellement confronté, n'y voyant qu'une simple conséquence de la reprise de l'activité.
Boris Johnson n'a ainsi fait aucune annonce particulière dans ce discours essentiellement destiné à resserrer les rangs d'un Parti conservateur inquiet de la direction imprimée par son chef de file, qui l'éloigne de ses positions traditionnelles favorables aux baisses d'impôts et à un Etat peu interventionniste.
Héritage de Margaret Thatcher invoqué
Le locataire du 10, Downing Street a invoqué l'héritage de Margaret Thatcher, qui reste un modèle pour nombre de conservateurs. "Je peux vous dire que Margaret Thatcher n'aurait pas ignoré la météorite qui vient de s'écraser sur les finances publiques", a-t-il déclaré.
Boris Johnson a également vanté la réussite de la campagne vaccinale outre-Manche et ciblé une opposition travailliste "vieille et usée", déclenchant ovations et applaudissements dans la salle bondée du centre de convention de Manchester Central.
L'ancien maire de Londres a réaffirmé son désir de voir la Grande-Bretagne s'éloigner du "vieux modèle social fracturé avec des bas salaires, une faible croissance, une faible productivité". Par contraste, le pays se dirige selon lui "vers une économie à salaires élevés, compétences élevées, productivité élevée et à faible fiscalité".
Contrôler l'immigration malgré le manque de main d'oeuvre
Aux inquiétudes des restaurateurs, agriculteurs ou distributeurs britanniques qui peinent à trouver de la main d'oeuvre depuis le Brexit en janvier dernier et réclament de l'exécutif de pouvoir embaucher à l'étranger, Boris Johnson a répondu qu'il se refusait à recourir "au vieux levier de l'immigration sans contrôle pour maintenir des bas salaires".
"La réponse est de contrôler l'immigration pour permettre à des personnes de talent de venir dans ce pays, et non d'utiliser l'immigration comme une excuse pour ne pas investir dans les compétences individuelles, et dans l'équipement, les infrastructures, les machines", a-t-il dit.
En politique étrangère, il s'est félicité des "libertés" acquises grâce au Brexit, avançant que cela a permis au pays de renforcer ses règles en matière d'immigration et de nouer des accords commerciaux, par exemple avec les Etats-Unis que le gouvernement a "persuadé d'importer du boeuf britannique", après des décennies de refus.
Agences/aes
Crise climatique peu abordée
Si l'économie était en premier plan de ce discours, le sujet de la lutte contre le changement climatique a en revanche été survolé, à moins d'un mois de la COP26 sur le climat organisée à Glasgow (Ecosse) que Boris Johnson a pourtant qualifié de "sommet de notre génération".
Son gouvernement a fixé à 2035 l'objectif d'une production d'électricité décarbonée, ajoutant selon Boris Johnson aux vertus environnementales l'avantage de ne plus dépendre des hydrocarbures venant de l'étranger, en pleine flambée des prix du gaz.
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Mais depuis l'ouverture du congrès conservateur dimanche, le climat est le grand absent des discours de ses ministres. Un "mauvais signal" avant la COP26, selon Rebecca Newsom, de Greenpeace UK.
Si le sujet a été évoqué mardi par la ministre de l'Intérieur Priti Patel, c'est pour promettre un durcissement des l'arsenal policier et judiciaire contre les militants écologistes qui bloquent régulièrement des axes routiers ces dernières semaines. Des militants que l'optimiste Boris Johnson a qualifié de "grincheux irresponsables".