"Après que la centrale de Deir Ammar a été contrainte d'arrêter sa production d'électricité hier matin en raison de l'épuisement de ses réserves de gazole, la centrale de Zahrani s'est également arrêtée cet après-midi pour la même raison", a indiqué samedi la compagnie nationale Electricité du Liban (EDL) dans un communiqué.
Englué dans une crise inédite, le pays connaît depuis des mois des rationnements draconiens de courant, culminant à plus de 22h par jour, et peine à importer du carburant, sur fond d'une dégringolade historique de la monnaie nationale et d'un assèchement des devises étrangères.
Ces coupures paralysent la vie de la population et plusieurs secteurs vitaux, tandis que les gérants de générateurs privés, qui prennent généralement le relais, rationnent aussi commerces, hôpitaux et foyers, à mesure que le carburant se raréfie.
Cette pénurie avait déjà provoqué fin août une coupure d'électricité et des télécommunications dans la région du Akkar (nord), deux jours après l’explosion d'un camion-citerne assiégé par une foule, qui avait fait au moins 28 morts.
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Effondrement du réseau
Cela a conduit à un "effondrement total du réseau sans aucune possibilité de le restaurer pour le moment", ajoute le communiqué, alors que les autres centrales du pays fonctionnent a minima.
Il s'agit de la deuxième panne totale signalée par EDL depuis le début du mois. Pour la première, le réseau avait été rétabli quelques jours plus tard.
Une source au ministère de l'Energie a indiqué à l'AFP que des efforts étaient déployés "pour trouver une solution au problème". Dans son communiqué, l'EDL a indiqué qu'un pétrolier devait arriver samedi soir et être déchargé en début de semaine prochaine.
Fin septembre, le directeur régional pour le Moyen-Orient de la Banque mondiale avait averti que la crise de l'électricité au Liban était en tête de ses priorités, et exprimé sa volonté d'aider à relever tous les défis de ce secteur.
L'augmentation des prix des carburants se répercute également sur toute l'économie, entraînant une hausse générale des prix dans une dynamique d'hyperinflation, notamment dans les supermarchés, tandis que la livre libanaise ne cesse de perdre de sa valeur.
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Réformes réclamées
La communauté internationale réclame des réformes urgentes aux autorités libanaises, notamment pour l'EDL, symbole d'une mauvaise gouvernance et de la déliquescence des services publics au Liban.
Formé en septembre après 13 mois de querelles politiciennes, le nouveau gouvernement s'est engagé à amorcer des réformes dans le secteur de l'électricité et à rétablir progressivement le courant public.
Le Liban négocie avec l'Egypte et la Jordanie l'acheminement de gaz et d'électricité via la Syrie, tandis que le mouvement chiite Hezbollah a annoncé ces dernières semaines plusieurs livraisons de fuel iranien pour pallier les graves pénuries de courant et de carburant.
Un accord a également été conclu entre les autorités et l'Irak pour la distribution de pétrole irakien au Liban en contrepartie de services médicaux.
jop/fgn avec les agences
Crise économique généralisée
Le Liban est en proie depuis près de deux ans à la pire crise économique de son histoire, et l'une des pires au monde depuis le milieu du 19e siècle. Celle-ci a provoqué un effondrement de nombreux secteurs de la société, notamment du système de santé, également meurtri par la pandémie de Covid-19.
La crise a causé une hausse des taux de pauvreté et une pénurie de carburant et de médicaments entre autres produits de première nécessité, en raison du manque de réserves de devises nécessaires pour les importer.