Le chancelier, issu du Parti populaire (ÖVP), a estimé samedi soir devant la presse à Vienne qu'il serait "irresponsable de glisser vers des mois de chaos ou d'impasse" en raison des soupçons de corruption qui pèsent sur lui. Il dit se retirer "pour la stabilité du pays" tout en réfutant les accusations.
Le dirigeant libéral-conservateur a proposé le ministre des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, pour lui succéder, a-t-il déclaré aux journalistes, ajoutant qu'il comptait rester à la tête de son parti.
Achat d'encarts publicitaires avec l'argent public
Le parquet financier autrichien avait annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête contre Sebastian Kurz et neuf autres personnes pour corruption et abus de confiance. Il soupçonne le ministère des Finances, tenu par l'ÖVP, d'avoir mis à disposition des fonds gouvernementaux dès 2016 pour assurer une couverture médiatique favorable à Sebastian Kurz, à l'époque chef de la diplomatie autrichienne et en campagne pour prendre la tête du parti conservateur.
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Selon le parquet, entre 2016 et 2018, des articles élogieux et des études d'opinion "partiellement manipulées" en faveur du futur chancelier auraient été publiées dans un tabloïd autrichien en échange de l'achat d'espace publicitaire par le ministère des Finances.
Neuf autres personnes ainsi que trois organisations sont visées par une enquête pour diverses infractions liées à cette affaire. Des perquisitions ont eu lieu notamment au siège du parti conservateur ÖVP et à la chancellerie.
Charge décisive des alliés Verts
Depuis l'annonce du parquet, Sebastian Kurz était sous pression pour se retirer. Le jeune dirigeant de 35 ans avait jusqu'alors refusé, dénonçant des allégations "fabriquées". Mais les Verts, partenaires minoritaires de l'ÖVP au sein du gouvernement de coalition, ont accru leurs critiques au fil des jours.
Vendredi, le vice-chancelier et leader des écologistes, Werner Kogler, avait jugé que le chancelier n'était "plus apte à exercer ses fonctions", à l'issue d'entretiens avec les chefs des autres partis. L'ÖVP devrait maintenant proposer quelqu'un "d'irréprochable", avait-il estimé.
jop avec agences