Pendant quelques jours, une équipe de la RTS composée du journaliste Sébastien Faure et du caméraman Karim Amin s'est rendue en Afghanistan pour découvrir la nouvelle vie sous le régime des talibans. Entre gouvernance par la force, retour du terrorisme et menace de famine, les Afghanes et les Afghans doivent s'habituer à leurs nouvelles conditions. Reportages et analyses à retrouver sur cette page spéciale.
Plongée dans un Afghanistan sous le règne déjà contesté des talibans
Médias
Une radio pour les femmes
En Afghanistan, la vie est devenue difficile pour les femmes. Et plus encore lorsqu'elles sont journalistes. L'espace de liberté s’est brusquement refermé.
Radio Begum est une chaîne de radio destinée aux femmes. Elle a été lancée par une Lausannoise et continue d'émettre malgré l'arrivée des talibans au pouvoir.
Reportage
Au coeur du régime, à Kaboul et dans le Panchir
Le retour au pouvoir en Afghanistan des talibans, cet été, fut fulgurant. Ils ont désormais tout un pays sous leur coupe, du moins officiellement. Même la célèbre vallée du Panchir, terre du commandant Massoud, qui a résisté aux Soviétiques puis au premier règne des talibans entre 1996 et 2001, est tombée. Le trésor de guerre des talibans, c'est le mausolée du mythique commandant, où ils viennent poser fièrement pour la photo, qu'ils exhiberont sur les réseaux sociaux.
Ces guerriers des montagnes n'étaient pas tous destinés à exercer le pouvoir. Lorsqu'on demande à l'un d'eux, qui traite les plaintes en justice, de pointer l'Afghanistan sur une mappemonde, celui-ci requière de l'aide.
Leurs méthodes de gouvernance résident encore dans l'usage de la force et dans l'intimidation, notamment des femmes qui se rassemblent pour manifester pour le retour des droits qu'elles ont perdus.
Terrorisme
L'Etat islamique au Khorasan, rival des talibans
Le règne des talibans est déjà contesté. En octobre, deux attentats ébranlent coup sur coup le pays et son nouveau régime. Le premier vise spécifiquement des responsables talibans, réunis dans une mosquée pour un enterrement le 3 octobre, à Kaboul. Une dizaine de personnes décèdent. La terreur est de retour.
>> Lire : Un attentat meurtrier à Kaboul a visé des hauts responsables talibans
Le vendredi 8 octobre, un attentat-suicide contre une mosquée chiite fait plus de 50 morts et plus d’une centaine de blessés, à Kunduz, dans le nord-est du pays.
>> Les détails : Une explosion tue au moins 50 personnes dans une mosquée chiite en Afghanistan
Le groupe terroriste a multiplié les attaques ces dernières semaines contre les talibans, mais aussi les minorités, notamment les Hazaras chiites. L'Etat islamique au Khorasan (EI-K), groupe sunnite, revendique ces massacres. Les talibans, sunnites également, assurent vouloir défendre toutes les communautés.
Vie quotidienne
La menace de la famine
"Qu'est-ce que tu veux que je fasse? On est obligés de vendre nos biens pour nourrir nos enfants", se lamente Shir Mohamad. Lui et sa famille ont demandé de la farine aux voisins, qui la leur ont refusée. Pendant cinq jours, leur quotidien sera fait de pain sec, et rien de plus. "Quand les enfants me regardaient, j'avais honte", soupire le père de famille.
>> Les détails : Avec une économie à l'arrêt, une crise humanitaire est "imminente" en Afghanistan
Salaires et pensions ne sont plus versés, la classe moyenne se paupérise. Mais pour certaines personnes, la situation est pire. Des milliers de réfugiés s'entassent dans des camps improvisés. Au début, les gens fuyaient les talibans, maintenant c'est la faim qu'ils fuient. Selon l'ONU, un tiers de la population est menacé par la famine. Mal auquel pourrait s'ajouter le froid, car l'hiver vient.
Mais anticiper la rude saison n'est pas facile. "L'hiver est encore loin. Là, j'essaie de survivre au jour le jour", dit Shir Mohamad, réduit à vendre ses duvets sur un marché de Kaboul.
Éducation
Les jeunes filles privées d'écoles dès 12 ans
Brejnah a 15 ans et rêve de devenir économiste. Elle vit recluse dans sa maison, privée d’accès à l’éducation. "Je me sens comme dans une cage", dit-elle. Mais l’adolescente ne s’est pas découragée et tente d’apprendre toute seule. Les talibans assurent que cette exclusion de l’école est provisoire, pour des "raisons de sécurité". En réalité, les Afghanes craignent que cette situation ne perdure. "Peut-être que les femmes n’auront plus leur place dans la société", anticipe Brejnah en pleurs.