Entre 2015 et 2017, l'homme aurait fédéré autour de lui un groupe de personnes radicalisées, des hommes vivant à Genève mais aussi à Gex, dans le département de l'Ain. Il s'agit de jeunes hommes dont le souhait - exaucé pour certains - aurait été de rejoindre les rangs du groupe terroriste Etat islamique en Syrie.
Deux tentatives de départ en Syrie
Ce Franco-Tunisien aurait joué un rôle dans le départ de plusieurs membres de ce groupuscule vers la zone de guerre irako-syrienne. C'est en résumé ce que l’on peut lire dans l’ordonnance de renvoi des autorités de poursuite françaises visant cet individu.
Selon l’instruction, l'accusé aurait lui aussi essayé de se rendre en Syrie, à deux reprises durant l’année 2015. Ses tentatives ont échoué suite à l'intervention des autorités turques. De retour en Suisse, il va rester sur les radars des polices françaises et helvétiques et sera arrêté en juin 2017 dans son appartement à Meyrin. Fedpol, la police fédérale, décidera de l'expulser vers la France pour des raisons sécuritaires en décembre de la même année.
Etait-il le chef?
Pour les juges du tribunal correctionnel de Paris, l'enjeu de ce procès, après plus de quatre ans d'instruction, consiste à déterminer si cet homme était bel et bien le chef de ce groupe de radicalisés. Etait-il, comme le laisse entendre l’acte d'accusation, un leader religieux et opérationnel qui aurait encouragé et aidé des jeunes à partir faire le djihad armé en Syrie? Le tribunal devra aussi tenter de savoir s'il avait véritablement l'intention de se rendre lui-même dans la zone irako-syrienne.
L'accusé conteste la totalité des faits qui lui sont reprochés et réfute un quelconque rôle dans le départ de ce groupe de jeunes. Selon son avocat, il n'aurait pas le profil d’un recruteur. Tout au plus regrette-t-il d’avoir agi par "naïveté et imprudence" dans ses relations avec les membres du groupe. Mais il nie catégoriquement les avoir influencés. Quant aux présumées tentatives de départ vers la Syrie, le Franco-Tunisien parle de simples voyages touristiques en Turquie.
L’ancien chauffeur de taxi genevois est en détention provisoire depuis 4 ans en France, où l’a rejoint sa famille. Pour l'heure présumé innocent, il risque 10 ans de réclusion. Le verdict est attendu jeudi.
Marc Menichini/jpr/vic
"Ils ont choisi de m'enfoncer pour sortir de prison"
Dans son interrogatoire, le président du Tribunal correctionnel a abondamment cité les déclarations de certains membres de ce réseau, des propos plutôt à charge contre le Franco-Tunisien. Il y est dépeint comme un leader religieux parmi des personnes très radicalisées, partisanes du groupe Etat islamique et prêtes à quitter la Suisse ou la France pour rejoindre le groupe terroriste.
Le prévenu a vigoureusement contesté ces accusations, les qualifiant de mensonges. "Ils ont choisi de m'enfoncer pour sortir de prison", s'est-il défendu, déclarant également n'avoir vu qu'une fois certaines de ces personnes. "On ne se voyait jamais ensemble", a-t-il insisté.
Il prétend ne pas avoir eu connaissance des projets de départ pour la Syrie de plusieurs personnes de son entourage et se dit surpris d'avoir appris que certains étaient effectivement partis rejoindre Daech.
Si le prévenu s’est montré la plupart du temps courtois et précis dans ses réponses, il a parfois coupé la parole et laissé éclater son agacement à certaines questions insistantes des juges ou de la procureure, notamment concernant une photo le montrant index levé au ciel avec deux individus en Turquie, dont l'un est parti peu après rejoindre l'Etat islamique en Syrie.
Interrogé sur sa présence en Turquie, le Franco-Tunisien parle de vacances en famille et non d’une tentative de départ sur zone.
>> Le récit du début du procès dans La Matinale: