Publié

La transition énergétique est trop lente, avertit une agence internationale

La transition énergétique est trop lente, prévient l'Agence internationale de l'énergie. [KEYSTONE - Maxime Schmid]
La transition énergétique est trop lente, avertit l'Agence internationale de l'énergie / Le Journal horaire / 33 sec. / le 13 octobre 2021
"La transition est trop lente": le monde subira le réchauffement climatique s'il n'investit pas plus massivement et rapidement dans les énergies propres, a prévenu mercredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

L'agence lance "de sérieux avertissements devant la direction que le monde prend" dans son rapport annuel publié à deux semaines de l'ouverture de la COP26 de l'ONU à Glasgow.

Une nouvelle économie émerge: batteries, hydrogène, véhicules électriques, note-t-elle. Mais tous ces progrès sont contrés par "la résistance du statu quo et des énergies fossiles": pétrole, gaz et charbon forment toujours 80% de la consommation finale d'énergie, générant trois quarts du dérèglement climatique.

Tripler les investissements

A ce jour, les engagements climatiques des Etats, s'ils sont tenus, ne permettront que 20% des réductions d'émissions de gaz à effet de serre nécessaires d'ici 2030 pour garder le réchauffement sous contrôle.

"Les investissements dans des projets énergétiques décarbonés devront tripler dans les dix ans pour la neutralité carbone à 2050", a résumé le directeur de l'AIE Fatih Birol.

Alors que la crise du Covid a stoppé les progrès de l'électrification, notamment en Afrique subsaharienne, le financement des pays émergents est clé, alors qu'ils doivent s'équiper tout en évitant notamment les centrales à charbon.

Trois scénarios

L'organisme, émanation de l'OCDE chargée d'accompagner de nombreux pays, offre trois scénarios pour l'avenir. Dans le premier, les Etats continuent comme aujourd'hui: les énergies propres se développent, mais hausse de la demande et industrie lourde maintiennent les émissions au niveau actuel. Le réchauffement atteint 2,6°C par rapport au niveau pré-industriel, loin du 1,5°C garant d'impacts gérables.

Ou alors les Etats appliquent leurs engagements, notamment la neutralité carbone pour plus de 50 d'entre eux, dont l'Union européenne. La demande en énergies fossiles atteint son sommet en 2025 (via l'efficacité énergétique et un boom des voitures électriques). La hausse des températures reste à 2,1°C.

Le troisième option est la neutralité carbone pour rester sous 1,5°C, "qui demandera des efforts majeurs mais offre des avantages considérables pour la santé comme le développement économique", dit l'AIE.

afp/jpr

Publié

Risque de turbulences énergétiques

L'AIE souligne aussi que l'actuel déficit général d'investissement affecte non seulement le climat, mais aussi les prix et l'approvisionnement, promesse de "turbulences" comme le monde en connaît aujourd'hui avec les tensions post-Covid sur les énergies fossiles.

Ces dernières années, la dépréciation des prix du gaz et du pétrole a limité l'investissement dans ce secteur, quand dans le même temps la transition vers des énergies propres est trop lente pour répondre à la demande, explique l'AIE.

Investissements massifs requis

"Nous n'investissons pas assez pour répondre aux besoins futurs, et ces incertitudes nous préparent à une période volatile", a souligné le directeur de l'AIE. "La façon d'y répondre est claire: investir massivement et rapidement dans les énergies propres" pour assurer les besoins de court et de long terme.

"Une nouvelle économie de l'énergie émerge, avec un potentiel de création de millions d'emplois", dit encore Fatih Birol, qui appelle les dirigeants à la COP26 à "faire leur part en faisant des années 2020 la décennie du déploiement massif des énergies décarbonées".