Selon des témoins, plusieurs explosions ont frappé la mosquée Fatemieh, dans le centre de Kandahar, la deuxième plus grande ville du pays, au moment de la grande prière hebdomadaire du vendredi.
"Nous nous préparions pour la prière, quand nous avons entendu des tirs. Deux personnes ont pénétré dans la mosquée et ont tiré sur les gardes qui ont tiré en retour. L'un d'eux s'est fait exploser dans la mosquée, et après lui, deux autres se sont aussi fait exploser", a indiqué un employé de sécurité à la mosquée, faisant état d'un troisième kamikaze à l'extérieur de l'édifice.
Premier attentat de l'EI à Kandahar
Le groupe Etat islamique - Khorasan (EI-K) a revendiqué l'attentat-suicide. Dans un communiqué publié sur les chaînes Telegram de l'organisation djihadiste, celle-ci affirme que deux kamikazes ont mené des attaques distinctes à l'intérieur de la mosquée chiite. Il s'agit du premier attentat de l'EI-K à Kandahar, berceau des talibans.
Cette attaque survient exactement une semaine après un attentat-suicide revendiqué par l'organisation Etat islamique (EI) contre une mosquée chiite de Kunduz, au nord-est du pays, qui a fait plusieurs dizaines de victimes.
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Le responsable de la santé à Kandahar a fait état d'au moins 41 morts et environ 70 blessés. "Nous sommes débordés. Il y a trop de cadavres et de blessés amenés à notre hôpital. Nous avons un besoin urgent de sang. Nous avons prié tous les médias locaux de Kandahar de demander aux gens de venir donner du sang", a-t-il ajouté.
Vague d'attentats
Une quinzaine d'ambulances se sont rendues sur place, alors que les forces de sécurité talibanes ont été déployées aux abords du site, dont l'accès restait bloqué, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous sommes attristés d'apprendre qu'une explosion a eu lieu dans une mosquée de la confrérie chiite [...] de la ville de Kandahar, dans laquelle un certain nombre de nos compatriotes ont été tués et blessés", a tweeté le porte-parole taliban du ministère de l'Intérieur, Qari Sayed Khosti.
Depuis leur arrivée au pouvoir le 15 août, les talibans, qui font du retour de la sécurité dans le pays après vingt ans de guerre leur priorité, sont confrontés à une vague d'attentats sanglants, menés par l'EI. Sa branche locale, l'État islamique-Khorasan (EI-K), a ciblé ces dernières semaines les talibans et la minorité chiite afghane.
Défi pour les talibans
L'EI-K, groupe sunnite rival des talibans qui se présente comme le seul garant d'une vision rigoriste de l'islam, a ciblé à de nombreuses reprises ces dernières années la minorité chiite, considérée comme "hérétique" - et en particulier les hazaras.
Les talibans eux-mêmes s'en sont souvent pris dans le passé aux chiites, qui représente entre 10 et 20% de la population afghane (environ 40 millions d'habitants). Mais depuis leur arrivée au pouvoir, ils se sont dits déterminés à en garantir la sécurité.
Cette attaque, en plein fief taliban, est "un défi lancé aux talibans qui prétendent détenir le contrôle du pays", analyse Abdul Sayed, chercheur spécialisé dans le suivi des groupes jihadistes afghans pour la plateforme ExTrac. "S'ils ne peuvent pas protéger Kandahar d'une attaque de l'EI-K, comment pourraient-ils protéger le reste du pays de l'EI-K ?", ajoute l'analyste.
Dans un tweet, l'ONU a "condamné la dernière atrocité visant une institution religieuse et des fidèles" et demandé à ce que les responsables de cette attaque "rendent des comptes".
agences/lan/iar
Les ambitions de l'EI inquiètent la Russie
Le nord de l'Afghanistan abrite au moins 2000 combattants du groupe djihadiste Etat islamique, qui a l'ambition de s'étendre en Asie centrale, la zone d'influence de la Russie, a déclaré vendredi Vladimir Poutine lors d'un sommet virtuel des pays de la CEI, organisation de pays ex-soviétiques.
Le président russe a relevé qu'une multitude de groupes "extrémistes et terroristes" sont actifs dans le Nord afghan, y compris l'EI, Al-Qaida et le Mouvement islamique d'Ouzbékistan.
L'Etat islamique - Khorasan (EI-K), le groupe islamiste armé le plus radical d'Afghanistan, a revendiqué une série d'attentats destinés à déstabiliser "l'émirat" proclamé par les talibans.
La Russie s'inquiète de l'escalade des attaques, craignant que toute la région, située sur son flanc sud, puisse être déstabilisée. Moscou considère les talibans comme une organisation extrémiste mais entretient néanmoins des relations avec eux depuis de longues années.