"Nous avons effectivement réussi à nous mettre d'accord sur un document. C'est un très bon résultat, cela montre clairement qu'un gouvernement peut être formé en Allemagne", a salué le social-démocrate Olaf Scholz, probable futur chancelier en remplacement d'Angela Merkel, lors d'une déclaration à la presse avec les dirigeants des partis écologiste et libéral.
Ces trois formations politiques, aux programmes très différents, mènent depuis début octobre des discussions préliminaires pour tenter de former cette coalition inédite, sans les conservateurs d'Angela Merkel qui ont enregistré le pire score de leur histoire lors des législatives du 26 septembre.
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Limitation de la dette publique
Les trois partis ont déjà indiqué vouloir maintenir les limitations de l'endettement public inscrites dans la Constitution nationale et promis de ne pas augmenter les impôts, dans un accord préliminaire de gouvernement.
Ils partis entendent augmenter les investissements au cours des prochaines années mais "dans le cadre du frein à l'endettement constitutionnel" allemand, qui limite strictement les possibilités de déficit public, indique le texte, qui assure en outre que les principaux impôts ne seront pas relevés lors de la prochaine mandature.
Pourparlers jusqu'au petit matin
Olaf Scholz a salué vendredi "un très bon résultat". "Nous avons réussi à mener des discussions intensives jusqu'au petit matin pour mettre sur la table une proposition de coalition de réforme et de progrès afin que nous puissions réellement utiliser la prochaine décennie comme une décennie de renouveau", s'est réjouie la co-présidente des Verts Annalena Baerbok.
Ces avancées ne signifient pas encore que la coalition "Ampel" (ou feu de signalisation tricolore ), d'après la couleur de chacun des trois partis, sera formée à coup sûr et qu'Olaf Scholz succédera à la chancellerie à Angela Merkel, en poste depuis 2005.
La suite des discussions entre les partis doit permettre de mettre au point une feuille de route commune détaillée entre des formations que beaucoup oppose, notamment en termes de fiscalité, avec des libéraux opposés aux hausses d'impôts envisagées par le SPD.
agences/ami
Hausse du salaire minimum et sortie du charbon avancée
Les sociaux-démocrates ont réussi à conserver leur promesse phare de la campagne, une hausse du salaire minimum horaire à 12 euros "dès la première année", contre 9,6 euros actuellement.
Les trois partis veulent "accélérer" la sortie allemande du charbon et l'avancer à 2030 "dans l'idéal", au lieu de 2038, selon l'accord. C'est une exigence des Verts. Les partenaires prévoient également de revoir "en 2022" la loi sur le climat de l'actuel gouvernement et d'introduire "un programme de protection immédiate du climat" qui touchera "tous les secteurs" économiques.
"Souveraineté stratégique de l'Europe"
SPD, Verts et Libéraux disent vouloir "accroître la souveraineté stratégique" de l'Europe, ce qui devrait plaire en particulier à la France, qui a en fait une des priorités de sa présidence de l'UE au premier semestre 2022.
La relation transatlantique doit rester un pilier central" pour l'Allemagne. L'Otan doit être un "élément indispensable" de la sécurité du pays. Mais dans le même temps les trois partis souhaitent "une plus grande coopération entre armées européennes" notamment.
Des pays comme la Pologne ou la Hongrie sont également avertis. Les trois partis disent vouloir "une UE qui protège à l'intérieur et à l'extérieur ses valeurs et l'État de droit".
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Revendications pas toutes prises en compte
Le document propose d'abaisser à 16 ans l'âge du droit de vote pour les élections législatives et au Parlement européen. Aux élections du 26 septembre, Verts et libéraux sont arrivés en tête chez les électeurs qui votaient pour la première fois, devenant les partis préférés des jeunes.
En revanche, le document ne fait aucune mention, à ce stade, d'une promesse phare de ces deux partis: la légalisation du cannabis. Ce projet suscite la vive opposition de syndicats policiers.